Un parc de loisirs 100% nordiste, qui prend le large…

Connu sous le nom d’Inquest, le parc de loisirs indoor devient aujourd’hui Koezio afin de mieux enjamber les frontières et se jouer doucement de la crise. Après Lille et maintenant Paris, Bruxelles et Londres sont en ligne de mire.

Bertrand Delgrange, le fondateur d'Inquest.
Bertrand Delgrange, le fondateur d'Inquest.
Inquest.

Bertrand Delgrange, le fondateur d'Inquest.

Avec 6 000 m2 de surfaces développées sur deux niveaux, un espace de restauration amélioré, des parcours et des énigmes revisités, conformes à de véritables histoires d’agents secrets, Koezio ne reste plus uniquement à l’ombre du campus Décathlon (Villeneuve-d’Ascq) mais fait un véritable bond vers d’autres horizons.

Une success story à la façon ch’ti. L’histoire remonte en 1996.  Du haut de ses 23 ans, Bertrand Delgrange n’ a alors que quelques bagages dans le secteur de la distribution (Paul et Auchan). Aucun diplôme en poche, il décide alors de traîner seul ses galoches aux États-Unis pour s’imprégner des concepts en vogue, avec la ferme intention de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale dès son retour en France. Ce sportif-né griffonnera une trentaine d’ idées, mais n’en retiendra qu’une à la suite d’un périple de cinq mois : “amener la montagne en ville”, avec la création d’une salle d’escalade atypique qui deviendra, en 1997, What’s Up, implantée au cœur de la métropole lilloise. Mais le temps de rentabiliser ce concept, d’autres ont planté leurs crampons dans le reste de l’Hexagone. Le marché étant pris d’assaut, voilà que dix ans plus tard, le jeune patron se lance dans la quête d’un nouveau parc urbain . “Je désirais trouver un concept qui mêle à la fois les jeux vidéo et les jeux d’aventure en équipe, tel que Fort Boyard. L’escalade est une activité individualiste. Mon objectif étant de diversifier ma clientèle et de tabler davantage sur l’accueil des entreprises, j’ai donc réfléchi à un concept innovant et bien plus collectif que le laser game par exemple, prônant convivialité, stratégie et esprit d’équipe”, développe le concepteur. C’est ainsi qu’en 2006, Inquest devient un parc de loisirs unique sur le marché français et international, tourné autour de valeurs humaines, de l’effort physique et intellectuel, dans un cadre high-tech aux allures futuristes. Un hasard ? Peut-être pas car ce natif du Nord n’est autre que le petit-fils d’Henri Parent, le créateur en 1955 du parc Bagatelle, le plus ancien parc d’attractions français toujours en activité. Autant dire que dans le plat pays naît une véritable petite dynastie dans le domaine des loisirs.  

 

Inquest.

Le parc de loisirs Inquest, désormais sous l'appellation Koezio mêle énigmes et activités sportives, dans un esprit d'équipe. Le concept plaît et s'exporte.

De grands changements pour 2013-2014. Il aura malgré tout fallu près de 3 millions d’euros d’investissements et quatre années de labeur pour ancrer en région ce prototype bien ficelé et surtout à la pointe de la sécurité. “Afin de faire évoluer le concept et d’obtenir une aide financière, je me suis rapproché de Michel Leclerc, le fondateur de Decathlon, qui a lancé en 2010 son propre fonds d’investissement privé – Genairy −, spécialisé dans les pratiques sportives et culturelles. Il a été séduit par le projet et m’a aidé”, confie l’entrepreneur, qui ne détient que 20% de parts d’Inquest. Avec une progression de l’activité de 15% en 2012 et un chiffre d’affaires estimé à 2,4 millions d’euros, les investisseurs sont bien décidés à faire connaître un concept adopté tant par le grand public que par les entreprises. Alors, pour mieux conquérir le marché européen et surtout londonien en 2014 (à côté du site olympique), Inquest est devenu Koezio signifiant “cohésion”. La nouvelle appellation collerait ainsi plus à l’image du jeu d’aventure. En même temps que ce changement radical et qu’une refonte du site internet, le fondateur a ouvert un second parc en mai dernier, après deux ans de travaux, dans le très convoité centre commercial Carré Sénart, en Ile-de-France. “Nous ciblons 200 000 visiteurs d’ici trois ans, en sachant qu’un visiteur vient une à deux fois par an. Nous renouvelons également 60% de nos jeux, dont 30% de notre activité aérienne, que nous testons dans ces deux parcs. Certains jeux tactiles sont d’ailleurs développés par des entreprises nordistes. Plusieurs langues sont disponibles comme le français, l’anglais, le néerlandais et l’espagnol.” Une troisième implantation, plus à l’est de Paris, est également dans les tuyaux pour l’année prochaine, ainsi que Bruxelles. Et avec 25 salariés par parc, le projet est un véritable vivier d’emplois. “Ma fierté, c’est également de faire grandir et évoluer mes employés. Aujourd’hui, le directeur du nouveau parc de Paris est un ancien salarié de What’s Up”, conclut-il.
Sur sa lancée, le quadragénaire étudie aussi d’autres villes françaises et projette d’exporter sa pépite plus largement à travers le monde, ce qui a tendance à donner le vertige aux autres parcs régionaux et nationaux qui décollent plus difficilement. Mais pour lui, c’est loin d’être une mission impossible.