Un sous-traitant industriel qui a du mal à recruter
Créée il y a une quarantaine d’années, la PME a emménagé dans un nouveau site en 2015. Son activité d’usinage voudrait se développer, mais les postes à pourvoir ne trouvent pas preneurs.
La société Parent, créée en 1975 par Jean-Pierre Parent, fait partie de ces sous-traitants de l’industrie beaucoup moins connus que leurs «donneurs d’ordres». Son activité, c’est la mécanique générale, l’usinage, «de la mise en forme de pièces par enlèvement de matière», comme le précise Ludovic Lebrun, commercial. Ses clients sont dans la fonderie, la forge, la cimenterie, le domaine maritime, la métallurgie et la sidérurgie, le ferroviaire, l’énergie, la papeterie, l’hydraulique… La société fait de la prestation de services, dispose d’un bureau d’études, fabrique, répare, fait de la maintenance. Les pièces usinées, ajoute le commercial, peuvent avoir un poids allant de 5 kg à… 7 tonnes. C’est de la mécanique générale mais aussi de précision, indispensable aux gros industriels, pour moteurs et équipements…
Agrandissement et déménagement. Il y aura bientôt deux ans, l’entreprise, toujours familiale, qui fait travailler environ 25 personnes, a quitté son site historique de Noyelle-sur-Sambre pour s’installer à l’une des entrées de Maroilles, route de Maubeuge, non loin de là. Ludovic Lebrun précise que la surface couverte est ainsi passée de 1 000 m2 à 3 500 m2. De quoi mieux organiser un parc aujourd’hui d’une trentaine de machines (tournage, fraisage, mortaisage…).
«Le projet de s’agrandir remonte à environ quatre ans. Nous n’avions pas de terrain à côté et nous avions racheté, à la suite du départ en retraite de son patron, une entreprise de mécanique générale située à Landrecies. On l’avait reprise en 2013, avec le personnel, les murs et les machines. Pour ces raisons, il nous fallait un site neuf et plus grand.» L’emménagement, avec regroupement, s’est fait en septembre 2015. Quelques embauches ont été réalisées lors de l’opération.
Une dynamique freinée. La société Parent est donc un sous-traitant de l’industrie. Selon M. Lebrun, ses clients et donneurs d’ordres, une soixantaine de «réguliers», se trouvent pour moitié dans les Hauts-de-France et pour moitié dans le reste de la France et en Belgique. Le choix d’un nouveau site, dit-il, traduisait aussi l’ambition de trouver de nouveaux clients et d’investir de nouveaux secteurs, comme la construction navale.
Et là, curieusement, alors que l’entreprise est dans une dynamique certaine, voilà qu’elle se heurte à la difficulté de recruter. Elle recherche, par exemple, des fraiseurs sur commande numérique, ayant un CAP, une expérience de un à quatre ans. Mais, en avril, elle n’arrivait pas encore à les trouver. A écouter M. Lebrun, cette difficulté est un frein à la prise de commandes du fait des délais à tenir pour les clients.
Qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi une PME comme Parent n’arrive-t-elle pas à pourvoir les postes qu’elle veut créer ? Le problème a déjà été soulevé et des explications ont déjà été avancées. Il est possible qu’en Sambre-Avesnois, le secteur industriel souffre toujours d’une mauvaise image parmi les familles qui ont vu beaucoup d’usines se fermer. Les métiers industriels sont perçus comme étant à la fois durs (même si l’informatisation est passée par là) et menacés par la désindustrialisation. Du coup, le tertiaire aurait davantage la cote.
On ne peut pas écarter non plus le fait que les programmes d’enseignement technique (en dehors de l’apprentissage) ne soient toujours pas à la hauteur des besoins et attentes des entreprises. En tout cas, une chose est sûre : des entreprises industrielles ne trouvent pas les personnes formées et motivées qu’il leur faut. En avril, la société Parent en cherchait trois ou quatre, en le faisant même largement savoir. Y compris à la télé et dans la presse locale.