Une tache brunâtre au centre du procès d'une mère pour le meurtre de ses filles handicapées

La cour d'assises du Gers s'est penchée mardi, au deuxième jour du procès en appel d’une mère pour le meurtre de ses deux filles polyhandicapées disparues fin 2016, sur l'analyse d'une tache...

La cour d'assises du Gers s'est penchée mardi, au deuxième jour du procès en appel d’une mère pour le meurtre de ses deux filles polyhandicapées disparues fin 2016, sur l'analyse d'une tache brunâtre découverte dans la chambre des adolescentes © Damien MEYER
La cour d'assises du Gers s'est penchée mardi, au deuxième jour du procès en appel d’une mère pour le meurtre de ses deux filles polyhandicapées disparues fin 2016, sur l'analyse d'une tache brunâtre découverte dans la chambre des adolescentes © Damien MEYER

La cour d'assises du Gers s'est penchée mardi, au deuxième jour du procès en appel d’une mère pour le meurtre de ses deux filles polyhandicapées disparues fin 2016, sur l'analyse d'une tache brunâtre découverte dans la chambre des adolescentes.

C’est cette tache, présentant l’ADN d’une des deux filles, qui avait conduit, en janvier 2018, à la mise en examen de Naïma Bel Allam, aujourd'hui âgée de 57 ans, pour "homicides volontaires aggravés", alors qu’elle avait, dans un premier temps, été poursuivie pour "délaissement de mineures".

En l’absence de corps, et alors que l'accusée continue d'affirmer que ses filles sont vivantes, l'existence de cette grande tache sombre d’un mètre sur quarante centimètres sur le parquet du domicile de Nérac (Lot-et-Garonne) représente un enjeu décisif.

Mais la cour s’est heurtée aux limites de l’analyse scientifique. 

Concernant la surface extérieure de la tache, "la recherche chimique de sang est négative", a affirmé en visioconférence le professeur Christian Doutremepuich qui dirige le laboratoire d'hématologie médico-légale de Bordeaux.

Il a toutefois expliqué que la composition de la tache avait pu être "altérée" par un nettoyage intensif. De très nombreux produits détergents, dont de l’eau de Javel, avaient été retrouvés dans la chambre des deux filles, âgées de 12 et 13 ans lors de leur disparition en décembre 2016.

S’il est impossible d’établir la présence de sang, l’analyse de la tache a permis d’identifier l'ADN des deux adolescentes, puisque des cellules de la peau ont été retrouvées, a précisé l'expert.

Possible trace de sang

"Inès et Nawal étaient polyhandicapées, et se déplaçaient uniquement sur les fesses", a fait valoir l’avocat de la défense, Jean-François Renaudie.

Menée par l’Institut de recherche criminelle de la  gendarmerie nationale (IRCGN), la morphoanalyse d’une tache présente cette fois sous les lattes du parquet a conclu que l'existence "d’une trace de sang mélangée à d’autres liquides pouvait être soutenue".

En première instance, l’accusée avait argué que ses filles se blessaient souvent avec des échardes. L’ADN d’Inès, la fille aînée de l’accusée, et celui d’une ancienne locataire ont été identifiés sur cette tache.

"Je trouve qu’il y a des choses bizarres dans ce dossier", a déclaré l’accusée. "Mon avocate avait dû faire des pieds et des mains pour obtenir l’identité de la personne dont l’ADN avait été retrouvé sous les lattes. Pourquoi le ministère (public) ne fait pas l’effort d’enquêter dans tous les sens du terme ?", a interpellé Naïma Bel Allam. 

Apparaissant à la fois concentrée et détendue, la main soutenant son menton, l’accusée n’a montré aucun signe de tristesse durant l’audience.

Disparition inquiétante

Elle n’a pas non plus manifesté de défaillance quand un expert informatique a dévoilé à la cour le contenu de son ordinateur portable, compilant de nombreuses requêtes internet pendant plusieurs mois en 2017, avec des mots-clés comme "avis de recherche", "disparition inquiétante", "mineures disparues" ou encore "Interpol". 

Placée sur écoute, Naïma Bel Allam avait affirmé avoir "fait une connerie" et "regretter son geste" d’avoir confié ses filles à une inconnue rencontrée sur une aire d’autoroute, dans une conversation avec sa sœur lue à l’audience par la présidente de la cour d’assises. 

Cette ex-comptable d'origine marocaine avait initialement déclaré avoir confié ses filles à un couple de Marocains sur une aire d'autoroute en Espagne, une version démentie par les enquêteurs. 

Lors du procès en première instance, du 17 au 20 juin 2024, elle a déclaré les avoir remises à un "groupe d'amis" dont elle aurait fait la connaissance en 2015 au Maroc.

Naïma Bel Allam avait été condamnée en première instance par la cour d'assises du Lot-et-Garonne le 20 juin 2024 à 14 ans de réclusion criminelle. Son procès à Auch pour "meurtres sur mineurs de 15 ans et personnes vulnérables" doit durer jusqu'à jeudi.

Mercredi, elle doit être interrogée dans l'après-midi, après la présentation des résultats d'examens psychiatriques et psychologiques de l'accusée et avant les plaidoiries des parties civiles.

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