Une autre volonté d’entreprendre au Conseil général
Il s’agit d’une première en France. Benoît Hamon, ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire et à la Consommation, était invité par Dominique Dupilet, président du conseil général du Pas-de-Calais, à installer le 17 janvier le Conseil départemental de l’économie sociale et solidaire. Occasion également pour le ministre de signer quatre conventions d’engagement d’emplois d’avenir à l’hôtel du Département.
10% du produit intérieur brut en France. Benoît Hamon développe un discours sans ambiguïté sur l’économie sociale et solidaire (ESS) en utilisant quelques phrases choc telles que : «ce n’est pas une économie de la réparation», «ce n’est pas un supplément d’âme du gouvernement pour se donner bonne conscience», « il n’y a pas une ESS gentille et vertueuse, les autres étant des méchants», etc. Pour le ministre, l’ESS, avec ses 10% du PIB et ses 2,4 millions de salariés en France, justifie la création d’un ministère au sein de Bercy pour développer une politique dynamique, et «comme un moyen et un but de sortir de la crise et d’inverser la courbe du chômage». Le modèle «une personne = une voix et réinvestissement des résultats dans l’entreprise» a fait ses preuves : «il est dynamique et performant, c’est un secteur créateur d’emplois et innovant». Son champ d’intervention est de plus en plus large : l’insertion, le handicap, la santé, le logement, etc., à travers des structures associatives, mutualistes, coopératives dans de multiples domaines économiques. Devant la difficulté à trouver un banquier public pour financer ce type d’activité, des moyens financiers vont être mis en place à travers la BPI (Banque publique d’investissement) pour intégrer la particularité des ESS. Ainsi, 500 M€ de crédits seront dédiés pour aider au développement de structures existantes ou nouvelles, l’idée étant également d’aider à la reprise d’entreprise par les salariés.
L’économie sociale et solidaire, une priorité dans le Pas-de-Calais. Dominique Dupilet considère «que l’ESS ne peut être considéré comme un modèle économique de seconde zone ou un choix par défaut. Elle représente une détermination et une ambition politique, un choix de vie, une volonté d’entreprendre différente. C’est ainsi que le conseil général du Pas-de-Calais a fixé le développement de l’ESS comme l’une de ses deux priorités pour 2013 au cœur de nos compétences et irrigué de manière transversale l’ensemble de nos politiques».
Ainsi, 13% des emplois, soit 48 390 postes, sont issus de ce secteur défini par certains comme «une nouvelle volonté d’entreprendre», qui regroupe de multiples activités conduites par des associations, des mutuelles, des fondations, ou encore des coopératives. «Ce secteur est aujourd’hui observé de près par les instances nationales et européennes car porteur en matière d’économie au service de l’homme.» Depuis plusieurs exercices, le conseil général du Pas-de-Calais soutient l’ESS de manière active et volontariste (près de 10 M€ par an). Conscient des enjeux (notamment en termes d’emploi) et fort de cette longueur d’avance, Dominique Dupilet passe ainsi la vitesse supérieure en créant ce Conseil départemental de l’ESS, «axe fort de ses politiques de développement, de cohésion sociale et écologique autour de trois priorités : faire connaître et reconnaître l’ESS ; soutenir, accompagner les structures ; fédérer pour impulser une nouvelle dynamique».
Le Conseil départemental de l’économie sociale et solidaire
Cette instance a pour mission générale de fédérer les acteurs privés et publics de l’économie sociale et solidaire(ESS). Ce conseil, animé par Jacques Napieraj, vice-président du Conseil général en charge du développement de l’ESS, est composé de neuf collèges acteurs (institutionnels, têtes de réseaux, finance de l’ESS, mutualistes et fédéralistes, syndicaux patronaux et salariés, universitaires et formation, consulaires, éducation populaire, personnes qualifiés) qui travailleront ensemble en quatre ateliers thématiques (charte et label, finance de l’ESS, harmonisation et simplification administratrice, promotion de l’ESS), Dominique Dupilet ayant proposé la mise en place d’un cinquième atelier sur la commande publique responsable.