Edito
Valoriser la médecine du travail…
La santé est le second sujet de préoccupation des Français. Alors que les joutes électorales sont phagocytées par le pouvoir d’achat et l’immigration - dont on a parlé souvent à tout propos et de façon démagogique -, la santé, notre santé à tous, aurait sans doute mérité un meilleur et plus conséquent éclairage.
Sur ce volet sociétal, la nouvelle loi Santé au travail vient d’entrer en vigueur ce 31 mars. Dans un contexte de diminution régulière du nombre de médecins du travail, les visites de suivi des salariés du privé par les services de santé au travail sont devenues moins fréquentes. Les statistiques récentes, avant la Covid-19, notent que 39 % des salariés d’entreprise signalaient en 2019 avoir eu une visite avec un médecin du travail ou un infirmier au cours des douze derniers mois, contre 70 % en 2005. Quant à cette érosion, tant des effectifs que dans la proximité de soins, on compte en France moins de 5 000 médecins du travail, soit une densité de 7,9 pour 100 000 habitants. D’ici 2030, on devrait perdre 7 % de postes. La Lorraine a, elle, une densité, de 11,4 professionnels pour 100 000 habitants. La moyenne d’âge d’un médecin du travail est de 51 ans. 69 % sont des femmes. Face à cette décroissance d’une médecine primordiale dans la vie de l’entreprise, le législateur s’est emparé du sujet, ciblant particulièrement le manque d’attractivité relativement plus faible que les autres disciplines auprès des étudiants ayant validé le deuxième cycle des études médicales. Point positif : le CHU de Nancy figure dans le trio hexagonal des internes choisissant la spécialité Médecine et santé du travail. La récente loi Santé et Travail instaure désormais une visite médicale à la mi-carrière (45 ans) - en plus des autres visites -, un accès facilité à la téléconsultation et à la télémédecine. Également, de nouvelles conditions pour les visites de préreprise et de reprise et un passeport de prévention insérant attestations, certificats et diplômes obtenus en matière de santé et de sécurité au travail par le salarié. Au cœur du système de santé français, qui reste l’un des plus performants au monde, rappelons-le, la médecine du travail tient un rôle particulier, celui de prendre en compte la dimension humaine du salarié dans le process économique.