Valdunes repris par Europlasma, une opération à haute valeur symbolique avec le soutien de l'Etat

Le tribunal de commerce de Lille a validé mercredi la reprise de Valdunes, dernier fabricant français de roues de trains, par le groupe Europlasma, une opération périlleuse mais à haute valeur symbolique pour le gouvernement...

Photo d'archives d'une manifestation des employés de Valdunes en marge de la visite d'Emmanuel Macron à Dunkerque, le 12 mai 2023 © Sameer Al-Doumy
Photo d'archives d'une manifestation des employés de Valdunes en marge de la visite d'Emmanuel Macron à Dunkerque, le 12 mai 2023 © Sameer Al-Doumy

Le tribunal de commerce de Lille a validé mercredi la reprise de Valdunes, dernier fabricant français de roues de trains, par le groupe Europlasma, une opération périlleuse mais à haute valeur symbolique pour le gouvernement, qui va mettre la main au portefeuille.

Cette reprise sera effective dès jeudi, a précisé Guillaume Ferrand, représentant de la direction de Valdunes à la sortie de l'audience en tout début de matinée.

"Il n'y a pas de fatalité à voir disparaître une filière industrielle quand sont au rendez-vous la mobilisation syndicale et la volonté politique", s'est réjouie la CGT dans un communiqué.

Le président Emmanuel Macron s'était en personne engagé à "se battre jusqu'au dernier quart d'heure pour Valdunes", érigé en emblème de la souveraineté industrielle française, après l'annonce en mai 2023 du désengagement de son actionnaire chinois MA Steel.

Une seule offre de reprise aura été formulée, celle d'Europlasma, un groupe bâti autour de la valorisation des déchets, qui a repris ces dernières années plusieurs entreprises en difficulté.

Le ministre délégué à l'Industrie, Roland Lescure, qui se rendra jeudi en fin d'après-midi à Leffrinckoucke (Nord) auprès des salariés, a promis de veiller à ce "qu'une offre de reclassement ou de formation soit proposée à chaque salarié non repris".

131 licenciements

Car la reprise de Valdunes devrait aboutir à 131 licenciements sur les 309 employés des deux sites de l'entreprise dans le Nord: la forge de Leffrinckoucke dans le Dunkerquois et l'usine de Trith-Saint-Léger dans le Valenciennois.

Une telle opération aurait été impossible sans le soutien du gouvernement, très impliqué dans le dossier, Europlasma présentant un chiffre d'affaires de seulement 14,5 millions d'euros contre 68,4 millions pour le fabricant historique de roues et d'essieux de trains, métros et tramways.

Selon Bercy, Europlasma apportera 15 millions d'euros de fonds propres sur trois ans, l'Etat jusqu'à 15 millions sous forme de prêt et les collectivités locales jusqu'à 4 millions de financement du foncier et un million de subventions.

"Ce qui est important, ce n'est pas de savoir si David rachète Goliath, c'est de savoir si on est capable d'apporter quelque chose de suffisamment structurant pour que Goliath redevienne Goliath", avait expliqué le PDG d'Europlasma, Jérôme Garnache, à la sortie d'une audience devant le tribunal de commerce fin février.

Avant de reconnaître que "le retournement de Valdunes (devait) être très rapide" parce qu'Europlasma n'est pas à même de supporter "10-12 millions de déficit chaque année".

Soi-disant bienfaiteur

Le groupe repreneur entend "transformer le modèle économique" de Valdunes pour "produire, à partir d'acier vert et d'énergie verte, des roues vertes", un projet qui suscite des interrogations au sein du personnel.

"On est inquiets par rapport à ce projet industriel. C'est comme faire de l'énergie bio avec une chaudière. On est dans l'attente des annonces", a réagi Benjamin François, gestionnaire de magasin depuis 20 ans à Valdunes, devant le tribunal.

"Il faut vraiment que l'Etat soit là pour surveiller les investissements", avait prévenu le secrétaire CGT du CSE de Valdunes, Maxime Savaux, avant la validation de la reprise par le tribunal de commerce.

"Si ça se passe comme aux Forges de Tarbes (rachetées en 2021 par Europlasma, NDLR), où ils ont promis des investissements et ils ne les font apparemment pas, ça va être compliqué", avait-il ajouté. "Mais il faut aussi laisser sa chance à Europlasma."

Valdunes "s'est fait piller, siphonner, pour en arriver à la situation d'aujourd'hui, où on aurait un soi-disant bienfaiteur", s'était pour sa part agacé le responsable de la CGT Métallurgie du Nord-Pas-de-Calais, Ludovic Bouvier, soulignant qu'Europlasma allait toucher "plus que son chiffre d'affaires en subventions".

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