Une rentrée scolaire malgré le grand "flou" pour l'Education nationale
Après deux ans d'une instabilité ministérielle inédite rue de Grenelle, l'Education nationale s'apprête à vivre une rentrée dans l'incertitude avec une ministre Nicole Belloubet, membre d'un gouvernement démissionnaire, en sursis et un "flou" sur...
Après deux ans d'une instabilité ministérielle inédite rue de Grenelle, l'Education nationale s'apprête à vivre une rentrée dans l'incertitude avec une ministre Nicole Belloubet, membre d'un gouvernement démissionnaire, en sursis et un "flou" sur le cap de la politique éducative.
Réunion des recteurs lundi suivie le lendemain par la traditionnelle conférence de presse de rentrée, pré-rentrée des enseignants vendredi, l'Education nationale donne le coup d'envoi de la nouvelle année scolaire avant la rentrée de quelque 12 millions d'élèves, le 2 septembre.
Mais si l'année dernière, Gabriel Attal alors en poste au ministère de l'Education avait fait de la rentrée 2023 avec l'interdiction de l'abaya, le prélude à une série de mesures annoncées à un rythme effréné, la rentrée 2024 s'effectuera dans l'incertitude des lendemains avec une ministre sur le départ.
Rue de Grenelle, on assure que "le contexte politique ne doit pas impacter la rentrée scolaire des élèves".
"Nicole Belloubet mobilisée depuis plusieurs mois pour la préparer, en présentera les grandes priorités. C'est la rentrée qu'a préparée Nicole Belloubet", martèle le ministère auprès de l'AFP.
"C'est une rentrée qui est quand même très étrange" et "un peu suspendue, dans l'attente d'arbitrages et de décisions politiques, alors qu'en fait, il n'y a plus le temps d'attendre, vu l'état de l'école", oppose Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées).
Grégoire Ensel, vice-président de la Fédération de parents d'élèves FCPE évoque lui une "situation inédite". La rentrée est selon lui un "moment fort de dialogue, de démarrage qui donne un tempo pour l'année". Il souhaite un futur ou une future ministre "qui dialogue, apaise, construise et qui soit présent pour longtemps".
Après le long passage de Jean-Michel Blanquer (2017-2022) au ministère, l'Education nationale a connu depuis deux ans quatre ministres. Une instabilité inédite. Le cinquième est attendu sous peu.
"Il faut quelqu'un qui connaisse au minimum la maison", analyse Jean-rémi Girard du Snalc. "Mais c'est pas vraiment une question de personne mais de budget, de prise de conscience des enjeux", ajoute-t-il.
Zones d'ombre
"C'est une rentrée dans le flou: il y a des zones d'ombre et il n'y a pas de ligne claire sur ce que va être la méthode de la politique éducative", déplore Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE Unsa.
Pour Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs d'établissements, c'est "l'incertitude sur l'avenir" et le "manque de visibilité" qui dominent cette rentrée. "Que vont devenir les annonces qui ont été faites au sujet de la (classe de) prépa seconde, du brevet, des groupes de niveau, de l'uniforme?", s'interroge le chef d'établissement.
Mais en attendant la nomination d'un gouvernement, il assure toutefois que "la rentrée se fera sans encombre". "Tout ça ne va pas changer grand-chose" car "ce n'est pas la politique qui pilote, ce sont les techniciens, les rectorats qui le font".
Dans un communiqué, le syndicat enseignant Sud éducation alerte lui sur "une rentrée sous tension", avec une "école qui est à un point de bascule".
"La mise en oeuvre à marche forcée du choc des savoirs avec la généralisation des évaluations nationales dans le premier degré et l’enseignement du français et des mathématiques en groupes en sixième et en cinquième font l'objet de fortes résistances dans les écoles et les collèges", écrit-il.
Le gros sujet de la rentrée repose sur la mise en place de ces groupes de niveau, appelés "groupes de besoins" par la ministre Belloubet.
"J'ai donné de la souplesse aux établissements pour qu'ils puissent adapter ce principe à leur réalité locale. Et je suis persuadée que ça se mettra en place", a dit mi-juillet Nicole Belloubet.
Mais pour Sophie Vénétitay, "il n'y aura pas de groupes de niveau partout, ça, c'est une certitude".
Autre sujet brûlant, les postes d'enseignants non pourvus, l'une des "urgences structurelles, qui sont en même temps des sujets de long terme", ajoute-t-elle.
La crise perdure encore cette année, avec plus de 3.000 postes non pourvus aux concours enseignants du public et du privé. Comme l'année dernière, l'enjeu sera d'assurer un enseignant devant chaque classe. A la rentrée et sur la durée.
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