Un nouveau président du parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale
L’ancien député Emmanuel Maquet vient d’être élu lors d’un conseil de gestion qui s’est déroulé à Saint-Valery-sur-Somme. A l’heure où le réchauffement climatique promet des bouleversements difficilement maitrisables, le parc naturel marin s’affirme comme un acteur incontournable tant au niveau de l’expertise que du dialogue.
Le parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale a été créé en 2012 pour améliorer la connaissance et préserver la biodiversité de cet espace, de 2 300 km² qui s’étend d’Ambleteuse dans le Pas-de-Calais au Tréport dans la Seine-Maritime (soit 37 communes et onze zones Natura 2000), et accompagner les acteurs maritimes, notamment les chasseurs, au respect de cet environnement.
Il se compose de 61 membres regroupant l’ensemble des parties prenantes impliquées sur le territoire du parc. Ils font partie de cinq collèges : collectivités territoriales, usagers, État, associations de protection de l’environnement et activités professionnelles.
Le plan de gestion, validé en 2016, constitue la feuille de route du parc sur 15 ans. Il est décliné en quatre grands objectifs : préserver le patrimoine naturel (préconisations de trajet, de période de l’année et balisage pour des activités type courses ou randonnées nature, préservation des gravelots lors de la période de reproduction en balisant les nids sur les galets), atteindre le bon état des eaux, valoriser le patrimoine culturel et paysager (actions éducatives auxquelles sont consacrées 100 000 euros) et soutenir la transition des activités vers plus de durabilité (exemple avec des filets de pêche en matière biodégradable à dix ans). 50 % des objectifs sont atteints.
La biodiversité, c’est la vie
« L’objectif, c’est la biodiversité, car c’est la vie, explique Frédéric Fasquel, directeur du parc et délégué du directeur général de l’office français de la biodiversité auprès du conseil de gestion. Mais pour cela il faut obtenir l’adhésion des gens, de la population qui vit et travaille sur le littoral. Faire ensemble, ça prend du temps. L’important, c’est le dialogue. »
Le conseil de gestion valide chaque année le programme d’actions à mener ainsi que les rapports d’activités. Il décide des aides financières et techniques apportées aux projets s’inscrivant ses objectifs et rend des avis (simples ou conformes) sur tout projet maritime ou terrestre qui concerne le parc, comme par exemple sur les deux projets d’éolien offshore au large du Tréport et du Touquet (abandonné).
Pour cela, le parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale dispose de moyens humains (23 agents) basés dans maison du parc naturel marin à Saint-Etienne-au-Mont dans le Pas-de-Calais et de trois navires et bientôt quatre, car une nouvelle Vedette est attendue dans les prochaines semaines pour réaliser des mesures de qualité de l’eau, souillée à 80% par les rejets dans les cours d’eau et les sols, et évaluer la présence de l’étouffant phytoplancton. Le parc naturel marin se doit d’être un laboratoire et d’accompagner les innovations. Parmi les projets en cours ou à venir citons citons l’utilisation de bouchots en matière biodégradable, une réflexion sur une possible dépoldérisation en baie d’Authie et la poursuite d’études sur la dépoldérisation de la ferme Caroline au Hourdel, suivi des mammifères marins (marsouins, phoques.…).
Gestionnaire de quatre sites Natura 2000
Quatre sites Natura 2000 présentent plus de 50% de leur surface dans le parc qui en est le gestionnaire direct : directive oiseaux (estuaire de la Canche et estuaires picards de la baie de Somme et de la baie d’Authie) et directive habitats (baie de Canche et couloir des trois estuaires et estuaires et littoral picard de la baie de Somme et d’Authie). Il s’agit du cap Gris-Nez, de l’estuaire de la Canche, des estuaires picards de la baie de Somme et d’Authie et du littoral seine-marin. De même, le parc réalise actuellement, en concertation avec les comités régionaux de pêches des Hauts de France et de Normandie des analyses de porter atteinte aux objectifs de conservation des habitats marins de chaque site N2000.
« Ce sont des sujets auxquels je suis sensible, a expliqué Emmanuel Maquet, ancien maire de Mers-les-Bains et député de la Somme, devenu donc nouveau président bénévole du parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale. J’ai notamment été président du syndicat mixte baie de Somme grand littoral picard. J’ai siégé au comité national du trait de côte. J’ai participé à la COP 15 sur la biodiversité au Canada il y a deux ans. » Lui aussi prône pour le dialogue : « Chacun dans son domaine a ses connaissances du milieu, tous peuvent œuvrer dans ce sens. S’il n’y a pas d’adhésion, ce sera de mauvaise politique. On ira dans le mur. »
La stratégie d’actions 2024/2026 s’articule en cinq axes : évaluation du milieu, des habitants, des espèces et des fonctionnalités; protection et restauration des patrimoines (naturel et culturel comme par exemple avec les salicornes); réduction des dérangements et des captures accidentelles des espèces; réductions des pressions physiques sur les habitats et les espèces; et surveillance des réductions des pollutions.
Un président et quatre vice-présidents
Ses membres se sont réunis à Saint-Valery-sur-Somme pour procéder à l’élection de leur nouveau président. Emmanuel Maquet a pris la suite pour au moins cinq ans de Dominique Godefroy élu depuis 2014. Patrick Kraemer, également vice président de la Communauté de communes du Marquenterre est , quant à lui, vice-président des collectivités territoriales et de leurs groupements.
Dans celle des organisations professionnelles, le vice-président est
Olivier Leprêtre, président du comité régional des pêches des
Hauts-de-France. Bernard Florin, administrateur de la fédération
départementale des chasseurs de la Somme, est le nouveau vice-président
"usagers". Quant à Patrick Thiery, président de Picardie Nature, il est
vice-président "parc naturel régional, aire marine protégée,
associations de protection de l’environnement et du patrimoine culturel
et personnalités qualifiées".
Ce conseil de gestion veille à la mise en œuvre du projet de territoire et se prononce sur toutes les questions intéressant le parc marin. Il se réunit deux à trois fois par an et valide les modalités de plan de gestion des sites inclus dans le périmètre du parc à travers différentes actions : chartes, partenariats suivis, opérations de restauration de protection ou de valorisation.