Implantée à Aire-sur-la-Lys
Une innovation mondiale signée Fendertex
De Saint-Tropez à Monaco, en passant par Dubaï, la marque Fendertex équipe aujourd’hui les plus grands yachts de luxe aux quatre coins du monde ! Rencontre avec Jean-Luc Vanoise, fondateur et dirigeant de l’unique fabricant de pare-battages textiles gonflables du marché international du nautisme installé à Aire-sur-la-Lys.
L’histoire débute au début des années 2000. Passionné de navigation de plaisance, Jean-Luc Vanoise passe trois mois par an en mer, seul, le reste de l’année étant consacré à son entreprise de formation aux métiers des travaux publics. Et c’est sur l’eau qu’il prend conscience d’une problématique commune à l’ensemble des navigateurs : la défense d’accostage.
4 ans de Recherche & Développement
En résumé, les produits existants sont lourds, prennent beaucoup de place… et sentent mauvais ! L’entrepreneur part alors en quête d’une alternative, en vain. «Mon aventure, car c’en est une, a démarré par un échec» explique t-il. «Ma première idée, qui remonte à 2005, était d’automatiser le produit car naviguant seul, il m’était impossible de remonter les défenses sans quitter la barre. Le produit mis au point, j’ai déposé un brevet et participé au concours Lépine 2007 (où j’ai obtenu la 3e place) avant de m’entourer d’investisseurs pour le commercialiser». Malheureusement, un conflit avec ses partenaires l’oblige à quitter le navire.
Avant de rebondir rapidement en s’attaquant à la défense d’accostage des voiliers et yachts de luxe. «Ma seconde idée était de développer un produit haut de gamme en textile, gonflable et dégonflage pour un gain de place et de poids, mais surtout beaucoup plus esthétique que les produits du marché et entièrement personnalisable».
Dès 2010, Jean-Luc Vanoise dépose un nouveau brevet et se lance dans le développement d’un produit qui n’existe nulle part ailleurs, dans son garage. «J’ai vendu une importante partie de mon patrimoine, mon bateau, mon entreprise, pour démarrer un programme de Recherche & Développement avec 500 000€. Et avancer au fur et à mesure, par étapes, sur la recherche de machines, d’industriels, de fonds».
L’intégration au Centre Européen des Textiles Innovants (CETI) de Tourcoing en 2012 est une étape majeure dans la concrétisation de son projet qui marque « une bonne accélération du process puisque nous avons réalisé les premiers essais la même année, en Vendée » qui mettent en exergue diverses problématiques. «L’industriel qui fabrique notre tissu a dès lors transformé ses machines, nous avons continué à avancer de notre côté, et deux ans plus tard, en 2014, les produits ont été testés pour la première fois sur un yacht de 40 mètres pendant 6 mois et validés avec son propriétaire».
40 salariés et 30 M€ de CA d’ici 5 ans
Pour séduire les propriétaires de yachts de luxe, Jean-Luc Vanoise décide d’exposer son innovation au Salon Nautique International de Monaco en 2015. Et de jouer ses dernières cartes. «L’investissement était de 25 000€ pour trois jours… j’étais au bord de la faillite mais selon moi c’était l’endroit idéal pour se faire connaitre». A juste titre, puisqu’il convainc le propriétaire d’un yacht de 147 mètres d’essayer gratuitement ses pare-battages textiles gonflables.
Pleinement séduit, celui-ci le rappellera 6 mois plus tard pour équiper tout son bateau. «C’est vraiment le début de l’histoire, on signe ensuite trois bateaux de 70 mètres pour gagner des marchés les mois suivants». Son garage de 50 m² devient rapidement trop étroit et Fendertex intègre en 2018 un moulin réhabilité du XVIe siècle au coeur du centre historique d’Aire-sur-la-Lys «pour s’organiser de manière industrielle».
C’est désormais ici, dans les Hauts-de-France, que sont conçus et assemblés les pare-battages textiles gonflables par les 17 salariés de l’entreprise. Un produit sans équivalent ! «Nous sommes désormais présents partout dans le monde, avec une présence sur les plus grands salons internationaux, et équipons les yachts de Bill Gates et du Prince de Monaco pour ne citer qu’eux ». Et de poursuivre : « Nous vendons aujourd’hui 18 000 produits par an, pour un chiffre d’affaires de 1,7 millions €, l’objectif étant d’atteindre la barre des 100 000 produits d’ici 5 ans, soit 3% du marché mondial, pour 40 salariés et 30 millions € de chiffre d’affaires».
En parallèle, le dirigeant de Fendertex mise sur la vente de licences d’exploitation. «Nous avons vendu une licence aux Etats-Unis, notre partenaire étant basé à Seattle, et une seconde est en préparation au Japon. C’est indispensable pour répondre à la croissance, car ici nous ne pouvons pas ! Et dans 10 ans, l’objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires cumulé de l’ordre de 80 millions €».
Un nouveau produit, «encore plus révolutionnaire» pour reprendre les mots de Jean-Luc Vanoise, est également en cours de développement et devrait être commercialisé dès 2025. Nous n’en saurons pas davantage…