Un nouveau leader sur un marché en pleine concentration

Humanis et Malakoff Médéric devraient se rapprocher dès le 1er janvier 2019. Ce projet de fusion illustre les bouleversements que connaît à l’heure actuelle le marché de la protection sociale, avec une course à la taille critique. Rencontre avec leurs directeurs généraux, pour mesurer notamment l'impact social dans la région. 

De gauche à droite, les directeurs généraux d'Humanis, Olivier Mesnard et de Malakoff Médéric, Thomas Saunier.
De gauche à droite, les directeurs généraux d'Humanis, Olivier Mesnard et de Malakoff Médéric, Thomas Saunier.

Humanis et Malakoff Médéric – 5e et 2e groupes de protection sociale – ont adopté le 13 juin 2018 le principe de leur rapprochement au 1er janvier 2019 pour les activités retraite et assurance de personnes. Ils sont maintenant en attente des avis des autorités et des représentants du personnel. En cas de confirmation, ce sera un acteur de poids supplémentaire, après la création de VYV autour des groupes MGEN, Istya et Harmonie et, d’autre part, deux autres rapprochements : entre la Macif et Aesio, puis la Matmut et AG2R La Mondiale.

Un marché de plus en plus exigeant

En matière de retraite complémentaire, il s’agit en effet de faire face «aux exigences d’efficience renforcées en matière de gestion» dans le cadre du deuxième plan d’économies de l’Agirc et de l’Arrco, demandant un effort total de 300 millions d’euros à l’ensemble des groupes de protection sociale d’ici à 2022. Pour Thomas Saunier, directeur général de Malakoff Médéric, «avec la réforme des retraites, on devrait intervenir dans l’inter-régimes». Sur le marché de l’assurance des personnes, depuis le 1er janvier 2016, la réforme réglementaire européenne du monde de l’assurance Solvabilité II exige de ces groupes d’avoir des fonds propres supplémentaires. La pression concurrentielle s’est aussi intensifiée en santé et en prévoyance collective depuis la généralisation des contrats d’entreprise en santé (ANI). «Et il faut également investir davantage en matière d’innovation, le digital et le data», précise Thomas Saunier

Le rapprochement devrait créer un groupe financièrement «très solide, disposant de fonds propres combinés de 6,9 milliards d’euros et d’une solvabilité combinée de plus de 200%, sur la base des agrégats de fin 2017“, indiquent les deux groupes. Humanis, fondé en 2012 à la suite déjà de différents rapprochements (ancien Groupe Vauban), est un peu plus gros en matière de retraite complémentaire. Malakoff Médéric, issu de la fusion de Malakoff et Médéric en 2008, l’est davantage dans l’assurance des personnes. «Nous voulons devenir le leader sur les deux segments de marché que sont la retraite complémentaire et l’assurance collective», annonce Olivier Mesnard, directeur général d’Humanis.

Providentiel pour Humanis

Malakoff Médéric avait déjà tenté, il y a deux ans, de se rapprocher de la Mutuelle Générale, mais sans succès. Le projet était donc ancien. Ce rapprochement serait aussi une aubaine pour Humanis qui, depuis deux ans, traverse des difficultés économiques. L’entreprise faisait l’objet de nombreuses spéculations depuis quelques mois, surtout depuis le renforcement des provisions de 120 millions d’euros sur son activité de prévoyance au tire de 2016 et la perspective d’une autre ajustement pour 2017. Olivier Mesnard tient à souligner que l’entreprise n’a pas attendu ce rapprochement pour lancer un plan rebond : «Il vise une meilleure maîtrise des risques assurantiels, en s’assurant que les prestations versées sont à bon escient, avec un contrôle des arrêts de travail et une lutte contre la fraude. Il y a également un repositionnement commercial avec de nouvelles offres. Et nous travaillons sur une meilleure maîtrise des coûts de fonctionnement en interne. Ce plan vise à rétablir un équilibre d’ici 2020.» 

Site d'Humanis à Lille

Site d’Humanis à Lille.

Plan de marche à venir

Dès validation de la fusion, le plan de marche sera alors lancé, comme l’explique Thomas Saunier : «Les marques commerciales Humanis et Malakoff Médéric continueront d’exister après le 1er janvier 2019. Mais dès ce second semestre, nous allons travailler sur une marque et des contrats communs.» Ils vont également plancher sur l’avenir du siège lillois d’Humanis comme le souligne son directeur général  : “Rien est encore défini. Mais il y a une volonté de garder un ancrage régional fort, avec le maintien des projets de développement du territoire. Nous voulons rester un acteur majeur dans les Hauts-de-France. Humanis a déjà un retraité sur deux et une entreprise sur trois cotise chez nous. Le rapprochement avec Malakoff Médéric va conforter ce positionnement.» 

Ces deux groupes font le même métier. Ce rapprochement aura forcément un impact social sur les 12 500 collaborateurs du nouveau groupe. Thomas Saunier souhaite rassurer  : «Nous avons une culture et un ADN proches, notamment en matière de dialogue social, ce qui a nous permis de prendre des engagements : aucun départ économique contraint, le maintien des bassins d’emplois actuels, aucune mobilité géographique contrainte et convergence des statuts sociaux pour le futur groupe.»