Un succès international pour le créateur Tissage d’art de Lys
Une entreprise centenaire dans la région est devenue si rare qu'on est amenés à se demander quelles recettes cache Tissage d’art de Lys, créateur de décoration à Lys-lez-Lannoy, toujours aussi innovante après 125 ans d'existence. Nicolas Bonte, à la tête de l'entreprise depuis 2007, nous dévoile les secrets de cette caverne à tissus au passé chargé d'histoire.
Il y a maintenant huit ans que Nicolas Bonte a pris les commandes d’Art de Lys. En reprenant cette entreprise de tapisserie traditionnelle, il a fait le pari ambitieux en 2007, de révolutionner la maison pour en faire une vitrine du savoir-faire régional en matière de création sur support textile, un «marché porteur». Filateur, tisseur puis confectionneur − autrement dit un expert en la matière ! −, Nicolas Bonte a toujours travaillé dans l’univers du textile. Une certaine expérience qu’il met donc au service de la petite entreprise lyssoise tout en préservant “la tradition des exportations“. De ses débuts dans la confection de tapis de prière en 1890 au marché de la tapisserie murale traditionnelle jusqu’en 2007, Tissage d’art de Lys a toujours eu ce goût pour l’exportation. Avant, l’Algérie était l’unique destination des tapis. Mais, depuis, bien des choses ont changé… C’est au monde entier que Tissage d’art de Lys livre ses créations. Et pas à n’importe qui : les boutiques de musées et les boutiques de décoration “luxe” représentent les deux clients privilégiés de la maison, pour une minorité de particuliers (acheteurs uniquement via des commerçants ou des architectes). Plus de 80% du chiffre d’affaires est réalisé avec les clients étrangers (Moyen-Orient, Amérique, Asie…), une plus faible proportion avec les Européens. Le Japon représente le premier pays exportateur, des clients exigeants qui apprécient le savoir-faire français. “Nous sommes connu dans le monde entier, mais pas mondialement connu, explique Nicolas Bonte, ravi de vendre ses collections aux quatre coins du monde. Tout est réalisé made in France. On crée, on dessine, on tisse, tout est fait sur place“, insiste le gérant.
Un travail minutieux. Styliste dessinatrice depuis 20 ans, Patricia confectionne les créations (coussins, chemins de table/lit, trousses et pochettes) à partir de dessins ou de photos. Un travail précis qu’elle combine aux modes mais aussi aux demandes des clients en adaptant les couleurs au tissage et en les regroupant par teinte. Les fils, achetés écrus, sont teints en métropole lilloise par des teinturiers. Tout peut être dessiné : “On choisit généralement deux thèmes par saison. Par exemple, les méduses, les têtes de mort, et depuis quelque temps les loups ! Mais nous sommes surtout réputé pour nos fleurs“, explique-t-elle. A chaque étape de la production, le temps est compté pour répondre à la forte demande : “En trois semaines, nous devons parfois créer un dessin, le confectionner, le tisser, l’envoyer au client, et très souvent dans de très faibles quantités.” Le tout avec une quinzaine de salariés… Si les clients font appel à Tissage d’art de Lys, c’est pour la bonne raison que “notre confection est plus travaillée que dans les autres pays“, confie Nicolas Bonte. Plus travaillée, mais aussi à quantité plus faible qu’ailleurs, “entre quatre et cinq mètres par heure selon les dessins. Ce n’est pas rapide par rapport à d’autres, mais faire de petites quantités fait partie de notre savoir-faire et nous le revendiquons. C’est important de pouvoir être réactif“. L’entreprise est reconnue pour faire du “haut de gamme et du sur-mesure“, la plus grande série allant jusque 150 mètres. “Pour certains, cela représente de l’échantillonnage, mais c’est ce qui fait notre particularité“, poursuit-il.
Diversité des modèles. Les collections, renouvelées tous les deux ans en moyenne, comptent 6 000 références. A l’image de La Dame à la licorne – la plus ancienne tapisserie de l’entreprise, exposée notamment au musée de Cluny –, les motifs les plus célèbres séduisent beaucoup les étrangers, notamment les Japonais, amoureux également des déclinaisons textiles de Marie-Antoinette.
“Une vraie reconnaissance“. Tissage d’art de Lys est labellisée EPV (“Entreprise du patrimoine vivant”), label donné par le ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi qui récompense le savoir-faire artisanal et industriel d’excellence des entreprises françaises. Une récompense dont Nicolas Bonte est fier : “Nous sommes à la fois haut de gamme et EPV. C’est une reconnaissance dans les pays asiatiques, mais aussi une reconnaissance du savoir-faire français.” En constante croissance depuis cinq ans, Tissage d’art de Lys reste à l’affût de “nouvelles conquêtes” et reste “très à l ‘écoute” de ses clients. A la fois traditionnelle et contemporaine, Tissage d’art de Lys ne compte pas s’arrêter en si bon chemin…