Segor Industries

«Une entreprise d’abord meusienne»

Spécialisée dans la fabrication et la réparation de réducteurs de vitesse, l’entreprise Segor Industries implantée à Beurey-sur-Saulx a engagé une diversification il y a une dizaine d’années, qui porte aujourd’hui ses fruits. Forte de ses 142 ans d’existence, la PME meusienne poursuit sa croissance sans faire de bruit.

«On vit actuellement sur nos acquis malgré le ralentissement constaté chez nos clients», explique Thierry Iung, le directeur associé de Segor Industries. © A.M.
«On vit actuellement sur nos acquis malgré le ralentissement constaté chez nos clients», explique Thierry Iung, le directeur associé de Segor Industries. © A.M.

«Une année 2023 exceptionnelle. On était proche de la saturation.» Thierry Iung, le patron de Segor ne cache pas sa fierté annonçant une hausse de son chiffre d’affaires de 30 %. Cette bonne santé économique s’explique par des choix engagés par la direction depuis une dizaine d’années et qui se sont traduits par la construction d’un nouveau bâtiment et le renouvellement du parc machines à commande numérique. Au total, près de 2,5 millions d’euros ont été investis avec une seule volonté : développer la notion de service. Historiquement, l’entreprise de métallurgie proposait à ses clients la fabrication de réducteurs de sa propre marque. Mais face à la concurrence étrangère, notamment italienne et espagnole, la société avait perdu en compétitivité. Pour ne pas subir la situation, la diversification s’est donc imposée autour de la réparation de réducteurs de tailles intermédiaires (1,5 à 15 tonnes) qui aujourd’hui avoisine 55 % de l’activité. «La tendance s’est clairement inversée. On a désormais la légitimité et la place pour le faire», se réjouit Thierry Iung qui a, dans le même temps, choisi de développer la fabrication sur mesure avec l’intégration d’un bureau d’études. Grâce à cette stratégie, l’entreprise a conservé son effectif et ses 30 emplois. La croissance aurait dû être accompagnée de recrutements de deux mécaniciens et d’un ingénieur, mais impossible de trouver les bons profils. «Comme toutes les entreprises du secteur, nous sommes confrontés à l’absence de candidats», confie le chef d’entreprise, conscient que le manque d’attractivité du territoire et l’emplacement géographique de son site, en pleine zone rurale, pèsent dans la balance. «On avait trouvé deux jeunes diplômés au profil urbain, mais sans permis de conduire, ce n’est pas possible», déplore-t-il. Chaque année, trois à cinq apprentis sont également intégrés avec la volonté de pérenniser leur présence.

Centrale photovoltaïque installée à l’automne 2024

Pour développer sa marque employeur, Segor Industries mise sur la qualité de vie au travail avec une salle de sports mise à disposition des salariés, un boulodrome ou encore la modulation du temps de travail. «On est obligé de prendre en considération les attentes de nos collaborateurs si on veut les conserver et en attirer de nouveau», analyse celui qui porte sur sa tête la casquette de patron du Medef Meuse. Au-delà de la diversité, l’entreprise a bénéficié de la bonne santé économique de ses clients et du travail engagé depuis trois ans par un agent commercial au Maroc et qui s’est concrétisé par une prise de commandes de 500 000 euros. À l’heure où le pessimisme ambiant plombe les prospectives économiques, le carnet de commandes de Segor Industries est plein. «On vit actuellement sur nos acquis malgré le ralentissement constaté chez nos clients.» Côté projet, le chef d’entreprise va équiper dès cet automne ses locaux d’une centrale photovoltaïque d’une puissance de 250 Kw en aménageant 1 000 m2 de panneaux solaires. Cet investissement de 300 000 euros s’est vite imposé compte tenu de la hausse du prix de l’énergie. L’objectif est d’être autonome un tiers de l’année et en tout cas de réduire la facture énergétique. Entre la hausse des salaires pour contrer l’inflation, le coût des matières premières et le prix de l’énergie, les marges seront forcément revues à la baisse. À la tête de l’entreprise centenaire depuis 2002, Thierry et Pascal Iung affirment leur volonté de conserver et de défendre «une entreprise d’abord meusienne.» C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ont fait entrer au capital les directeurs technique et commercial pour les fidéliser et pérenniser la stabilité de la PME.

A.M