Un procédé pour récupérer l’énergie des fumées industrielles sans la pollution

Après avoir développé un échangeur thermique qui permet de récupérer la chaleur de l’air en la débarrassant de son humidité, la start-up grand-synthoise veut maintenant s’attaquer à la récupération de l’énergie contenue dans les fumées industrielles. Sans la pollution.

Jaouad Zemmouri (3e en partant de la gauche), coassocié, entouré d'une partie de l'équipe de Terraotherm devant ses locaux de Grande-Synthe.
Jaouad Zemmouri (3e en partant de la gauche), coassocié, entouré d'une partie de l'équipe de Terraotherm devant ses locaux de Grande-Synthe.

D’abord installée à Villeneuve-d’Ascq, Terraotherm s’est délocalisée dans la zone industrielle de Grande-Synthe en 2011, pour développer l’invention de l’un de ses deux associés, Jaouad Zemmouri, professeur de physique fondamentale à l’Université de Lille 1 : un échangeur thermique révolutionnaire, le «Terrao», qui permet de récupérer les calories de l’air débarrassées de leur humidité pour chauffer des bâtiments. «A l’époque, nous avions déjà huit salariés et nous avions besoin d’un terreau industriel pour donner un coup d’accélérateur à notre produit, commente Jaouad Zemmouri. Or, il se trouve qu’avec mon associée, Audrey Keneubrock, nous avons reçu un accueil des plus favorables de la part de la communauté urbaine de Dunkerque et de la Ville de Grande-Synthe qui ont cru tout de suite en cette innovation.» Sept ans plus tard, la start-up compte 22 salariés. Grâce à un partenariat avec Dalkia, filiale d’EDF qui a acheté la licence pour pouvoir commercialiser le Terrao, la start-up a même vu les ventes exploser. «Notre produit est utilisé pour chauffer les piscines municipales, les élevages agricoles, les centres commerciaux, les maternités ou encore les serres, comme celles du lycée horticole de Dunkerque qui a été notre premier client». A la clé pour les utilisateurs, entre 20 et 60% d’économie d’énergie et un investissement rentabilisé en moins de cinq ans.

Un nouveau produit innovant

Et le développement de Terraotherm ne semble pas prêt de s’arrêter puisque les deux associés ont mis au point un nouveau produit, le «Terraosave» qui ne va plus capturer les calories de l’air mais celles contenues dans les fumées industrielles. «L’idée est toujours de récupérer de l’énergie pour pouvoir s’en servir pour chauffer des bâtiments. Sauf que là, nous sommes allé encore plus loin dans l’innovation avec un produit qui sera capable de supprimer les pollutions de l’énergie contenue dans les fumées industrielles. Notre process nous permet de les transférer dans de l’eau afin de les ‘laver’, une eau qui sera ensuite traitée pour éliminer toute trace de pollution», résume Jaouad Zemmouri dont l’ambition n’est rien moins que de débarrasser le Dunkerquois de toute sa pollution industrielle d’ici une petite dizaine d’années. Utopique ? En attendant, Terraosave intéresse à l’international, notamment pour des applications dans les chaufferies. La Chine a, par exemple, signé une licence avec un fabricant de cheminées pour le marché nord-européen. Et au niveau local, un pilote du Terraosave est actuellement testé au Centre de valorisation énergétique de la CUD. La start-up souhaite maintenant convaincre les industriels du territoire de tester ce procédé, dont elle affirme que l’investissement pourra être rentabilisé en quelques années.