"Un rêve s'éteint" pour le LMR
C'est désormais officiel... Le LMR n'évoluera pas en Pro D2 la saison prochaine. Le tribunal administratif de Versailles a rejeté la dernière requête du club lillois le jeudi 20 août, brisant le rêve de tout un club et de toute une région qui pensait enfin voir un club de rugby professionnel se faire une place parmi les plus grands. L'heure est à l'incompréhension, la colère et la tristesse... Retour sur cette affaire qui a secoué le monde du ballon ovale.
Le 31 mai dernier à Nevers, les Lillois fêtaient leur montée historique en Pro D2.
Un été mouvementé. Alors que le LMR fêtait au soir du 31 mai son accession historique en Pro D2 à Nevers, l’euphorie est retombée trois semaines plus tard suite à la décision défavorable de la DNCG, opposée à la montée. Pourtant, après trois échecs consécutifs aux portes de la Pro D2 (2012, 2013, 2014), celle-ci semblait la bonne. Mais les instances sportives en ont décidé autrement…
Fin juin, la DNCG s’est montrée défavorable à la montée du LMR. En cause, des dettes d’environ 800 000 euros datant de la période 2011-2014. S’en sont suivis des appels à répétition (voir encadré)… Sans succès. Or, selon Stéphane Desreumaux, actionnaire majoritaire du club, “pour qu’un club accède à la Pro D2, il fallait que le club ait une situation financière positive au 30 juin 2015. C’est ce qu’on a fait, et elle est certifiée par un commissaire aux comptes, c’est scandaleux“. Mais ce qui bloquait avant toute chose les institutions, c’est que le LMR soit parvenu à jouer en Fédérale 1 cette saison, étant donné que les créances jugées douteuses devaient l’en empêcher. Pourtant, le LMR avait été pénalisé en décembre dernier d’un retrait de deux points pour une situation financière négative datée du 30 juin 2014. “En partant d’une situation déséquilibrée, le club a fait énormément d’efforts. Nous avons écopé de la pénalité, alors pourquoi une double condamnation ? Est-ce qu’on veut du rugby au nord de Paris ? Je ne sais pas“, déclarait Stéphane Desreumaux il y a encore une semaine. Pour démontrer que la situation nette comptable était bel et bien à l’équilibre, le commissaire aux comptes avait certifié l’intégralité des comptes du club. Chose qui n’a visiblement pas pesé dans la décision finale…
Un changement de direction. L’été dernier, Jean-Paul Luciani prend les rênes du club et Stéphane Desreumaux devient actionnaire principal et s’investit pleinement dans le club. Depuis leurs arrivées, ils n’ont qu’un seul objectif : “faire du LMR le grand club du Nord de la France“. En effet, lorsqu’on regarde la carte de France, le constat est percutant : tous les clubs de Pro D2 se concentrent dans le sud de la France et principalement le Sud-Ouest. Serait-il donc question d’une pression maintenue des sudistes sur la FFR ? C’est en tout cas ce qu’on peut penser suite à la présence de Dax au tribunal, aux côtés de la… FFR, et ce, à la surprise générale. La semaine dernière, les dirigeants lillois justifiaient cette “injustice” : “Le Nord-Pas-de-Calais a un potentiel économique aussi important que l’ensemble des clubs du Sud-Ouest qui se partagent les parts du gâteau. Notre région est capable de lever de très gros moyens très rapidement. Le LMR fait très peur.” Aujourd’hui, il ne fait plus peur… Il a clairement été sacrifié au profit de Dax, 15e de Pro D2 et heureux repêché.
Quel avenir pour les joueurs ? Ce triste dénouement entraîne de lourdes conséquences : le budget de 5 M€ passera à 2 M€ pour la Fédérale 1, la masse salariale sera donc directement revue à la baisse. Pour les joueurs, l’avenir est toujours entre parenthèses, à l’image de Guillaume Potelle, complètement déboussolé : “Je suis dans le flou complet, comme tous les joueurs. On ne pensait pas une minute à la Fédérale 1, c’est un rêve qui s’éteint.” Les recrues estivales – environ une dizaine – quitteront sûrement la capitale des Flandres pour d’autres horizons… “C’est une injustice, une trahison complète de la FFR. On a bien compris qu’on ne voulait pas de nous en Pro D2“, proclamait le pilier de l’équipe. Retour à la case départ donc pour le LMR qui devra se relever à la suite d’une telle déception…
Dates clés
9 décembre 2014 : la DNCG pénalise le LMR d’un retrait de deux points pour une situation financière négative (créances douteuses) datée du 30 juin 2014.
31 mai 2015 : le LMR obtient son accession historique pour la Pro D2.
26 juin 2015 : la DNCG est défavorable à la montée du LMR pour raisons financières.
20 juillet 2015 : la commission d’appel fédérale confirme la décision de la DNCG.
10 août 2015 : le CNOSF refuse de nouveau la montée du LMR. Le club saisit donc le tribunal administratif.
20 août 2015 : le tribunal rejette la requête du LMR, qui est définitivement privé de Pro D2.
Notes :
DNCG : Direction nationale de contrôle de gestion
CNOSF : Comité national olympique et sportif français
FFR : Fédération française de rugby
Marie BOULLENGER