Une rénovation énergétique à Méru financée de façon atypique
Vasco, une entreprise qui finance des travaux en échange d’une quote-part du bien, va permettre à une propriétaire de Méru, exclue du circuit de crédit bancaire classique, de réaliser malgré tout son projet.

Début 2025, Chantal Kpodar acquiert une maison à Méru. Construite dans les années 70, elle a été globalement bien entretenue par les anciens propriétaires qui l’ont isolée par l’extérieur, équipée de double vitrage et d’une pompe à chaleur. «J’avais juste prévu quelques travaux d’aménagement», se souvient cette mère de trois enfants. Mais cet hiver, la famille déchante : la température dans les chambres du premier étage est glaciale. «Ce n’était pas tenable», poursuit-elle.
Peu convaincue par les devis, elle fait appel à un accompagnateur Rénov’ indépendant. Celui-ci établit un diagnostic détaillé et un scénario de travaux. Seul problème, le chantier est estimé à 60 000 euros. Si la propriétaire peut bénéficier de 42 000 euros d’aides, il lui reste 28 000 euros à financer. «En tant que jeune entrepreneuse, je n’avais pas accès au crédit bancaire… J’ai donc cherché des solutions», explique-t-elle. Elle découvre alors Vasco, une entreprise créée à Bordeaux, qui finance ce type de projet en échange d’une part du bien immobilier.
Un accompagnement sécurisant
«Ils ont été très réactifs. J’ai expliqué ma situation, transmis les pièces demandées, puis un expert immobilier indépendant est venu estimer la maison», raconte Chantal Kpodar. D’abord réticente à céder 15 % de sa maison, elle s’y est vite résolue. «J’ai dix ans pour racheter cette part, et contrairement à un prêt, c’est très flexible, je rembourse à mon rythme et quand je le souhaite», résume-t-elle. Son dossier doit encore être étudié par un notaire avant le début des travaux. «Tout est très encadré, ce qui est rassurant», souligne-t-elle. En 2024, Vasco a reçu 1 000 demandes. «Une quinzaine ont été financées et une centaine de dossiers sont en cours. Notre objectif est d’en financer une centaine en 2025», précise Sébastien Prot, cofondateur de Vasco.
Une initiative d’utilité sociale
Avec ses associés Mathieu Guerchoux et Hervé Degreve, Sébastien Prot est parti du constat que trois obstacles freinent la rénovation énergétique : le manque de structuration du réseau d’artisans, la complexité de l’accompagnement des particuliers et le financement. «Si des solutions existent pour l’accompagnement et les artisans, sur le financement, il y a encore peu d’innovations. Beaucoup de ménages n’ont pas accès au crédit bancaire, mais possèdent un patrimoine. Pourquoi ne pas l’utiliser pour financer leur rénovation ?», analyse-t-il.
Agréée entreprise solidaire d’utilité sociale, Vasco a obtenu le label Finansol et noué des partenariats avec Izi by EDF et Urbanis. «Nous voulons créer un écosystème de confiance. Ceux qui nous contactent sont convaincus par notre modèle, mais il faut toucher les ménages modestes qui n’osent même pas envisager un proje », explique Sébastien Prot. Pour se développer, Vasco mise aussi sur la collecte de capital. «Nous avons encore besoin de nous faire connaître, mais notre modèle est équilibré et gagnant à tous les niveaux : c’est un investissement d’avenir, utile socialement et environnementalement», conclut-il.