Un peu de douceur angevine sous Notre-Dame ? La tombe de Du Bellay peut-être identifiée

Les fouilles archéologiques à Notre-Dame de Paris ont permis de découvrir une sépulture qui pourrait être celle du poète Joachim du Bellay, dont on savait qu'il avait été inhumé dans...

Un des sarcophages de plomb retrouvé à Notre-Dame, photographié le 15 mars 2022 © JULIEN DE ROSA
Un des sarcophages de plomb retrouvé à Notre-Dame, photographié le 15 mars 2022 © JULIEN DE ROSA

Les fouilles archéologiques à Notre-Dame de Paris ont permis de découvrir une sépulture qui pourrait être celle du poète Joachim du Bellay, dont on savait qu'il avait été inhumé dans la cathédrale sans connaître l'emplacement exact.

Lors des fouilles menées à l'occasion du chantier de restauration de Notre-Dame, les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont notamment trouvé en 2022 deux sarcophages en plomb anthropomorphes à la croisée du transept.

L'un des deux sarcophages, qui portait une épitaphe, a été rapidement identifié comme celui du chanoine Antoine de La Porte (1627-1710). Mais l'identité de la seconde personne, un homme âgé d'une trentaine d'années, est restée mystérieuse.

Les analyses effectuées à l'institut médico-légal du CHU de Toulouse ont permis d'en savoir plus sur cet inconnu: la déformation de son os coxal indique qu'il montait à cheval, son crâne scié et son sternum fracturé montrent qu'il a été autopsié avant d'être embaumé...

Surtout, ses ossements portent les traces d'une pathologie extrêmement rare: une tuberculose osseuse cervicale ayant entraîné une méningite chronique.  

Un "portrait-robot" qui correspond à celui du poète Joachim du Bellay, né à Liré, en Anjou, en 1522. 

"C'était un cavalier émérite, il est allé de Paris à Rome à cheval, ce qui n'est pas rien quand on a une tuberculose comme lui. Il a d'ailleurs failli en mourir", a détaillé Eric Cubrézy, médecin et archéologue, mardi lors d'une conférence de presse de l'Inrap.

Les poèmes et la correspondance du grand poète de la Renaissance font référence à sa surdité et à ses maux de tête, deux signes de méningite chronique, a relevé M. Cubrézy, qui a également retrouvé des traces de son autopsie.

Il reste des doutes

Durant sa courte vie, Du Bellay passe plusieurs années à Rome au côté de son oncle cardinal, où la nostalgie de la "douceur angevine" lui inspire son plus célèbre sonnet, "Heureux qui comme Ulysse". En 1557, le cardinal, ancien évêque de Paris, le renvoie dans la capitale française pour s'occuper de ses affaires.  

C'est là qu'il meurt dans la nuit du 1er au 2 janvier 1560 à l'âge de 37 ans. 

La famille de l'auteur des "Regrets" demande qu'il soit inhumé dans la chapelle Saint-Crépin de Notre-Dame. Mais en 1758, lors de travaux, sa tombe n'y est pas retrouvée.

Son emplacement à la croisée du transept pourrait s'expliquer par une sépulture transitoire devenue permanente, en raison de querelles avec le chapitre des chanoines de Notre-Dame, ou par un transfert du cercueil en 1569 après la publication de ses oeuvres complètes, selon M. Cubrézy.

"Il reste des doutes" sur l'identité de la personne reposant dans ce sarcophage, a cependant tempéré Christophe Besnier, un des responsables des fouilles à Notre-Dame, citant notamment "l'analyse des isotopes" qui "montre qu'on est face à une personne qui a vécu en région parisienne ou dans la région Rhône-Alpes jusqu'à ses dix ans".

"Le fait qu'on n'ait pas retrouvé sa tombe lors des fouilles à Saint-Crépin ne veut pas dire qu'elle n'y est pas. J'attends le résultat de toutes les études qui sont en cours, notamment une qui permettra de connaître son âge (du défunt, NDLR) à l'année près", a indiqué l'archéologue.

Les fouilles menées à Notre-Dame après l'incendie du 15 avril 2019 ont permis d'autres découvertes. Les archéologues ont notamment mis au jour de nombreux éléments de l'ancien jubé, une tribune en pierre, ornée de statues, qui formait une sorte de barrière et séparait le chœur liturgique de la nef et des fidèles jusqu'à sa destruction au XVIIIe siècle. 

Plus de 700 fragments présentent leur polychromie d'origine, alors qu'il ne subsistait jusqu'à présent presque rien du décor peint initial de Notre-Dame, dont la réouverture est prévue début décembre.

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