Un succès basé sur le grand export
Le 16 mars dernier, L'Express-L'Expansion titrait sur le made in France et "les dix produits qui cartonnent à l'étranger". A la quatrième position, coincé entre l'Asaq Winthrop, l'antipaludisme le plus vendu au monde, et le Sens 55, le voilier de Beneteau, le Bic Cristal affiche sa bonne mine. Plus de 100 milliards de stylos ont circulé depuis son invention en 1950. De quoi rassurer le directeur des usines de Boulogne-sur-Mer et Samer, Georges Furs.
Si Boulogne-sur-Mer est connue pour son poisson, elle l’est un peu moins pour ses références à l’écriture. Le Boulonnais est en effet le siège historique des sociétés de “la plume métallique”. En 1846, une société en nom collectif est constituée à l’initiative de Pierre Blanzy sous la raison sociale Blanzy, Poure & Cie. En 1856, création de Baignol et Farjon ; en 1860, Dubout & Cie. C’est en 1959 que l’entreprise Conté – créatrice de la mine graphite − s’implante à Boulogne. Forte du savoir-faire issu des fusions avec les entreprises précitées, elle acquiert de sérieuses compétences dans les articles de papeterie : crayons, porte-mines, plumes, porte-plumes. La rencontre avec le fameux baron Bich, challenger de la coupe de l’America, qui fut une figure emblématique du patronat français, va lui faire faire un virage à 180°. Le rachat est signé en 1979. Conté devient Bic. Qui s’impose rapidement à l’international. Le groupe est aujourd’hui n°2 mondial dans le secteur de la papeterie avec 8 % de parts de marché, n°1 pour les briquets avec 48 % de parts de marché et n°2 pour les rasoirs avec 20 % de parts de marché. Le groupe familial français a enregistré un chiffre d’affaires de 1,9 milliard d’euros en 2014, grâce notamment à ses performances à l’export. L’Amérique du Nord représente ainsi 45 % de ses ventes.
Les mines de Boulogne et Samer, 100 % français. La région boulonnaise compte deux sites, Boulogne-sur-Mer et Samer, et six zones de production. A elles deux, elles sont l’unes des quatre principales usines de l’activité papeterie de Bic, avec Val d’Europe près de Paris (où est fabriqué le Bic Cristal), Mexico et Manaus au Brésil. Et 252 salariés assurent la production de 850 millions d’unités par an, dont le fameux Bic Matic, autrement appelé porte-mine, les feutres petite pointe, les marqueurs, les ardoises, les gommes, les Plastidecor à Boulogne et les mines fines et les crayons Evolution à Samer. Tout est 100 % made in Boulogne, gomme, tubes, mines. Les process de fabrication relèvent de la haute ingénierie : injection, extrusion… C’est là que le bât blesse. “Ce sont des activités de plasturgistes que nous avons beaucoup de mal à recruter”, annonce le directeur, Georges Fur. Chaque composant est fabriqué de manière successive. Les machines sont en grande partie aménagées dans l’entreprise pour répondre aux besoins très techniques et bien spécifiques des produits qui sont soumis à la législation des normes du jouet. Pour un porte-mine, on compte 25 contrôles qualité… “Il ne faut pas perdre le contact avec le produit, explique Georges Furs. Il faut garder cette vision humaine. Il faut une traçabilité complète.” L’entreprise est inscrite dans une démarche de développement durable. Bic est passé du crayon de bois au crayon en plastique puis en plastique recyclé. “Nous travaillons avec de la matière plastique transformée, souligne le directeur, 57 % proviennent de matériaux de récupération tels que les rebuts de l’industrie du pot de yoghourt.“ Une dizaine de personnes travaillent dans le service recherche et développement pour coller à la vision de Bic : faire des produits simples, inventifs et fiables.
Lucy DULUC