La biomasse torréfiée ou BioCoal

Mazingarbe : une innovation mondiale signée LMK Energy

Après plusieurs années de recherche et d’importants investissements, LMK Energy a mis au point un procédé de torréfaction de la biomasse unique au monde ! Décryptage avec Etienne Gadenne, responsable du bureau d’études de l’entreprise de Mazingarbe.

De gauche à droite : Frédéric Motte, président de la mission rev3 et conseiller régional en charge de la transformation économique ; Franck Lavarde, dirigeant de LMK Energy ; et Philippe Vasseur, président de la communauté rev3. © Région Hauts-de-France
De gauche à droite : Frédéric Motte, président de la mission rev3 et conseiller régional en charge de la transformation économique ; Franck Lavarde, dirigeant de LMK Energy ; et Philippe Vasseur, président de la communauté rev3. © Région Hauts-de-France

Après la revente de sa société spécialisée dans la démolition industrielle et le traitement des déchets, Franck Lavarde se lance, en 2010, dans une nouvelle aventure avec la création de LMK Energy. Dédiée au recyclage et à la revalorisation, l’entreprise axe sa croissance sur des projets environnementaux novateurs comme la fabrication d’énergies vertes à base de bois.

Dix années de recherche et développement

«Nous sommes des précurseurs sur la torréfaction de granulés de bois, une matière première 100% naturelle et respectueuse de l’environnement, autrement dit sur la transformation de bois en biocarburant, explique Etienne Gadenne. La biomasse torréfiée (ndlr : ou charbon vert) est un substitut vertueux au charbon fossile pour la production de chaleur et d’énergie électrique, notamment dans les centrales électriques.» Sur le papier, le procédé est simple : «Il faut chauffer le bois en empêchant qu’il brûle.» Dans la réalité, il l’est beaucoup moins et il faudra près de dix années à Franck Lavarde et ses collaborateurs, sans oublier des investissements financiers conséquents, pour finaliser le procédé.

Accompagné par le groupe Areva jusqu’en 2016, LMK Energy a récupéré ses brevets lors du retrait de son partenaire pour développer seul une unité de production de biomasse torréfiée. Pour résumer, son procédé de torréfaction repose sur une technologie à chauffage direct. Le traitement thermique s’effectue en continu au sein d’une colonne de torréfaction où les flux de biomasse et gaz chaud circulent verticalement, à contre-courant. La biomasse traverse un flux de gaz neutre dont la température augmente progressivement jusqu’à 240°C. 

Après une phase de séchage de la biomasse, l’augmentation de la température provoque la libération de composés volatiles organiques légers. La structure fibreuse de la biomasse est fragilisée, ce qui lui confère une meilleure broyabilité, la biomasse torréfiée étant alors extraite à la base de la colonne de torréfaction, puis refroidie.

«Notre process est breveté, nous sommes les seuls au monde à le faire de cette manière, précise Etienne Gadenne. Nous avons bénéficié d’aides de l’Etat et de la Région. Pour le reste l’entreprise s’est complètement autofinancée. Et nous sommes encore là car Monsieur Lavarde s’est investi personnellement ! Aujourd’hui, la technologie fonctionne, on la peaufine pour devenir un démonstrateur, la dupliquer en France et partout dans le monde… Nous sommes une start-up !»

En quête de partenaires et d’investisseurs

L’entreprise nordiste s’est donc mise en quête de partenaires et d’investisseurs pour l’accompagner dans le déploiement à plus grande échelle de son process de torréfaction. Le spécialiste du recyclage et de la valorisation du bois s’est, en parallèle, développé sur le marché des bûches densifiées, de l’emballage de granulés de bois et le négoce de bois de chauffage. «Ce sont des activités vitales, la torréfaction une activité stratégique.» Et d’ajouter : «Aujourd’hui c’est une goutte d’eau, mais nous espérons vraiment que de grands groupes nous suivront pour valoriser la biomasse en France.»

C’est également le souhait de Frédéric Motte, président de la mission rev3 et conseiller régional en charge de la transformation économique, et de Philippe Vasseur, président de la communauté rev3, exprimé récemment lors d’une visite du site destiné à dresser un état des lieux de son évolution suite au financement du fonds "Rev3Capital". LMK Energy emploie à ce jour 25 salariés pour un chiffre d’affaires qui devrait avoisiner les 17 M€ en 2022.