Finance verte : une vague éthique ou d’illusion ?

Découlant d’une tendance internationale montant en puissance depuis une dizaine d’années, le concept de finance verte gagne le local. Les TPE et PME de Meurthe-et-Moselle vont-elles s’engager plus en avant dans cet investissement ? Un marché est né. Il semble avoir toutes les vertus. À jauger à l’échelle du temps avec pondération… Profit et écologie peuvent-ils faire un mariage heureux… pour la planète et notre santé ?

La finance ne saurait être absente des colossaux enjeux environnementaux.
La finance ne saurait être absente des colossaux enjeux environnementaux.

Il faudrait faire partie de la phalange des irréductibles climato-sceptiques pour ne pas voir les effets du changement de climat. On les mesure tous les jours. La communauté scientifique tire le signal d’alarme. Avec l’engagement des États, souvent à marche forcée, à limiter le réchauffement climatique, des efforts doivent impérativement être réalisés à tous les niveaux. La finance ne fait pas exception. Dans ce contexte est apparue le process de finance verte. Laquelle entend lier l’activité des acteurs économiques en termes d’investissement et une démarche respectueuse de l’environnement. Pas simple à l’heure d’un monde globalisé et d’un capitalisme souvent exacerbé. Car, nous ne leurrons pas. Sur les marchés financiers, la règle du jeu est avant tout de gagner un maximum d’argent et de ne pas laisser filer les profits, investissement vert ou pas. La bataille éthique et écologique n’est pas gagnée d’avance. Et pourtant… Manque d’eau, inondations, famine, prolifération des maladies… les conséquences du réchauffement climatique rappelées par les experts internationaux ont tout du film catastrophe. Localement, de plus en plus de citoyens souhaitent agir concrètement à leur échelle. On trouve là également des dirigeants de TPE, PME, investis sincèrement sur nos territoires. La finance verte ne s’adresse pas seulement aux fonds spéculatifs. L’outil le plus connu en termes de finance verte est l’obligation verte. Son émission doit répondre à la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité, la réduction de la pollution de l’eau, de l’air et du sol et l’adaptation au changement climatique.

Le rôle de l’économie de proximité

Ce sont essentiellement les pouvoirs publics, la Banque mondiale et les banques de développement qui jouent un rôle prépondérant dans ces obligations vertes qui représentent un levier majeur pour financer de nouveaux projets environnementaux. Les investisseurs adoptent eux ce type de produit financier pour répondre aux attentes des épargnants désireux de rendre plus vertueuse leur épargne. Ils peuvent également sélectionner des entreprises sur des critères environnementaux via des fonds verts et après avoir mesuré l’empreinte carbone de leurs portefeuilles, désinvestir les entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre ou les plus à risques en matière environnementale. En 2008, la Banque mondiale fut la première à émettre des obligations vertes visant à financer des projets favorables à l’environnement. Elle essuya les plâtres, son initiative fut accueillie avec un certain cynisme. 14 ans après des débuts hasardeux, la finance verte monte en puissance. Tous les acteurs économiques ont les cartes en main pour amplifier cet essor. L’économie de proximité y a toute sa place et sa responsabilité : le commerçant, l’artisan, la TPE, la PME. L’Alliance mondiale pour l’investissement durable assure que les actifs classés «durables» représentaient, fin 2019, 30 000 Mds€ à travers l’Europe, les États-Unis, le Japon, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande. Soit près de 40 % de tous les fonds gérés professionnellement. De zéro, il y a une décennie, plus du tiers du monde de la finance serait désormais consacré à la transition climatique et à une gouvernance plus raisonnée et maîtrisée. Espoir donc, mais pas crédulité. La multiplication des produits verts, à l’image de la vague bio et le créneau des énergies renouvelables, a créé un marché nouveau et lucratif. Pour en mesurer toute l’efficience, il est impératif de séparer le bon grain de l’ivraie, de structurer l’offre et de la réguler par des critères qualifiants. Par cette voie, un autre monde financier est possible…