Une «grande» conférence ?
Venir précher l'optimisme à Calais : un exercice pour Philippe Bloch, ancien fonctionnaire passé dans le privé, dans l'édition, et animateur chez BFM. Des éléments pour rebondir toujours et tout le temps.
Sans complexe, Philippe Bloch lâche tout : à la manière d’un spectacle, prenant à parti le public : «rentrez bien, c’est gentil d’être venu», adresse-t-il à un élu venu faire acte de présence. «Petit» ? C’est un adjectif qu’il n’apprécie pas : «L’adjectif le plus utilisé en France c’est ‘petit’… Le matin : le ‘petit’ café, et le ‘petit’ bisou avant d’aller au travail. Et au bureau, un ‘petit’ café avant de commencer la journée ; un collègue qu’on croise : je t’envoie un ‘petit’ mail de confirmation… Tout est petit et c’est terrible.» Derrière les mots, une culture du travail et une représentation qui cloche d’après le conférencier. «Dans ce pays» : une autre expression qui le laisse dépité. «Quand un politique dit : ‘dans ce pays’, ça veut dire ‘dans ce pays de cons sauf moi’ !» lâche-t-il. Les Français ne s’aiment pas, n’ont pas le moral, ne sont pas satisfaits alors qu’ils sont surprotégés au regard des autres pays européens, notamment anglo-saxons. «Les Américains ont une faculté de rebond impressionnante : l’échec est une ressource, la satisfaction, un piège.»
«Nokia a disparu parce qu’il passait son temps à faire des powerpoint au lieu de faire les téléphones de demain… Le type qui a inventé l’appareil photo numérique l’a fait chez Kodak.» Et puis, il y a la menace comme point de rupture et d’opportunité : «Menace et opportunité ont le même idéogramme en chinois.»
Take a chance. Et Philippe Bloch enchaîne, passe du coq à l’âne pour revenir sur son expérience d’entrepreneur avec la création de Colombus Café à Paris et Lille : « Une catastrophe ! Trois conneries : trop tôt, deux sites en même temps et l’emplacement. Ce fut neuf ans d’adversité, les meilleures de ma vie. Ça m’a rendu optimiste en important de l’angoisse et en exportant de l’enthousiasme. C’était aussi six ans au Smic», raconte-t-il. L’affaire périclite suite à des démêlés avec des associés qui ne s’entendent plus. «Quand on a démarré, on avait trop d’argent ; quand on n’en a plus eu, l’imagination est revenue», sourit-il. Péché d’orgueil ? La lucidité lui est revenue et les formules chocs demeurent : «On m’a viré du jour au lendemain : bureau vidé, serrure changée. Ce fut ma libération. J’ai même fait la une de Courrier cadres sur le thème de l’échec !» Conclusion : «L’homme qui ne sourit pas ne doit pas ouvrir boutique.» Bloch fait rire et ne s’oublie jamais. Mais prêche : «La France n’est pas assez schumpetérienne. On n’arrive pas à détruire pour reconstruire dans ce pays…»