Artisanat

Un tailleur de pierres précieuses à Pont-de-Metz

Depuis deux ans, Antoine Couvillers est lapidaire à son compte à Pont-de-Metz, près d’Amiens. Il taille et polit les pierres précieuses. Un métier passion en voie de disparition.

Le lapidaire doit être très minutieux et très patient. (c)Aletheia Press/ Emma Castel
Le lapidaire doit être très minutieux et très patient. (c)Aletheia Press/ Emma Castel

Il a l’œil brillant quand il parle de son métier. Et l’œil de lynx quand il taille une pierre précieuse. Depuis son atelier, installé chez lui à Pont-de-Metz, Antoine Couvillers, 39 ans, perpétue un métier en voie de disparition : celui de lapidaire, tailleur de pierres précieuses. Ils ne sont plus qu’une dizaine en tout à l’exercer dans le pays.

Autoentrepreneur depuis deux ans, Antoine Couvillers s’est forgé une solide réputation auprès des bijoutiers-joailliers de la région, au fil du temps, « car il a fallu faire ses preuves, on travaille sur des matières précieuses ». L’essentiel de son activité est de restaurer des pierres abîmées par le temps.

Le déclic dans le Jura

Quartz, jade, émeraude, opale, aigue-marine, il travaille une cinquantaine de pierres, de toutes les formes et de toutes les tailles, jusqu’à parfois des pierres qui se comptent en dixième de millimètres. 

Avec ses lunettes loupes, et ses machines, il les taille et les polit. Les qualités principales dans son métier ? « La concentration, la minutie, la patience, sourit-il. On n’a pas le droit à l’erreur ! » 95% des pierres sont taillées près des mines, en Inde et à Madagascar, « mais elles le sont mal, il faut donc les reprendre ».

Cette passion des pierres et des minéraux, le trentenaire l’a depuis tout petit, « cela a démarré quand j’ai découvert dans mon jardin un biface, une pierre préhistorique en forme de poire, ça m’a fasciné ». 

Il y a dix ans, c’est le déclic. « J’étais en vacances dans le Jura, et je suis allé au musée des lapidaires à Lamoura. J’ai eu un coup de cœur pour le métier. » Il est alors aide-soignant dans une maison de retraite en Picardie, un travail qu’il n’exerce plus avec envie, « les cadences infernales, la non-reconnaissance, l’impression de mal faire, car tout est trop rapide ». Il le quitte il y a quelques années, et se lance dans une formation de lapidaire.

Antoine Couvillers travaille depuis chez lui, dans une pièce de sa maison aménagée en atelier. (c)Aletheia Press/ Emma Castel

Six ans pour maîtrises les techniques

Dans le Lot, il apprend avec Pierre-Marie Lamouret, un maître artisan lapidaire reconnu, qui a plus de 50 ans d’expérience, et dont la photo est accrochée sur l’un des murs de l’atelier d’Antoine Couvillers. 

Il passe des milliers d’heures à s’entraîner, d’abord sur du verre. « J’ai fait des allers-retours là-bas pendant six ans, c’est à peu près le temps qu’il faut pour maîtriser les techniques ». Il lui faut également connaître les pierres, leurs propriétés physiques, « pour ne pas faire d’erreur quand on les nettoie ».

Au premier confinement, il lance son activité, « l’idée d’être mon propre patron, de gérer mon temps est appréciable ». Pour perpétuer son métier, « avec la méthode artisanale des lapidaires du Jura », il propose des stages pratiques et théoriques, à son atelier. Des stages d’une semaine, seul avec le lapidaire ou de découverte sur une journée, avec des créations à partir de pierre brute, pour apprendre le polissage, le formage et la taille.