Une spécialiste dans la confectiond’escaliers de châteaux
Menuisier, Hugues Le Blanc a créé les Ateliers d’Artois en 1998. Au fil du temps, il s’est notamment spécialisé dans la réalisation d’escaliers dans des bâtiments anciens. Un domaine dans lequel cet ancien compagnon peut s’épanouir totalement et laisser exprimer son savoir-faire.
Une matière noble que l’homme a de tout temps travaillé et transformé, c’est ainsi que Hugues Le Blanc définit le bois. L’intéressé a embrassé la profession de menuisier il y a plus de 30 ans, intégrant les Compagnons du devoir. “A l’époque, j’étais jeune et indécis, j’ai choisi la formation qui me plaisait le plus. Je me suis engagé sur la voie qui m’offrait le plus de liberté : je conçois, je fabrique. Lors de mon parcours, j’ai effectué un tour de France qui a duré huit ans, je suis passé chez différents artisans dans les villes de Reims, Strasbourg, Angers, Paris, Toulouse ou encore Quimper. Une telle expérience marque forcément, j’ai beaucoup appris pendant toutes ces années, c’était passionnant”, confie Hugues Le Blanc.
Son périple achevé, notre homme n’est pas pour autant décidé a regagné le bercail (ndlr, il est originaire du Pas-de-Calais et plus précisément du secteur de Bapaume) et décide de s’envoler vers l’île de la Réunion où il devient chef d’atelier puis fonde sa propre société. En 1998, il choisit de revenir sur ses terres natales : “J’ai intégré une entreprise puis j’ai choisi de créer ma société à Linzeuxn, dans le Ternois.”
Du compagnonnage à la création d’entreprise. Evoluant dans un secteur d’activité très concurrencé, Hugues Le Blanc s’est spécialisé dans un marché de niche, optant pour la réalisation d’escaliers sur mesure. “Nous ne faisons pas que cela mais disons que nous parvenons dans ce domaine à produire de bonnes choses. On essaie de fabriquer ce qu’on ne peut pas trouver dans le commerce. Nous fonctionnons de manière traditionnelle, nous disposons d’un outillage complet mais n’utilisons pas de machines à commande numérique. Les techniques sont ancestrales”, souligne-t-il. En effet, dans cet art permettant de se démarquer, les Ateliers d’Artois excellent entre autres dans la restitution de l’ancien.
Hugues Le Blanc peut exprimer la pleine mesure de son talent et transmettre son savoir à ses trois employés. Dans une profession qui a tendance à se raréfier, passer le flambeau représente un élément primordial aux yeux de notre menuisier. Progressivement son enseigne s’est taillé une solide réputation et Hugues Le Blanc est souvent sollicité pour la construction d’escaliers dans des châteaux, comme l’explique l’intéressé : “Dernièrement, nous avons travaillé dans les Ardennes. Nous avons recréé un escalier en mauvais état à l’identique. Je suis allé sur place, j’ai récupéré des pièces et nous avons reproduit dans nos ateliers une copie conforme à l’original.”
La méthode utilisée se veut ancestrale. Qualité essentielle, il faut posséder le coup d’oeil, visualiser les choses. La tâche commence par la prise de cotes. Hugues Le Blanc réalise toujours une ébauche sur papier à l’échelle 1/10e. Puis vient l’étape de l’épure. Il s’agit de bâtir une maquette papier, grandeur nature, de ce que sera l’escalier mais vue de dessus : “A partir de là, on peut concevoir et assembler les morceaux.” Chaque projet est unique et relève à chaque fois du casse-tête. Il faut savoir user de trésors d’ingéniosité.
Un savoir très prisé. S’il a gagné ses lettres de noblesse dans le Nord-Pas-de-Calais, en reconstituant des escaliers dans des châteaux comme ceux de Créquy ou Buire-le-Secq, Hugues Le Blanc a su aussi exporter ses services vers d’autres régions de France. “La réussite de l’entreprise passe par la mobilité. De plus en plus, nous sommes sollicités en région parisienne, nous intervenons sur de vieilles bâtisses mais aussi des hôtels. Nous collaborons parfois avec des architectes ou décorateurs, ils n’hésitent pas à faire appel à nous sur les chantiers délicats. Nous savons nous adapter aux contraintes.”
Le siège de l’entreprise se situe à Linzeux mais depuis ce début d’année, l’atelier a migré sur le secteur de Bapaume. C’est là que se trouve le centre névralgique de l’activité et le lieu où naissent les créations des Ateliers de l’Artois. Au bois vont parfois s’allier la fonte, le fer forgé… “Nous ne consacrons pas exclusivement notre temps à l’ancien. Il faut s’adapter à la mode, à la demande et, en conséquence, nous devons manier de multiples matières.” S’adapter signifiant de remettre 20 fois l’ouvrage sur le métier. Une maxime qui a depuis longtemps guidé les pas de Hugues Le Blanc.