Une conduite plus verte et branchée
En termes de mobilité électrique, la région Nord-Pas-de-Calais est pionnière en France, suivie du Poitou-Charentes et de l’Alsace. D’ici deux ans, 20 000 voitures électriques devraient circuler sur nos routes, avec 2 500 points de charge à disposition. Encore faut-il convaincre les particuliers d’emprunter cette voie plus «green».
«Avec 100 Kangoo électriques, 50 quads, 800 vélos à assistance électrique, nous avons déjà bien entamé notre transition énergétique, avec en plus l’achat de 10 000 Kangoo tous fabriqués au sein de MCA à Maubeuge», rappelle Franck Cislini, délégué au développement régional du groupe La Poste, un très bon élève en matière de mobilité électrique. Si les postiers ont troqué depuis longtemps leurs automobiles polluantes pour des véhicules plus écolo, ce n’est pas le cas de tous les usagers, encore réfractaires à l’idée de se lancer vers «l’électromobilité». «Nous espérons donner plus de visibilité à la mobilité électrique et accompagner son développement, car les enjeux sont multiples. Entre autres, la réduction d’émission de CO2 et le soutien de l’ensemble d’une filière économique», précise Pierre Verley, chargé du développement durable de la ville de Marcq-en-Barœul et nouveau président de l’EVERE Nord-Pas-de-Calais. Créée en 2012, en collaboration avec les principaux acteurs de la mobilité électrique, l’association œuvre pour la promotion de ce nouveau mode de déplacement et accompagne les entreprises et collectivités dans leurs démarches. EDF, La Poste, Arts et Métiers Paris Tech Lille, Altermove, Renault, i-Trans, Rabot Dutilleul, Crédit agricole Nord de France, PSA et ERDF constituent le conseil d’administration. Le pôle MEDEE, l’agglomération de Saint-Omer, l’agglomération de Maubeuge et l’agglomération Maubeuge Val de Sambre viennent compléter le dispositif. La voiture électrique s’inscrit ainsi dans le schéma de mobilité actuel, tout autant d’ailleurs que les autres modes de transport urbains plus écologiques, déployés en région sur les routes et même sur l’eau avec des navettes fluviales. Par ailleurs, quatre territoires (l’agglomération de Maubeuge, le Pays de Saint-Omer, la communauté d’agglomération de Boulogne-sur-Mer et la communauté urbaine d’Arras) ont déjà répondu à l’appel d’offre régional lancé l’année dernière et disposeront ainsi de 580 points de charge avant janvier prochain.
2 euros/100 km. Le Nord-Pas-de-Calais compte bien tenir son objectif : être équipé en 2015 de 2 500 points de charge et de 1 250 bornes, financés à 50% par l’ADEME, à 30% par les collectivités et la part restante par les communes. «C’est la première région française à imposer un référentiel local. Toutes les collectivités régionales relevant de ce financement auront le même type de bornes, ce qui répond à la problématique de l’interopérabilité. A ce sujet, nous collaborons également avec la Flandre, avance le président de l’association. Notre ambition est aussi de créer des autoroutes électriques ; 40 bornes seront installées sur les grands axes pour permettre des charges rapides et une mobilité simplifiée.» Ce projet nécessite cependant une enveloppe de 12,6 millions d’euros. Mais qu’en est-il du particulier qui délaisserait son «diesel», véritable usine à dioxyde de carbone pour une voiture 100% électrique ? «Sans compter le millier d’euros pour l’installation d’une borne de recharge à domicile, le coût en besoin énergétique reviendrait à 2 euros/100 km. Nous menons également une réflexion autour d’un pilotage concernant la recharge. L’enjeu est donc d’anticiper l’augmentation des pics de consommation, de privilégier les recharges plus lentes et l’intégration à grande échelle des énergies renouvelables intermittentes dans le réseau électrique», estime Jean-Michel Jausseme, vice-président de l’AVERE Nord-Pas-de-Calais et directeur du développement territorial du groupe EDF. Une belle économie pour l’usager ? Peut-être, surtout que l’autonomie d’un véhicule électrique est en moyenne de 150 km.
Augmentation des ventes. Selon une enquête Ipsos, un Français sur trois est électro-mobilisable. “Plus de 75% de nos concitoyens parcourent moins de 50 km par jour en voiture pour faire le trajet travail-domicile. Opter pour une voiture électrique s’avère donc judicieux”, préconise Pierre Verley. Pour l’heure, seulement 20 000 voitures électriques constituent le parc roulant français, mais les ventes ont doublé entre 2012 et 2013 d’après un représentant de la marque Renault. La petite Renault Zoé et bien d’autres modèles auraient-ils fait des adeptes ? En effet, une étude du Commissariat général du développement durable, qui date d’avril dernier, démontre que 38% des Français choisiraient d’abord un véhicule hybride et 19%, un véhicule 100% électrique. Car, bien loin des idées reçues, tracer la route avec ce genre de transport se révèle très agréable, tout aussi efficace, plus économique et écologique. Cependant, si les mentalités évoluent, nous sommes encore bien loin des 20 millions de véhicules électriques particuliers espérés dans le monde d’ici 2020 !
Idées reçues. La voiture électrique, qui se démocratise, coûte simplement plus cher à l’achat. Mais il faut déduire le bonus écologique, le gain en consommation et les travaux d’entretien. Si la vitesse est limitée en moyenne à 100 km/h, sa performance n’en est pas moins diminuée. Elle est également plus silencieuse et donc bien plus reposante. Quant au temps de charge, il est généralement de 8 heures. Il existe aussi des bornes de recharge moyenne (1 heure) et des bornes de recharge rapide (30 minutes), en sachant qu’il n’est pas nécessaire de refaire un plein d’énergie chaque nuit. En termes d’énergie, si le véhicule électrique en consomme quasiment autant que les véhicules thermiques, ces derniers émettent en moyenne 32 tonnes de CO2 pendant toute leur durée de vie alors que le véhicule électrique rejette entre 2 tonnes de CO2 (en France) et 24 tonnes (en Chine). Puis, concernant le recyclage des batteries de lithium, c’est un problème presque résolu. Alors, même si le véhicule ne peut pas être 100% écologique, sa “pollution” est moins nocive.