Un sous-traitant face à la crise

Comment un “invisible” de l’industrie fait-il pour s’en sortir ? Voici l’exemple et le témoignage de Serim, à Marpent, non loin de Maubeuge. Cette PME de 25 salariés travaille pour de nombreux, et divers, donneurs d’ordre.

L’entreprise Serim (Services études réalisations industrielles et maintenance), basée à Marpent, entre Maubeuge et Jeumont, fait partie des “invisibles” de l’industrie, c’est-àdire de ces PME qui travaillent dans l’ombre de donneurs d’ordre bien plus connus qu’elles. Avec l’obligation de tenir bon la barre, depuis trois ans, dans la traversée d’une crise qui ne se termine pas. Fin juin, dans ce contexte économique difficile, la société a fêté ses 25 ans, marquant l’événement d’un repas convivial réunissant l’ensemble du personnel. Et 25, c’est aussi le nombre de ses salariés : “un salarié par année d’activité”, résume Jean-Claude Philippe, créateur de l’entreprise en 1986. Directeur général, il a passé le relais à son beau-fils, Sylvain Bèle, le jeune gérant de 31 ans.

Débuts artisanaux et déclics. Les débuts d’une entreprise méritent toujours d’être racontés. “Le démarrage a demandé cinq ans, se souvient Jean-Claude Philippe. Au départ, mon épouse, Eliane, était gérante tandis que moi j’étais cadre dans une entreprise de la métallurgie du bassin de la Sambre. On a d’abord embauché un tourneur, qui avait subi un licenciement. On avait acheté un vieux tour et entamé une activité de sous-traitance, un marché à l’année… L’activité a vraiment décollé avec l’arrivée d’un responsable technique, le maillon qui nous manquait. Ça n’a pas été facile de trouver la personne compétente et de réunir le budget nécessaire à cette embauche. Mais c’est bien à partir de là que nous avons commencé à sortir de notre cadre artisanal.”

Pour sa part, M. Philippe a rejoint l’entreprise, pour de bon, il y a sept ans, à la suite d’un licenciement. “C’était en 2004, j’avais 57 ans dont 30 dans la même maison.” Un nouvel élan a été donné et l’entreprise a entamé une progression, sans à-coups, jusqu’en 2008. Sylvain Bèle l’a rejoint en 2006 pour s’occuper des commandes et de la direction commerciale. L’élan est venu des orientations prises : travail avec les grands du ferroviaire dans le Valenciennois et extension du rayon de prospection, bien au-delà du Val de Sambre, vers tout le nord de la France et la région parisienne. De l’importance d’un bureau d’études. En 25 ans, l’activité a évolué. “Au départ, poursuitil, on faisait de la mécanique générale. On fabriquait des pièces pour l’industrie, avec des premiers clients dans le bassin de la Sambre. Tout de suite, il y a eu un bureau d’études ; c’est ma formation et aussi le meilleurmoyen de nous différencier de nos concurrents et d’apporter un service supplémentaire. Aujourd’hui, le conseil, l’expertise, l’usinage, la fabrication des machines, la maintenance, qu’on a d’ailleurs boostée avec la crise, tout cela se complète bien.”

Les moyens de faire face. Tout en relatant la croissance régulière de l’entreprise, Jean- Claude Philippe passe en revue les moyens mis en oeuvre pour survivre à une crise, très dure, dans laquelle, constate-t-il avec amertume, certains donneurs d’ordre n’ont pas toujours été “solidaires”, loin de là, de leurs sous-traitants habituels. Parfois, les mots se font durs quand il aborde ce sujet : pression sur les prix, recours au low cost, rareté des commandes, la lente asphyxie qui guette… “Dans ces momentslà, on aimerait un vrai partenariat, une vraie fidélisation”, lâche-t-il, remerciant au passage les clients qui ne les ont pas lâchés. Outre le développement de la maintenance et de la prospection, d’autres orientations ont été prises. Et Serim n’est vraiment pas restée inactive.

L’exportation est apparue. “En 2008, le chiffre d’affaires à l’export, c’était zéro. En 2011, il est à 6%, notamment avec la Belgique, dans le domaine des biens d’équipement, les travaux publics, l’industrie lourde.”

L’entreprise a procédé également à une augmentation du capital de l’entreprise afin d’assurer de la trésorerie. Des sacrifices personnels ont été faits (il évoque sa propre rémunération). La diversification des clients a été poursuivie.

Et puis, il y a eu des investissements, “pour préparer l’avenir” : une nouvelle machine (un centre de tournage) ; l’achat de 500 m2 voisins pour étendre les locaux (et ce n’est pas fini) ; l’embauche d’un informaticien, “pour renforcer le bureau méthodes et développer les outils informatiques utiles à l’entreprise”.

Précisons qu’une petite activité de création de sites Internet pour des professionnels et de prologiciels s’est mise en place. Elle représente aujourd’hui environ 2% du CA.

Des aides. Aujourd’hui, l’entreprise, qui a toujours des projets, a retrouvé un niveau de chiffre d’affaires comparable à celui de 2006, soit 1,5 million d’euros.

M. Philippe ne cache pas que des institutions ont apporté des aides (Conseil régional, Datar et Oséo, Agglomération Maubeuge-Val de Sambre). Mais il précise que ces aides supposaient justement d’avoir des projets, d’investir, d’embaucher, d’emprunter et “d’avoir un dossier solide”. Aide-toi…