«Générations 2050», nouveau plan stratégique de l'EDHEC Business School

Vaste plan d'investissement pour l'EDHEC

C'est l'un des plans d'investissement les plus ambitieux de l'EDHEC Business School : la troisième école de commerce de France selon le Financial Times, va investir 270 millions d'euros sur un plan qui s'échelonnera jusqu'en 2028. 75 millions d'euros seront investis sur le campus de Lille pour réinventer les espaces.

Le campus lillois, le plus vert de tous avec ses 500 variétés d'arbres, va être repensé. ©Hervé Thouroude
Le campus lillois, le plus vert de tous avec ses 500 variétés d'arbres, va être repensé. ©Hervé Thouroude

Sous l'appellation «Générations 2050», le nouveau plan stratégique de l'EDHEC Business School s'est basé sur trois axes : «repenser les modèles d'entreprise au service du bien commun», «former les étudiants à transformer» et «accélérer le déploiement de la finance du climat». «C'est ambitieux et optimiste. Nous voulons fortifier notre posture au service des générations futures», a annoncé Emmanuel Métais, directeur général. Résultat, un plan d'investissement de 270 millions d'euros, autour d'un budget global de 250 millions d'euros, en croissance de 45% par rapport à 2023-2024.

Parmi les ambitions de l'école, la volonté de faire émerger des entreprises dites «net positive» (qui prennent en compte les impacts sur le monde, la recherche de valeur, etc. globalement, créer du bien être à travers leurs actions au-delà du profit, ndlr) et inventer de nouveaux business models. Cela passera également par le lancement, dès la rentrée prochaine, du Centre for Net Positive Business, financé notamment par l'entreprise régionale Roquette et par Somfy, leader mondial de l’automatisation des ouvertures et des fermetures de la maison et du bâtiment.

L'objectif de ce centre : aider les entreprises à avoir un impact positif sur l'environnement, la société et l'économie mondiale. Au total, 21 millions d'euros seront investis d'ici 2028 sur le développement de l'entrepreneuriat responsable et du Centre. «Nous allons aussi déployer un 'Impact Studio' auprès des étudiants pour les former à ces méthodes et leur apprendre à créer une entreprise de ce type» complète Benoît Arnaud, directeur des programmes.

Ce vaste plan d'investissement prévoit également de muscler davantage les effectifs avec le recrutement de 100 professeurs et chercheurs sur les quatre années à venir, pour atteindre une communauté académique de 270 membres. 24 nouveaux professeurs arriveront d'ores et déjà à la rentrée 2024-2025, répartis sur les trois campus français de Lille, Paris et Nice.

Le campus lillois en métamorphose

L'établissement régional – 45 000 m2, un parc de 8 hectares et 4 500 étudiants –, à cheval entre Croix et Roubaix, bénéficiera d'une enveloppe de 75 millions d'euros, sur les 112 millions d'euros dédiés au développement des campus, via un master plan baptisé «Share & Care». «On va réinventer les bâtiments existants avec des espaces modulables mais aussi intégrer la biodiversité et ouvrir encore plus le campus sur le parc. Une agora est aussi prévue où les étudiants, les professeurs et les visiteurs pourront échanger ensemble» détaille Anne Zucarelli, directrice de l'expérience étudiante. Le campus de Nice sera lui aussi repensé avec des espaces pédagogiques et de recherche supplémentaires à horizon 2028, grâce au récent rachat d'un terrain de 7 000 m2 sur la Promenade des Anglais.

La finance du climat : une des priorités du plan

Autre axe prépondérant de ce plan : la finance du climat. «Nous avions déjà investi 20 millions d'euros dans le plan précédant et on va doubler d'ici quatre ans. La réputation de l'EDHEC est faite autour de la finance mais il faut orienter les flux financiers vers des modèles soutenables» explique Emmanuel Métais. Dans cette optique, l'EDHEC va créer la Climate Finance School pour continuer d'outiller l'industrie financière et la communauté de décideurs économiques. En somme, faire de la recherche académique une recherche applicable sur le terrain.

Emmanuel Métais, directeur général de l'EDHEC, parle d'un plan "ambitieux et optimiste".


Dans la même veine que Scientific Beta – créée en 2012 par l'EDHEC-Risk Institute, qui conçoit et commercialise des indices alternatifs d'actions cotées en bourse, aujourd'hui revendue à Singapore Exchange Ltd –, la fintech Scientific Portfolio va aider les investisseurs à analyser et à construire des portefeuilles d'actifs de manière indépendante. La startup compte déjà 20 collaborateurs et est entrée dans la phase commerciale.

20 millions d'euros seront également investis dans l'IA, avec des créations de contenus spécifiques et de la recherche appliquée dans les domaines de l'Éducation, de la diversité, du copyright ou encore des données. Ce sera aussi le cas dans le domaine opérationnel et des RH. Un nouveau centre dédié à l'IA sera lancé l'année prochaine et dès la rentrée 2024, les étudiants pourront bénéficier d'une nouvelle filière «Data science and IA for business», dans le programme Grande École, lancée en partenariat avec Orange sur le volet cybersécurité.

Si l'EDHEC peut se permettre un tel plan d'investissement, c'est que la vente de Scientific Bêta, en janvier 2020 à Singapore Exhange Ltd à hauteur de 93% du capital, a été valorisée aux alentours des 185 millions d'euros. La start-up, qui compte parmi ses clients les plus grandes institutions financières mondiales, a connu une croissance exponentielle de plus de 80% par an.

«Cette cession nous permet d'investir dans de nouvelles start-ups et de nouveaux projets. Nous avons également beaucoup développé EDHEC On line et la Fondation, qui va d'ailleurs lever 5 millions d'euros l'an prochain» complète Emmanuel Métais. Sur le budget global de la business school, trois quarts émanent des frais de scolarité, s'ensuivent les revenus de la recherche, de la taxe d'apprentissage et de la formation continue.