Une feuille de route numériqueau MEDEF

Laurence Parisot, présidente du Medef, était le 30 mai à la Cité des échanges à Marcqen- Baroeul où quelque 450 chefs d’entreprise, militants et entrepreneurs avaient répondu à l’invitation de Jean-Pierre Guillon, président du Medef régional, à venir découvrir le “programme de l’entreprise”.

Laurence Parisot a été accueillie par Jean-Pierre Guillon, président du MEDEF régional.
Laurence Parisot a été accueillie par Jean-Pierre Guillon, président du MEDEF régional.

 

Laurence Parisot a été accueillie par Jean-Pierre Guillon, président du MEDEF régional.

Laurence Parisot a été accueillie par Jean-Pierre Guillon, président du MEDEF régional.

C’est par Jean-Pierre Guillon, président du Medef régional, que la patronne des patrons, Laurence Parisot, sa présidente nationale, a été accueillie à la Cité des échanges à Marcq-en-Baroeul dans la salle où, il y a un an, elle participait à la démarche initiée sur le thème de la métamorphose. Le motif de sa venue était la présentation de Besoin d’aire, le premier livre numérique publié en février dernier par une institution française pour présenter son “programme”.

Une soirée très numérique. Coproduite par le Medef avec le concours du Pôle numérique régional et du Syntec numérique, cette soirée était placée sous la logique du numérique et a aussi été l’occasion d’une mise en valeur de cette filière régionale présentée comme un “levier extraordinaire pour la croissance”. Après une (double) diffusion de l’animation Paf le Chien réalisée par la société lilloise Adictiz et une présentation par Jean-Louis Delmotte, président de la société valenciennoise Byook, du livre numérique ou ebook qui permet une lecture enrichie, en plus du texte à l’écran d’une tablette tactile, d’un smartphone, de propositions d’animations, d’images, de musiques…, les participants ont été invités, dans cette logique de modernité, à interpeller, à réagir sous forme de tweets et d’envois de SMS. Pour le coup, le Medef entrait de plein pied dans la modernité.
Le président du Pôle numérique régional a saisi l’opportunité de présenter la filière numérique régionale : 4 200 sociétés, 25 000 emplois, créatrice de 400 créations chaque année et riche de success stories comme celle de la société roubaisienne OVH qui héberge dans ses datacenters implantés dans la région 50% des données nationales. Dans la foulée, Amaury Flotat, délégué régional Nord de Syntec numérique, a annoncé le regroupement des acteurs numériques de la région (PRN, Infonord…) au sein de Syntec groupement numérique régional.

Du besoin d’air au besoin d’aire. Seule sur scène, micro cravaté, les mains occupées à tourner les pages de son livre numérique, toujours en mouvement, Laurence Parisot a une heure durant explicité “la feuille de route” qui “va servir aux entrepreneurs, aux militants de la cause entrepreneuriale pour les dossiers qui vont émerger les uns après les autres de la vie publique”.
En se donnant pour objectif de “montrer que l’institution Medef a su faire preuve d’esprit d’entreprise en commettant l’exploit de rassembler les idées clefs pour notre pays sous le format inédit du numérique”, elle a détaillé la pensée de son organisation en faisant des va-et-vient vers du texte, des vidéos, des graphiques, nouvelles façons d’enrichir, de présenter et le diagnostic et les propositions.
Besoin d’aire est la suite logique de la participation du Medef initiée pour la première fois en 2007 lors de la campagne électorale. Le syndicat patronal avait alors couché la doctrine des entreprises de France, “de la TPE à la plus grande” dans le livre Besoin d’air par référence au “besoin de respirer par rapport au poids des fardeaux fiscaux”. Cette fois, avec Besoin d’aire, le Medef a voulu “à nouveau rassembler (sa) doctrine en ajoutant au besoin d’air un ‘e’ parce que les entreprises ont besoin d’espace, de terrains de conquête (…). Pour faire avancer nos entreprises, nous avons besoin de nouveaux horizons, nous n’avons pas à rester étriqués dans notre coin”. Faisant allusion à la dernière campagne présidentielle, elle a fait le constat qu’elle “a empêché tout débat, les vrais sujets n’ont été qu’effleurés, les arguments peu développés… Nous, nous avons été jusqu’au bout”. Cette démarche, Laurence Parisot l’a égrenée chapitre par chapitre, du premier intitulé “Les Etats-Unis d’Europe à portée de la main”, en passant par “Le monde régulé” et “La France réinventée”, pour se conclure par “L’ambition humaniste à l’oeuvre”. De ces quatre tableaux, on pourra ainsi retenir quelques passages.

