Une philosophie économique à intérêts partagés

Elle représente des opportunités pour une autre croissance. L’économie verte tourne le dos à ce qui fait disparaître la production à petit feu : il faut sauver l'emploi et sauvegarder l'environnement. Dans la région, un emploi sur huit est considéré comme œuvrant dans l'économie verte.

En France comme ailleurs, l’économie verte est le levier de croissance le plus prometteur, mais pas le plus maniable. Les tenants de l’économie de demain sont désormais convaincus et ils ont pris le train en marche avec les grosses filiales. Mais ce n’est pas  suffisant pour emporter l’ensemble du marché vert. Mais quid du “vert” Construire mieux, produire mieux (notamment sans le recours aux énergies fossiles…), user moins (voire récupérer), mais surtout consommer mieux. certes, mais l’économie verte dépend d’abord de l’attitude des consommateurs.

Dans la région, on se projette dans la troisième révolution industrielle, celle des réseaux intelligents, de la consommation neutre et propre, de l’habitat durable et responsable. pour ce faire, la Région s’est adjoint les services de la star mondiale Jeremy Rifkin qui est en train de rédiger son premier rapport d’étapes. Mais si le Nord-Pas-de-Calais se veut à la pointe du futur, il n’a pas encore véritablement négocié le virage : Hervé Pignon, directeur régional de l’ADEME, le dit dans notre dossier : «Ces dix dernières années, il s’est créé 700 éco-entreprises, c’est-à-dire dont l’objet est la protection de l’environnement» (cf. page 4). Comme les autres régions françaises, le Nord est encore faiblement mobilisé même si les études montrent un partenariat plus fort qu’ailleurs entre les décideurs économiques et politiques. Quand l’énergie pèsera 30% de plus dans les coûts d’exploitation de l’économie entière, on peut alors parier sans risque que ces mêmes acteurs mettront les bouchées doubles pour sortir du guêpier économique. La situation sociale de la région donnera également le coup de pression nécessaire…

Une nécessité à variables complexes et partagées. L’économie verte, c’est pour beaucoup une question de technologie où les équations qui font avancer les techniques ne dépendent pas de valeurs forcément morales ou politiques, mais relèvent de l’efficacité globalisée et temporalisée différemment. L’épuisement inéluctable des ressources pousse désormais à une forme de «gel» des ressources. Les grands groupes préemptent les zones d’énergie et de matières premières, les plus modestes s’essaient à la production en propre, les particuliers ont profité des dernières largesses fiscales du gouvernement. Pour exemple, il y a des salariés du secteur des transports dont une partie des entreprises s’inscrit dans une démarche environnementale parce le prix du brut flambe et qu’il existe des marges de manœuvre pour absorber ces hausses intempestives. La formation à l’écoconduite participe de ces changements d’habitudes. Le salarié prend le pli au travail et − on l’espère − persévérera dans la vie courante. Ces procédés peuvent contribuer à faire pencher la balance du bon côté de l’environnement. Mais la réglementation peut aussi devenir un frein à l’activité des transporteurs (cf. article en page 5). Un bilan sur une charte signée par les transporteurs et l’ADEME a été présenté au dernier salon Environord.

Du social à l’environnemental… Enfin, l’économie verte contribue à lancer dans la course de nouveaux acteurs… plus sociaux mais pas moins entrepreneurs. L’économie sociale et solidaire est-elle verte par nature ? Elle s’en donne les atours en mettant en exergue une manière de travailler “à l’horizontal”, en réseau et au service des problématiques environnementales. La coopérative Toreana habitat, récemment créée à Fruges − terre d’éoliennes − témoigne : des initiatives individuelles artisanales (menuisier, couvreur, maçon, architecte, bureau d’études…) sont regroupées dans un réseau collaboratif formel. Derrière les possibilités de “filiériser” les compétences, la formation à l’écoconstruction donne un objectif à plus long terme pour un modèle économique différent (cf.article en page 6). En bout de chaîne, la contrainte relève cependant toujours de l’économie de marché : il faut que le client suive… Si ce consommateur peut contraindre les entreprises à produire mieux en refusant de consommer tout ce qu’on lui présente, il peut aussi redécouvrir qu’il a la main verte et même produire pour son propre compte. La fin d’un monde…

 

Jean-Luc decaestecker

Jeremy Rifkin.