Conjoncture

Une rentrée sous le signe de l’effort...

La «trêve» olympique refermée, cette fin d’été nous rappelle les difficultés que notre pays va devoir affronter. Elles sont nombreuses, notre endettement public en tête. La vitalité de notre tissu économique passe par ses entreprises, lesquelles sont, plus que jamais, au cœur d’enjeux sociétaux majeurs. Courage partagé et sens du collectif : une vision pragmatique et réaliste, plutôt qu’utopique ou apocalyptique, est le premier pas.

En cette rentrée incertaine, les entreprises ont besoin de clarté quant au cap économique hexagonal à tracer et à tenir.
En cette rentrée incertaine, les entreprises ont besoin de clarté quant au cap économique hexagonal à tracer et à tenir.

Procrastiner ou selon les expressions consacrées, «mettre la poussière sous le tapis», «faire l’autruche». Voilà une attitude qui peut soulager quelques instants, mais n’empêche en rien la réalité des problèmes à résoudre de revenir au galop. C’est valable à titre individuel comme à l’échelle collective. La «trêve» olympique refermée, «la parenthèse enchantée» désormais figurant au rang des souvenirs d’un bel été, le retour au réel est là. Remarquez, olympiades ou pas, c’est toujours un peu le même rituel. La période estivale s’étiolant, une certaine nostalgie et un blues latent ont tendance à s’installer. De courte durée, car dès les premières heures de septembre, la vie urbaine et trépidante reprend son cours. Dans la torpeur de l’été, on a pu avoir l’impression d’une sorte d’apaisement. Après la séquence politique difficile des élections européennes et législatives, le climat anxiogène créé par une succession de crises, ce moment de respiration a représenté un moyen de faire descendre la pression, d’apaiser les esprits. Pourtant, notre pays demeure plus que jamais une cocotte-minute où les urgences s’accumulent. En matière économique, en particulier, la situation actuelle étant préoccupante. Nos entreprises évoluent dans un contexte incertain, avec en toile de fonds, leurs investissements et le pouvoir d’achat des ménages. Alors que les inquiétudes légitimes sur le poids de notre endettement public se multiplient, on rappellera que la dette n’est soutenable qu’à cette condition que la France soit capable de dégager durablement de la croissance. De plus ou moins bonnes recettes de l’État et de notre système de protection sociale dépend la limitation de déficits que nous ne pouvons plus laisser s’aggraver. Ces recettes sont directement liés à la vitalité de notre tissu économique, c’est-à-dire de nos entreprises qui font l’attractivité de nos territoires.

Choix de société

Habitués que nous sommes à tout juger du point de vue du secteur public, biberonnés à l’État providence, il nous faut prendre conscience que tout ou presque repose sur la bonne santé de nos entreprises. Ainsi, quand on parle de partage des richesses, n’est-il pas plus logique par commencer à créer de la richesse ? Compliqué de redistribuer de l’argent que l’on n’a pas. On le sait, ce n’est pas nouveau. La France vit au-dessus de ses moyens. Ses déficits sont parfois justifiés. Les dépenses importantes de l’État durant la pandémie ont sauvé de nombreux commerçants et entreprises. Mais, dans l’ensemble, ils servent à financer la consommation, préparant peu l’avenir. La dette publique - notre dette à tous - est passée de 30 % à 110 % du PIB en 40 ans. Ne soyons pas dans le déni continuel. Nous savons par exemple tous qu’une réforme des retraites est nécessaire. L’équilibre du régime nécessite, soit des cotisations plus élevées, soit des retraites plus faibles, soit un allongement de la durée du travail. Le choix entre ces trois est un choix de société. On ne peut pas tout avoir. Quant à nos atermoiements politiques, les marchés ne s’y sont pas trompés et les taux sur les emprunts à 10 ans de la France commencent à grimper. Cette année, il faut 20 Mds€ d’économies, l’an prochain, 30 Mds€. Avant la dissolution de l’Assemblée nationale, les parlementaires avaient lancé une commission d’enquête sur la dette avec en filigrane plusieurs réformes : assurance chômage, fonction publique, audiovisuel public. La rentrée frappe à nos portes. Nous en sommes donc là. Nous reprenons le lourd fardeau laissé en répit durant les Jeux olympiques. Il faudra un chemin de courage. L’effort ne pourra être que collectif. Cela passe par l’investissement et libérer réellement les entreprises, particulièrement sur les plans administratif, normatif et fiscal.