Extraits

L’Europe
La question européenne est essentielle, non plus pour “plus jamais ça”, mais pour des raisons externes face à la puissance américaine, chinoise, indienne, brésilienne. La principale faiblesse de l’Europe, c’est d’ignorer sa force. Si nous avions une plus grande confiance en nos atouts, une plus grande connaissance de cette force, nous aurions beaucoup plus de facilités et de possibilités de maintenir cet avantage. Est-ce que nous allons encore rester premiers de la classe dans cinq ans, dans dix ans ? Ce n’est pas certain, mais ce n’est pas impossible.
Toute sortie de l’euro serait une sortie de piste. L’euro nous a aidés, nous les entrepreneurs… Si nous devions subir un éclatement de la zone euro, le coût en serait désastreux (…) sur nos possibilités de croissance. L’abandon de l’euro, c’est tout simplement une guerre monétaire à l’intérieur de l’Europe en plus des surcoûts à peine supportables.
Des initiatives européennes de croissance seraient tout à fait les bienvenues. La clé pour l’Europe, c’est de développer une stratégie et une gouvernance économiques coopératives et de se demander comment, avec une feuille de route d’au moins cinq ans, on peut aller vers davantage d’intégration (qui est) le partage des possibilités, des efforts, des opportunités. Avancer sur l’Europe, c’est la plus belle ambition qu’une génération peut se donner… Ce qui manque surtout à l’Europe, c’est l’émotion.

Le monde
Il faut un monde régulé. Nous sommes des libéraux, pour toutes les libertés, mais la liberté ne peut bien s’exercer que s’il y a des règles du jeu transparentes, claires et partagées par tous…

La France réinventée
La France a un potentiel incroyable, a besoin de retrouver un nouveau souffle, un esprit de conquête. Pour cela, il faut mettre en avant le métier d’entrepreneur…, mais les politiques, de gauche comme de droite, n’osent pas être avec nous, c’est frustrant. Il nous faut être présent dans la vie publique…
La priorité, c’est d’organiser le désendettement compétitif, avec des objectifs chiffrés pour être attractif, performant, pour être en mesure de gagner. Ce sont les prélèvements fiscaux et sociaux qui cassent les entreprises. Nous pouvons refuser toute nouvelle augmentation, toute nouvelle taxe parce que notre compétitivité en serait peut-être à jamais irrémédiablement abîmée. Nous devons travailler sur des réformes de structures. Les charges ne doivent pas uniquement peser sur les entreprises, sur les salariés. Comme le fardeau est plus lourd, il faut qu’il repose sur une assiette plus large. Nous avons des préconisations, nous sommes prêts à ouvrir tous les débats, mais nous ne voulons pas mettre en danger tout l’équilibre économique du pays… Il faut aussi inventer un nouveau modèle de business. Sans arrêt, nous exigeons la PME attitude. Il faut s’engager sur le chômage, défendre d’ici juillet le crédit impôt recherche, un atout que nous devons garder, travailler le marché de l’emploi pour améliorer l’employabilité…

En conclusion
Il faut que nous ayons toujours à l’esprit que nous développons des projets qui ne sont pas désincarnés. Il y a toujours au coeur du projet entrepreneurial des projets humanistes. Il faut le dire et en être fier… Il nous faut aussi avoir une éthique entrepreneuriale, lutter contre toutes les formes d’excès. Avec ces principes forts éthiques, avec notre engagement sociétal, nous avons la légitimité et la possibilité de regarder en face nos interlocuteurs pour leur dire sur le plan économique, européen, international, voilà ce que les entrepreneurs pensent, nous qui vivons les métamorphoses du monde. C’est avec cette feuille de route que nous allons engager, que nous avons déjà engagé les discussions qui seront, à mon avis, parfois rudes avec les nouveau gouvernements, mais qui, je l’espère, seront effilées, constructives et utiles.

Le livre Besoin d’aire est consultable sur wwww.besoindaire et est téléchargeable sur le store d’Apple, Android, Google et Windows.