Vallée de la Bresle : l'industrie du verre a retrouvé la forme
Il y a un an, les chiffres étaient sans concession : l’industrie du verre, représentant 70 entreprises et environ 7 000 emplois dans la Vallée de la Bresle, connaissait une baisse historique de 30% de son activité. En cette fin d’année, tous les indicateurs sont au vert. Seul bémol, la difficulté à recruter.
Alors que la pandémie plane toujours au-dessus de nos têtes, l’économie se relève. Le secteur du verre de luxe, très impacté en particulier par la fermeture des duty free dans les aéroports, se porte bien. Les 30% de pertes enregistrés en 2020 ne sont presque plus qu’un mauvais souvenir.
Pour rappel, c’est principalement dans la vallée de la Bresle que 70 entreprises de la Glass Vallée produisent plus de 70% de la production mondiale pour la parfumerie, les spiritueux ou la pharmacie. Les plus grands noms, Guerlain, Dior, Chanel… font appel à ce savoir-faire unique.
Le luxe porte l'activité économique
«Quand l’activité repart, c’est toujours le secteur du luxe qui en profite en premier, rapporte Ludovic Krzyworzeka, secrétaire du comité de groupe et du Comité social et économique (CSE) central de Verescence à Mers-les-Bains, 780 salariés, qui a bénéficié d’aides de l’État dans le cadre de France Relance. Pour preuve, le CAC 40 est en train d’exploser. Nous avons moins souffert que les autres car nous travaillons aussi pour la cosmétique. Une cinquantaine de postes ont toutefois été supprimés et il n’y avait plus d’intérimaires. L’activité est chargée, on a rarement connu ça. Une cinquantaine d’intérimaires ont été recrutés et la direction recherche encore des trieurs/emballeurs.»
Chez Verescence Somme à Abbeville, 360 salariés, spécialisé dans les décors : «Il n’y a pas de souci particulier, il y a des investissements de 4 millions d’euros de prévus et 50 embauches vont être réalisées sur deux ans, précise Nadine Czorny, secrétaire du CSE. Ce sont des maintiens d’effectifs suite à des départs. Comme nous travaillons beaucoup pour la cosmétique, c’est cela qui a sauvé l’activité.»
Chez les sous-traitants aussi, le sourire est de mise. Bruno Douville est président du directoire de la SA Pariche à Bouillancourt-en-Sery, 115 salariés. L’entreprise assure du parachèvement sur verre (laquage, dépolissage…). Il y a un an, le moral était au plus bas mais aujourd’hui, la situation a complètement changé : «Tout est redevenu normal depuis avril, le carnet de commandes est plein jusque la fin du premier trimestre 2022, se félicite t-il. Dans toute ma carrière, je n’ai connu cela que une ou deux fois. Nous avons rattrapé 2019. Nous avons recruté facilement une trentaine d’intérimaires. Les grand groupes reconstituent leurs stocks et les nouveaux produits, suspendus durant la pandémie, sont en fabrication. Grâce à France Relance, nous avons bénéficié d’une aide de 520 000 euros pour investir dans un évapoconcentrateur, bien plus écologique et moins consommateur en énergie.»
La visibilité est revenue
Chez le trieur Serdym à Embreville, les effectifs sont de 49 salariés : «Nous venons de recruter neuf personnes, se félicite Florence Vaz Pontifice, directrice commerciale. Durant la pandémie, nous nous étions lancé dans des meubles en palettes. Aujourd’hui, nous déstockons notre showroom à moins 30% pour faire de la place. C’est reparti. Les verreries travaillent à fond. On s’y attendait avant les fêtes de l’année.»
Qui dit boom de l’activité dit recrutements, dans toute la vallée de la Bresle 150 postes resteraient à pourvoir notamment chez Pochet du Courval à Hodeng-au-Bosc. Sur son site Facebook, la Glass Vallée (24 entreprises au Conseil d’administration), la communication est de mise, notamment via des vidéos de présentation de métiers, mais cela ne suffit pas : «Ce ne sont pas les formations qui manquent. On de demande où sont les gens qui ne travaillent pas. Il est impératif de montrer la modernité de nos métiers. Nos outils de production ce n’est plus Zola. Ils reposent sur des machines numériques et ça on ne le met pas suffisamment en avant», regrette Valerie Tellier, la présidente.
«En quelques semaines, nous sommes passés de moins 30% à plus 40% car l’export a bien repris, se réjouit-elle. Durant la crise, nous avons pu compter sur le chômage partiel et le PGE. Des entreprise se sont modernisées, notamment dans l’automatisation. Il y a encore un gros travail à effectuer pour faire baisser les émissions de CO2. Nous devons faire face à une hausse des matières premières et à une marge qui continue de s’effriter. Il va nous falloir augmenter les salariés pour les garder. Heureusement, nous avons de la visibilité.»
2022 sera l’année du verre a proclamé l’Assemblée générale de l'ONU. Dans ce cadre, la Glass Vallée va mettre en place de nombreuses animations pour communiquer sur ses métiers et savoir-faire auprès du plus grand nombre, cela pourrait notamment passer par l’organisation d’un escape game.
Isabelle BOIDANGHEIN