Une belle bulle locale
Entre Le Creusot et Chalon-sur-Saône, Alice Gaillet-Duxin crée des savons et d’autres produits cosmétiques. Si l’annulation de nombreux marchés a mis à mal son activité, elle se réjouit malgré tout d’un élan de solidarité des consommateurs et des artisans locaux.
Dans sa savonnerie artisanale de Bissey-sous-Cruchaud, Alice Gaillet-Duxinne se limite pas à concevoir une gamme de savons. Elle crée également des baumes à lèvres, des masques, mais aussi des crèmes « beurre fouetté pour les peaux et les cheveux secs. »Attirée par les sciences et le théâtre, sa formation et le début de sa carrière l’ont conduite à suivre les deux voies avant de trouver celle qui associerait art et expérimentation. Cette quarantenaire a débuté dans la cosmétique en transmettant ses connaissances. « Je donnais des formations pour expliquer aux gens comment réaliser leurs propres produits cosmétiques. » Un licenciement sera l’opportunité d’ouvrir la savonnerie Bulle de m’Alice, en 2013. Alors que certains confrères y voient une façon d’alimenter la concurrence, Alice Gaillet-Duxindispense toujours des formations en parallèle de sa production. « J’aime transmettre et quitte à ce qu’il y ait une concurrence qui en ressorte, je préfère que ce soit avec une façon de faire saine. Je préfère perdre un client dans l’intérêt final du consommateur. »
Et les petits dans tout ça ?
Avec la Covid-19, plusieurs fournisseurs de matière première ont fermé leurs portes. « Ceux qui continuent ont tendance à augmenter les volumes minimums de commande, mais c’est compliqué quand c’est un produit que l’on utilise peu. » Grâce à la solidarité qui s’est instaurée avec nombre de ses homologues, surtout depuis la crise, les commandes se regroupent, permettant à Alice Gaillet-Duxinde trouver des solutions. Pourtant, elles ne s’appliquent pas à toutes ses matières premières. « Je fabrique mes savons de A à Z. Je me fournis localement pour le miel, la cire ou le lait, mais il y a déjà quatre matières premières pour lesquelles je n’ai pas encore trouvé de nouveaux fournisseurs. Avec 450 savonniers en France, y’a peut-être un marché à prendre pour les intermédiaires en semi-gros» s’amuse la souriante savonnière. Préférant produire ses savons et autres cosmétiques ou à sillonner les marchés pour rencontrer ses clients, elle sait aussi que chaque changement de fournisseur entraînera des heures de travail administratif indispensables.
Moins pire que prévu
Pendant le premier confinement, Alice Gaillet-Duxin a dû faire appel au fonds de solidarité. Elle a profité de cette période pour repenser son site internet, jusque-là simple une vitrine destinée aux touristes. Alors qu’elle ne réalisait que deux ou trois ventes en ligne chaque mois, elle en comptabilise désormais une par jour en moyenne. « J’ai un meilleur référencement. J’ai aussi réalisé une brochure que j’ai distribuée à pied dans 3 000 boites aux lettres. » Préférant vivre de son travail que des aides publiques comme elle le dit, elle s’est démenée pour faire vivre sa Bulle de m’Alice et les clients lui rendent bien. « Les commandes viennent surtout d’une clientèle locale. Je constate, comme d’autres commerçants, une dynamique de solidarité pour les commerces locaux. » Les communes ont sollicité ses savons pour leur panier de Noël, des écoles se sont fait le relais de ses produits dans un marché virtuel tandis que les quelques marchés maintenus, en extérieur, rassurent l’artisane. Malgré un chiffre d’affaire en baisse, la situation reste meilleure qu’elle ne le craignait. Alors qu’elle s’apprête à agrémenter sa gamme de lingettes et pochons qu’elle aura cousue, il faut espérer que cet engouement pour le « made in local » se poursuive.
Pour AletheiaPress, Nadège Hubert