Basée à Hallennes-lez-Haubourdin
Valame ouvre la voie vers le recyclage des déchets amiantés
Pour lutter contre l’enfouissement des déchets amiantés. Valame, une entreprise d’origine nordiste, basée à Hallennes-lez-Haubourdin, vient de créer une solution écologique pour leur revalorisation. L’usine prototype vient d’ouvrir ses portes en mars. Zoom sur ce projet.
En juillet 1997, le couperet tombe : l’amiante est interdit. Mais à cette date, sur les chantiers, les déchets amiantés s’amoncellent, il faut donc trouver une solution. A l’époque, l’enfouissement se révèle être la réponse la plus pragmatique, mais aujourd’hui elle pose un problème.
«Il n’est pas imaginable de se dire que nous pourrons encore enfouir les déchets amiantés au rythme actuel pendant des années. Parce que, en France, nous allons manquer de capacité à enfouir à moyen terme. Nous avons tort de penser que le sujet de l’amiante fait partie du passé. Selon les études, en France, il reste encore 40 années de désamiantage, soit l'horizon 2060», affirme Pierre-Emmanuel Lepers, dirigeant de l’entreprise Valame, installée à Hallennes-lez-Haubourdin.
A la recherche d’une solution de recyclage écologique
Face à ce constant, le dirigeant de Valame, épaulé par la PME Néo-Eco, spécialisée dans la valorisation de matériaux de construction, se lance dans une période de R&D. Il s’agit de trouver la solution écologique qui permettrait la revalorisation des déchets amiantés. Après trois ans, avec les laboratoires de l’université de Toulouse, une solution est trouvée.
«Le principe est simple. L’amiante récupéré va être trié et broyé dans une unité de recyclage. Les fibres seront ensuite attaquées à l’acide chlorhydrique pour opérer la transformation chimique, puis filtrées. Les résidus de traitement, exempts d’amiante, deviennent alors une matière première 'secondaire'», développe Pierre-Emmanuel Lepers.
En mars 2022, c’est la concrétisation : Valame, lance son usine prototype. «Après un an de conception, montages, ajustements et essais, notre usine pilote a pu accueillir ses premiers déchets amiantés provenant de chantiers de déconstruction», se réjouit le dirigeant de Valame.
Installée sur une plateforme ICPE, l’usine porterait déjà ses fruits. «Après les premiers essais grandeur nature, nous atteignons le résultat d’une disparition à 100% de l’amiante présente dans les déchets.» Au total, 637 000 euros ont été investis dans cette usine pilote.
Objectif déploiement
L’entreprise cherche maintenant à développer sa solution. «Notre objectif maintenant est de déployer le procédé. Pour cela, nous cherchons des partenaires industriels. Nous voulons nous appuyer sur des industriels qui ont les reins solides et qui ont l’habitude d’exploiter des usines de grande taille», confie le dirigeant. D’ici trois à quatre ans, l’objectif est d’avoir des unités de production qui peuvent traiter jusqu’à 15 000 tonnes de déchets annuellement, avec un coût compétitif par rapport à l’enfouissement.
A terme, l’entreprise souhaite également travailler en économie circulaire : que la poudre, obtenue après broyage et traitement à l’acide chlorhydrique, soit réutilisée. «Nous travaillons à la revaloriser pour des applications dans le BTP. A court terme par exemple, elle pourrait être utilisée dans la constitution des routes ; à moyen terme, comme matériel pour l’industrie cimentière», espère Pierre-Emmanuel Lepers.