Une radio associative en convalescence

La radio associative et généraliste de l’arrondissement d’Avesnes-sur-Helpe, en redressement judiciaire, s'efforce de se reconstruire. En 2013, huit titulaires sur quatorze ont été licenciés.

Le totem à l’entrée du bâtiment qui abrite Canal FM Sambre Avesnois. Il s’agit d’une ancienne école, en plain-pied, propriété de la ville d’Aulnoye-Aymeries.
Le totem à l’entrée du bâtiment qui abrite Canal FM Sambre Avesnois. Il s’agit d’une ancienne école, en plain-pied, propriété de la ville d’Aulnoye-Aymeries.
D.R.

Le totem à l’entrée du plain-pied qui abrite Canal FM Sambre-Avesnois. Ces locaux appartiennent à la Ville d'Aulnoye-Aymeries.

 En 2013, la radio associative Canal FM Sambre-Avesnois a vécu l’année la plus noire de son histoire, une histoire remontant au début des années 80, avec la “libéralisation” des ondes. L’an dernier, elle a en effet connu la baisse d’une grosse subvention publique, une mise en redressement judiciaire (reconduite en mai) et un plan de licenciements très sévère (huit titulaires sur un effectif de quatorze). Dernier épisode en date : le 8 juillet, elle devait présenter son projet au tribunal d’Avesnes-sur-Helpe (avec un plan d’apurement du passif). La décision a été mise en délibéré. Réponse le 5 août… 

Depuis le début de l’année 2014, l’équipe, réduite, a revu la grille de ses programmes et fait appel aux bénévoles. Son défi n’a pas changé :  concilier l’ancrage local historique, la vocation généraliste, une cible d’auditeurs plus resserrée (les 30-60 ans), le tout avec moins de moyens et dans l’attente, encore et toujours, de subventions publiques jamais acquises et versées en général avec retard.

Plus de 30 ans. Cette radio est née à Aulnoye-Aymeries. D’abord municipale, elle s’est peu à peu imposée comme une radio de territoire, à la fois culturelle et généraliste. Ce projet ainsi que sa professionnalisation progressive ont été menés à bien sous la direction de Francine Auger-Rey (entre 1985 et 2009). Les élus locaux ont toujours, dans leurs discours publics, salué le travail accompli et la notoriété acquise. Mais, bien sûr, en coulisses, l’association a toujours dû se battre pour convaincre et obtenir ces subventions publiques et partenariats qui la font vivre. Une dépendance liée à son statut “non commercial” et à une “catégorie” qui limite les recettes publicitaires à 20%…

Une subvention réduite. Jusque-là, pour Canal FM, les rentrées d’argent s’organisaient en gros ainsi : 20% de recettes publicitaires (plafonnées donc) ; 65% de subventions publiques ; 15% de partenariats… Mais, en 2013, l’épée de Damoclès est tombée. La singularité de «radio de pays» de Canal FM (émettant sur un petit territoire), la diversité de ses publics, le niveau de budget atteint au fil des ans (800 000 euros), ses effectifs (plus de vingt salariés et pigistes) n’ont pas, ou plus, joué en sa faveur. Soumise à des instruments de mesures économiques, elle n’a pu éviter le pire. Rien n’y a fait. Ni les appels au secours, ni les manifestations de soutien et de sympathie des auditeurs.

 Que s’est-il passé ?  Début 2013, dans des circonstances mal déterminées, le Conseil régional a décidé de réduire sa subvention (de 178 200 euros en 2012 à 133 650 euros). La trésorerie, habituée aux décalages entre le vote des subventions et leur versement effectif, s’est vite retrouvée dans une situation intenable.

 Un audit. Au printemps 2013, l’Agglomération Maubeuge Val de Sambre, devenue le premier financeur de la radio (210 000 euros en 2012), a, elle, commandé un audit au cabinet parisien IMCA (International media consultants associés). Le rapport a été rendu fin mai, préconisant notamment une réduction de moitié de la masse salariale… Notons que la fusion des intercommunalités du 1er janvier 2014 a reconfiguré l’AMVS qui vient d’annoncer, au début de l’été 2014, une remise en ordre de ses finances. Des investissements et des subventions sont concernés.

 Lourd plan social. Au début de l’été 2013, Dominique Colas, le président de l’association, ancien expert-comptable, avait dû déposer le bilan. Canal FM a été placée en redressement judiciaire fin août et le plan social a été plus lourd que prévu : huit titulaires en moins (dont le directeur) sur les quatorze. A cela, s’ajoute le départ, juste avant, d’une journaliste. Toutes les catégories de personnels avaient été touchées.