Une ambition régionale commune

«Il faut soutenir un patron (…) avec une vision à long terme.» Ce sont les mots d’introduction de Patrick Colin, président de Picardie investissement, considérant cette alliance avec son homologue capital-investisseur nordiste comme «une coopération régionale forte» pour créer «un effet levier aux bénéfices multiples». Les objectifs de ce partenariat ? Co-investir, partager les compétences ainsi que les expertises pour soutenir l’innovation et la transformation des PME et ETI des Hauts-de-France. «Il faut collaborer pour avoir plus d’impact, cette coopération est une force», ajoute Jean-Pierre Letartre, président du groupe IRD.

Et cette force représente, ces deux acteurs réunis, 350 millions de fonds sous soutien ou animation, 250 entreprises de la région en portefeuilles et 20% investis en capital dans les entreprises des Hauts-de-France. «Cette connectique avec le versant nord et le versant sud de la région est une belle opportunité pour développer les capacités de développement des entreprises et les aider», confie Thierry Dujardin, directeur général du Groupe IRD. Pour aller encore plus loin, ce projet s’accompagne du lancement d’un nouveau fonds commun de 100 millions d’euros à réunir d’ici au début de l’année prochaine pour aider les PME et les ETI locales.

Ancrage territorial

Si le Groupe IRD et Picardie investissement s’associent au niveau régional – avec la création d’un comité stratégique commun –, ils restent néanmoins indépendants dans leur région respective, car la volonté première de ces acteurs est d’être une force territoriale «pour développer dans le local», prônent-ils. Plus qu’un partenariat, c’est une complémentarité qui a été signée, avec une vraie ambition sur le long terme pour les dirigeants, à horizon de plus de cinq ans. «Ainsi l’offre de services est élargie pour répondre aux enjeux de demain et au développement des entreprises», précise le directeur général du Groupe IRD. Car tout l’enjeu est là : accompagner la transformation des PME/ETI et améliorer leur modèle économique, mais aussi soutenir les start-up tout en boostant le business des entreprises et l’innovation des grandes entreprises.

Grâce à cette démarche, l’objectif est de créer une force économique attractive dans les Hauts-de-France pour qu’ainsi «des décideurs restent sur le territoire et en attirent d’autres», note Patrick Colin. C’est donc tout un écosystème vertueux et fort que veulent mettre en place ces capital-investisseurs, dont l’enjeu est «de préciser les financements et regarder les problèmes au plus près et non de haut», note encore Jean-Pierre Letartre. Une aubaine pour les entreprises qui traversent une crise économique depuis le début de l’année : «Ce partenariat n’est pas une réponse à la crise mais une opportunité, notamment dans la RSE», précise-t-il.

Conseiller, accompagner et financer

Mais au-delà du financement, le conseil et l’accompagnement sont au cœur de cette stratégie : si les entreprises sont en amont bien suivies, le financement sera davantage percutant. RH, stratégie économique… tous les domaines de la vie d’une entreprise peuvent être passés au crible par des experts pour éviter notamment les entreprises zombies. «Je dirais qu’il faut conseiller, accompagner, puis financer, résonne Thierry Dujardin. Surtout dans cette période car la crise de la Covid-19 a accéléré la transformation des entreprises. Financer, oui, mais pas seulement. Le conseil est primordial pour éviter les entreprises de se retrouver face au mur.» L’expertise du Groupe IRD et de Picardie investissement ferait la différence pour porter des projets à l’échelle de la grande région. Les projets RSE sont notamment en ligne de mire «pour que l’économie régionale soit ancrée, précise Gil Forteguerre, directeur général de Picardie investissement. Nous allons accompagner les entreprises dans cette dynamique RSE.» Élargir des outils d’amorçage à l’ensemble des Hauts-de-France, avec le projet de création d’un nouveau fonds en partenariat avec le Conseil régional et d’autres acteurs du capital-investissement, au premier trimestre 2021, est aussi une ambition. Ce fonds d’amorçage aura vocation à accompagner des projets technologiques issus de la recherche, visant les marchés de la santé et la médecine du futur, la bioéconomie, l’alimentation de demain, l’usine 4.0, la robotique et les objets connectés.

Un avenir économique fort et ancré s’accentue dans les Hauts-de-France d’autant que la région enregistre une tendance positive du flux des transactions depuis septembre. Un paradoxe positif qui ouvre peut-être la porte à une année 2021 plus fructueuse.