Une coach picarde de la performance mentale aux JO de Paris
L'amiénoise Estelle Morcant-Riquier a pu participer aux JO 2024 à Paris en tant que coach de la performance mentale. Celle qui accompagne aussi les dirigeants d'entreprises souhaite éveiller les consciences sportives et pas seulement sur le caractère fondamental de se préparer mentalement de façon constante.
Coach pragmatique et « opportuniste », comme elle aime se définir, Estelle Morcant-Riquier ne se revendique d’aucune école psychologique mais elle utilise des outils de la programmation neurolinguistique, de l’analyse transactionnelle, du sport (rituels, cohérence cardiaque, imagerie mentale, discours intérieur) pour accompagner, sans intention, le cheminement de ses "coachés".
Elle est l’une des rares coachs expérimentée en coaching collectif. Ses accompagnements sont encadrés par un contrat comportant des objectifs à atteindre et des indicateurs de réussite mesurables. Ses coachés sont des managers de structures du secteur médico-social, de la médecine préventive, du handicap, d’entreprises industrielles, de collectivités qui souhaitent manager par les projets, manager d’anciens collègues, trouver leur couleur managériale, gérer les conflits, préparer un concours, mieux gérer leur temps, préparer et conduire les entretiens annuels. Elle accompagne aussi des femmes et hommes politiques en vue de leurs échéances électorales et en media training.
Les sportifs de haut niveau ou semi-professionnels font aussi appel à elle pour mieux gérer les pressions de l’entourage, améliorer la relation avec l’entraineur, s’intégrer dans l’équipe, identifier les sponsors et les démarcher, préparer les échéances internationales. « Il y a des difficultés à faire connaître le métier de coach de le performance mentale dans le sport de haut niveau. Les études scientifiques prouvant l’efficacité de la préparation mentale dans le sport sont pourtant très nombreuses. Elles aboutissent toutes aux mêmes résultats : le mental intervient dans 40 à 90 % de la performance finale et plus le niveau sportif est élevé, plus la part du mental augmente, souligne la coach. La répétition mentale d’un geste ou d’un exercice a quasiment la même efficacité que sa répétition physique. »
Accompagner la performance
Trois professions accompagnent les sportifs dans ce travail : les préparateurs mentaux, les psychologues du sport et plus récemment les coachs de la performance mentale. Estelle Morcant-Riquier appartient à cette troisième catégorie. Elle-même ancienne volleyeuse, elle a, parmi ses coachés, des sportifs de haut niveau ou des équipes de haut niveau. Elle est une des rares coachs certifiées à proposer ses compétences auprès d’équipes, la plupart de ses homologues proposant du coaching individuel.
« La part de sportifs français effectuant un travail régulier sur leur performance mentale est encore très modeste. L’INSEP a conduit une étude auprès des olympiens de Tokyo en 2021. Leurs principaux regrets sont en grande majorité de ne pas avoir suffisamment entraîné leur mental. Par exemple, Novak Djokovic, dont le mental en acier trempé n’est plus à prouver, fait appel à une équipe de neufs préparateurs mentaux qui travaillent chacun sur un champ spécifique », reprend-elle.
Peu importe le sport, pour elle, accompagner la performance se pratique de la même manière pour un dirigeant d’entreprise, un politicien ou un sportif. La pratique du coaching repose sur un protocole de questionnement, de reformulation et d’écoute active. Quand la Fédération française d’athlétisme l’a contactée début 2020, il ne s’agissait d’ailleurs pas de coacher la performance sportive d’un jeune athlète mais son orientation scolaire et lui permettre de trouver sa voie en termes d’études universitaires tout en préservant sa carrière de sportif de haut niveau.
Puis, les JO de Paris approchant, d’autres athlètes ont fait appel à son expérience et à sa compétence pour préparer cette échéance dans les meilleures conditions. La plupart du temps, les sportifs et leurs entraineurs connaissent les préparateurs mentaux, bien implantés dans le milieu du sport et souvent dotés également d’un diplôme de préparateurs physiques.
Faire connaître cette profession
Les psychologues du sport sont, quant à eux, très présents dans les instances sportives comme les pôles espoirs, pôles France, INSEP, fédérations. Mais les coachs sont encore peu nombreux. « Se faire reconnaitre dans cet intitulé n’est donc pas chose aisée car le terme prête à confusion, la profession n’est reconnue que par le Ministère du travail par le biais d’un certification, pas de diplôme, pas de règlementation sur ce métier, les entraineurs se méfient du discours que peuvent tenir les coachs mentaux, se sentant parfois mis en danger par leur présence dans la vie de leur protégé et les agents ont un pouvoir certain sur les jeunes sportifs et un avis à donner sur qui approche leur client. Les sportifs ont parfois connu de mauvaises expériences avec des préparateurs mentaux ou des psychologues du sport et ont une réticence à faire à nouveau appel à un prestataire sur le sujet », liste-t-elle.
La place des coachs de la performance mentale n’est pas prévue dans les enceintes sportives ou en tous cas, pas au milieu des entraîneurs. « Et pourtant arriver au Stade de France et y participer pour la première fois aux JO a de quoi bousculer le mental de n’importe qui. Ce stade écrase les sportifs par son immensité, la foule fait vibrer toute la structure, les tentatives d’intimidation entre sportifs et entre entraineurs sont légion » Alors, Estelle Morcant-Riquier a fait tout ce qu’elle pouvait pour terminer son travail et elle admet que sans l’aide de la fédération française d’athlétisme, elle n’aurait pas réussi à être présente au Stade le jour de la compétition. « Peut-on imaginer une équipe entrainée toute l’année par une personne et qui prend part à la compétition sans la présence de cette dernière. C’est pourtant ce qui arrive dans mon métier. »
Estelle Morcant-Riquier veut imaginer que cette olympiade 2024-2028 qui nous amènera à Los Angeles verra se développer l’appel à la préparation mentale de nos sportifs français et que leurs entraineurs mentaux auront, eux aussi, à Los Angeles, les accréditations leur permettant de faire leur travail jusqu’au bout, jusqu’à la médaille !
Du volley-ball au coaching de la performance mentale
Estelle Morcant-Riquier réalise en 2004 une formation d’entraineur fédéral en volley-ball, un mémoire sur la préparation mentale et la création du cabinet M & P Consulting.
Jusqu'en 2013, elle pratiquera la préparation mentale en volley-ball à l’US Rainneville et au CREPS de Wattignies avant de suivre une formation certifiante en « coaching et accompagnement du changement » à l’Université de Picardie Jules Verne.
Elle réalise aujourd'hui de nombreux coaching individuels et collectifs.