Une start up de l'Oise crée une prothèse du pied révolutionnaire
Revival Bionics est en train de bouleverser le monde du handicap. Installés au Parc technologique des Rives de l'Oise, à Venette, Guillaume Baniel et Nathan Girard ont créé une prothèse de pied active, avec des technologies de pointe, atteignant un produit au plus proche des caractéristiques biomécaniques du pied humain. Revival Bionics s’appuie sur les derniers progrès technologiques en biomécatronique pour le retour d'une sensation oubliée des personnes amputées ou paralysées du membre inférieur.
C'est une technologie de rupture et les
deux ingénieurs, co-fondateurs de Revival Bionics, viennent de
mettre au point et en forme leur ambition, après trois ans de
recherche et développement. Cette prothèse de pied active, c'est-à
dire propulsive, pourrait devenir le deuxième
produit commercialisé dans le monde... mais la start-up
isarienne se détache des recherches mondiales actuelles tant le
produit est technologique, ergonomique et esthétique et
silencieux.
« Cette prothèse est active
et propulsive, ainsi elle limite les compensations couteuses pour la
santé des patients, explique Guillaume Baniel, ingénieur
et CEO, ancien élève de l'Université
de technologie de Compiègne, à l'origine de ce projet. L'objectif
est de se rapprocher des caractéristiques biomécaniques du pied
humain, même si aujourd'hui ce n'est pas possible d'atteindre les
100%. Sur le marché, les prothèses sont passives, c'est-à-dire
qu'il y a une compensation du patient, donc un effort supplémentaire
à faire. L'idée est que le mouvement soit le plus naturel
possible. »
Cette invention est une prouesse
technologique tant inventer une prothèse de pied active est
difficile. Car la cheville est l’articulation
la plus puissante du corps et le tendon d’achille supporte jusqu’à
quatre fois le poids du corps. « Cette prothèse est
le fruit de travaux poussés de miniaturisation, de maximisation de
l’autonomie et de la performance biomécanique, permettant de se
rapprocher au plus près de la marche », continue le
fondateur qui s'est associé, en 2021, à un autre ancien élève de
l'UTC, Nathan Girard, quant à lui
ingénieur dans la robotique (avec un double diplôme à
Polytechnique de Montréal) devenu CTO
chez Revival Bionics.
Le défi de l'intégration relevé
Cette technologie basée sur le mouvement est aussi remarquable car la dextérité et la puissance doivent être recréées. Et Revival Bionics a relevé le défi de l'intégration technologique : mettre en place toutes les technologies nécessaires dans la dimension du pied. Ils ont réussi là où le autres ont échoué : placer la batterie à l'intérieur de la prothèse. « Au niveau de la prothèse du pied l'intégration est complexe, nous nous appuyons sur les derniers progrès technologiques en biomécatronique qui permettent de mieux comprendre le mouvement de la cheville, précise Nathan Girard. Les initiatives actuelle sont plus encombrantes et les batteries sont moins capacitaires et parfois même déportées à la hanche et dans un sac à dos. »
Celle de Revival Bionics intègre aussi
un moteur et une transmission pour reconstituer le mollet, un ressort
pour remplacer le tendon d'Achille, une batterie pour compenser la
dépense métabolique et une carte électronique pour recréer le
contrôle du cerveau. Grâce à leur invention –
qui a fait l’objet d’un brevet déposé - les deux
ingénieurs rivalisent avec les plus grands chercheurs mondiaux dans
ce domaine.
Si cette prothèse est technologique,
ergonomique et esthétique, elle est aussi fabriquée avec les
matériaux les plus performants du marché. À l'instar de la fibre
de carbone utilisée pour la semelle, elle-même utilisée pour le
Solar Impulse (premier avion à avoir effectué un tour du monde sans
carburant ni émission polluante pendant le vol). Les pièces du
châssis sont en aluminium aéronautique combinée à un alliage de
titane, « pour supporter des efforts
importants », explique Nathan Girard,
précisant que « même la recherche des matériaux est une
recherche fine et complexe. »
Future commercialisation
Toutes ces recherches sont faites pour
le bien-être des personnes amputées ou paralysées du membre
inférieur. Guillaume Baniel est parti de son expérience
personnelle, étant lui-même paralysé d'un membre inférieur.
Passionné de technologie, il a souhaité contribuer à la recherche.
« En me renseignant, j'ai vu qu'il n'y avait pas de prothèse de
ce genre, raconte-t-il. Et 750 000 personnes sont concernées
dans le monde. » Et ces recherches ont très vite été
remarquées : Revival Bionics intègre rapidement Eurasante à
Lille et Iterra plus localement. La start-up
est la première à ramener un Grand Prix I-Lab en Hauts-de-France
depuis la première édition du concours en 1999.
La suite ? Les deux associés
vont maintenant passer aux étapes suivantes. La première sera une
levée de fonds pour réunir la maquette conceptuelle et le
démonstrateur fonctionnel. En 2024, suivront les étapes de
l'homologation et de la commercialisation, avec à la clé une
dizaine de salariés embauchés. Les
co-fondateurs déjà en lien avec le monde médial souhaitent
poursuivre leur collaboration avec les spécialistes.
Mais les deux talentueux ingénieurs ne comptent pas en rester là. L'avenir des prothèses pour les membres inférieures, actives et propulsives, sont leur grand combat technologique et moral.