UniCredit et Commerzbank : les noces semblent encore lointaines

Un feuilleton financier qui a de l'avenir : Unicredit a estimé mercredi qu'une décision sur un éventuel rachat de sa concurrente Commerzbank pourrait prendre environ un an, alors que la...

La Tour Unicredit à Milan, le 9 juillet 2019 © Miguel MEDINA
La Tour Unicredit à Milan, le 9 juillet 2019 © Miguel MEDINA

Un feuilleton financier qui a de l'avenir : Unicredit a estimé mercredi qu'une décision sur un éventuel rachat de sa concurrente Commerzbank pourrait prendre environ un an, alors que la banque allemande entend défendre son indépendance.

Le PDG du groupe italien, Andrea Orcel, a confirmé son intérêt pour son rival de Francfort, tout en prévenant qu'il faudra "discuter avec toutes les parties prenantes" de Commerzbank "avant d'aller plus loin".

Le processus "prendra un certain temps", a-t-il dit lors d'une conférence avec des analystes, sur ce qui pourrait être l'une des fusions les plus ambitieuses en Europe depuis la crise financière de 2008. La décision "ne sera pas prise avant un an".

Deux mois après l'irruption inattendue de l'italienne à hauteur de 9% au capital de la deuxième banque allemande, les deux établissements continuent de se jauger. 

Un premier échange informel a eu lieu début octobre, et Unicredit a tout récemment lancé une invitation à Commerzbank pour "reprendre le dialogue", a indiqué mercredi la toute nouvelle présidente du directoire de Commerzbank, Bettina Orlopp, lors d'une conférence téléphonique.

Cet échange devrait avoir lieu dans les prochains jours, selon Mme Orlopp, qui a ajouté qu'il est "naturel" de parler avec les grands actionnaires de l'établissement. 

Sur le papier, "nous restons concentrés sur notre stratégie (de banque) indépendante, car aucune offre n'est sur la table", a martelé la dirigeante.

Ce qu'a aussi souligné M. Orcel, tout en estimant que son établissement ne restera pas "un investisseur pour toujours sans prendre une décision".

La banque milanaise reste en embuscade, en attendant l'approbation de la Banque centrale européenne (BCE) pour augmenter sa participation à 21 %, et elle vise déjà au-delà, jusqu'à 29,9 %, juste en deçà du seuil déclenchant une offre de reprise.

Objectifs relevés

Hasard du calendrier les deux groupes ont publié mercredi leurs résultats financiers du troisième trimestre: UniCredit a vu son bénéfice net grimper de 8,2% à 2,5 milliards d'euros, tandis que Commerzbank a enregistré un solde net de 642 millions d'euros, en recul de 6%. Tous deux ont fait mieux qu'attendu par les analystes. 

Cela a amené les deux établissements à revoir en hausse leurs prévisions annuelles: Commerzbank a de nouveau relevé la barre côté recettes, grâce à des bonnes rentrées de commissions qui vont plus que compenser un recul annuel sur les produits d'intérêts, et elle vise un bénéfice net "record" à 2,4 milliards d'euros. 

UniCredit a aussi relevé sa prévision de chiffre d'affaires annuel, à 24 milliards d'euros et a confirmé viser un bénéfice net à plus de 9 milliards d'euros, qu'il avait revu en hausse en septembre.

Commerzbank, sauvée par l'Etat allemand en 2008, a accéléré ces dernières années son virage numérique et réduit ses effectifs. La banque de détail et de crédit aux entreprises a pu ainsi augmenter ses bénéfices, tirés aussi par la hausse des taux en 2022 et 2023. 

Pour renforcer l'indépendance de Commerzbank en offrant aux investisseurs une perspective attrayante, les objectifs à moyen terme avaient déjà été relevés en septembre, avec un bénéfice net attendu supérieur à 3 milliards d'euros d'ici 2027. 

Commerzbank va aussi démarrer une campagne de rachat de ses propres actions sur le marché, pour environ 600 millions d'euros, ce qui fera mécaniquement monter le titre. Une autorisation pour lancer une deuxième tranche de 400 millions d'euros a été déposée auprès de la BCE, a-t-il été précisé mercredi.

Un département de fusions-acquisitions, dirigé par un cadre maison, va en outre être mis sur pied en décembre pour stimuler la croissance externe.

Naïveté" de Berlin

Le gouvernement italien est plutôt favorable à un rapprochement pour former un champion bancaire européen, contrairement à la chancellerie allemande qui y voit une menace. 

Or, fin octobre, M. Orcel avait souligné sa "volonté de ne pas entrer en conflit avec le gouvernement allemand", selon des représentants de syndicats européens.

Berlin est de son côté critiqué dans les milieux politiques sur sa "naïveté" lors de la mise sur le marché d'une partie de sa participation dans Commerzbank, ramassée en intégralité par Unicredit.

La banque milanaise avait déjà réussi en 2005 une prise de taille en Allemagne avec le rachat de la banque bavaroise HypoVereinsbank. 

Depuis 2021, Andrea Orcel a privilégié la croissance interne, sans exclure des acquisitions mineures, comme celle d'Alpha Bank Romania, annoncée lundi.

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