Plates-formes expérimentales
Unilet invente les pratiques culturales de demain
Les Hauts-de-France comptent 2 000 producteurs de légumes de conserve et surgelés qui leur permettent de diversifier leurs cultures traditionnelles. La filière du légume de conserve s’est dotée d’un organisme interprofessionnel avec l’Union nationale interprofessionnelle des légumes transformés, qui l’accompagne sur le plan technique et valorise ses productions. Début septembre, elle a fait visiter une de ses plates-formes expérimentales située à Arvillers, dans l’est de la Somme.
Chaque année, les techniciens de l’Unilet font des dizaines d’expérimentation en plein champ, 5 500 collaborateurs participent à ces essais et recherches. Ces cultures de légumes représentent un tiers de la surface cultivée en France, 24 industries de transformation sont réparties dans chacune des régions, les champs cultivés ne doivent pas être éloignés de plus de 63 kilomètres de l’usine.
C’est une culture très exigeante qui nécessite une intégration très forte avec la filière industrielle. Il faut rendre les légumes plus résistants face au changement climatique, leur permettre d’éliminer les ravageurs et ce, en réduisant le recours aux produits phytosanitaires, et améliorer leur productivité.
Afin que les légumes conservent toute leur saveur et qualités nutritionnelles, il est impératif que leur mise en conserve ou leur surgélation ait lieu le jour même. Notre région cultive 80% de pois et haricots verts au niveau national : cette activité génère un chiffre d’affaires annuel de 250 millions d’euros pour les agriculteurs et 1,1 milliard d’euros pour les transformateurs. Unilet est financé à part égale de 50% par les agriculteurs et les industries de transformation.
Des pratiques plus compatibles avec les problématiques environnementales
Les techniciens travaillent sur la date des semis, leur espacement, la densité et l’irrigation de culture de pois, haricots, épinards. L’objectif est de trouver un moyen d’éradiquer entre autres le mildiou, la mouche du semis, etc. qui engendrent de gros dégâts. Ces essais pourront déboucher sur une éventuelle autorisation de mise sur le marché.
Le but est aussi de modifier les pratiques agricoles afin d’améliorer la productivité, avec des pratiques plus compatibles avec les problématiques environnementales. Des expérimentations sont menées sur l’élimination des mauvaises herbes, en privilégiant l’arrachage mécanique plutôt que de recourir aux herbicides. L’Unilet consacre aujourd’hui 75% de ses moyens à la R&D dans l’agroécologie.
À Verpillères, la cueillette d’un champ de haricots beurre s’effectue avec une machine qui ne sert qu’à cette activité, par souci d’économies, ces cueilleuses sont achetées en commun par des agriculteurs.
Cyrille Auguste, président d’Unilet et représentant chez Bonduelle, a détaillé la façon de cultiver ce champ : « Nous avons tout d’abord examiné cette parcelle, avant de décider de la mettre en culture, en calculant la période la plus propice pour l’ensemencer. La parcelle est surveillée étroitement, pour déceler s’il y a des nuisibles, s’il faut arroser etc. C’est sa première année de récolte. Il s’écoule 72 jours entre le semis et la récolte qui est faite en une seule fois, ce qui explique que parfois les machines tournent la nuit. Un hectare produit 15 tonnes de haricots, cela donne en moyenne 27 000 boîtes de conserve de 500 grammes ou 12 000 sachets de 1 kilo de haricots surgelés. Les aléas climatiques de cette année ont des répercussions sur les récoltes, car ce sont des cultures très rapides. »
Certains exploitants agricoles font aussi de l’élevage de bovins, volailles, etc. comme l’a expliqué Jean-Claude Orman, agriculteur en Bretagne, président de l’organisation des producteurs et représentant de Bonduelle chez Unilet : « Une exploitation de 133 hectares cultive en général 20% de légumes et le reste en céréales, betteraves et pommes de terre, principalement dans les Hauts-de-France. Chacun signe un engagement sur la culture du légume, le volume estimé et le prix, cela permet qu’il n’y ait aucune surprise et discussion en amont. »
Néanmoins, la profession qui est confrontée cette année aux restrictions sur l’irrigation et à l’envolée des prix des engrais, voit déjà arriver la concurrence des céréales dont les cours explosent. Cyrille Auguste président de l’Unilet a déclaré : « Il y a donc urgence à valoriser les prix et à garantir les conditions dans lesquelles les agriculteurs seront notamment amenés à irriguer leurs cultures. »
Bonduelle : un des sites phares
Déployé sur 50 hectares d’un seul tenant, avec deux usines distinctes, la mise en conserve et les surgelés, le centre de production Bonduelle est le premier site de transformation des légumes de conserve récoltés dans la région. Il emploie 900 salariés en CDI tout au long de l’année et 1 500 en pleine saison, car il faut traiter sur une période très courte d’importants tonnages, 1 200 producteurs cultivent 19 000 hectares, dix à douze tonnes de haricots sont nettoyés à l’heure, avant de partir à l’éboutage. Le tri des haricots, fins, très fins, extra fins est réalisé par un laser optique.
La sécurité alimentaire est le premier objectif de l’entreprise. Dix à 12 000 analyses microphysiques sont réalisées chaque année, ce sont des contrôles PCR, un contrôle qualité toutes les demi-heures est réalisé en moins de dix minutes pour les surgelés.
L’usine d’Estrées-Mons produit chaque année 220 millions de boîtes, vendues dans 39 pays. Éric Ternisien, directeur de l’unité de surgélation détaille le processus : « Le fait de les congeler très vite limite la présence de cristaux de glace. Ce procédé permet aussi aux légumes de conserver toutes leurs propriétés et de stopper tout éventuel développement microbiologique. »
La production tourne en 3/ 8, 7 jours sur 7 pendant la haute saison. Les surgelés sont stockés dans une chambre froide de 24 mètres de haut, qui accueille 44 000 palettes vidées en 23 jours. Les surgelés représentent aujourd’hui 53% de la production, avec l’arrivée sur le marché de produits nouveaux comme les poêlées ou les petits pâtés de légumes. Un foyer français sur deux achète du Bonduelle.