Un monde qui ne tourne pas rond...
«Il n’est pas normal que les clubs riches perdent de l’argent pendant que dans le même temps les petits en gagnent...». Ces mots ont été prononcés il y a quelques jours par Florentino Pérez, 9e fortune d’Espagne et président du Real Madrid, le club de football le plus puissant d’Europe.
Le dirigeant espagnol s’exprimait dans le cadre d’une interview où il revenait sur la création avortée de son projet de Super League. Comprenez une compétition qui aurait réuni les douze clubs les plus cotés du continent, d’Angleterre, d’Espagne et d’Italie, ceux générant le plus d’attractivité et de revenus publicitaires. Les plus endettés souvent également. Le sport roi est devenu un géant mondialisé du business. Un colosse aux pieds d’argile en fait. Les revenus des joueurs se sont envolés. La superstar argentine Messi empoche 71 M€ de salaire par an (10,5 M€/mois). Au PSG, le Brésilien Neymar 36 M€ par an et Kilian Mbappé 17,5 M€. Depuis plusieurs années, le football s’est enfermé dans une bulle financière et spéculative échappant bien souvent à toute logique et à toute éthique. Récemment, Canal + qui vient de récupérer les droits télévisuels du foot français, notait sa volonté de «concentrer ses retransmissions sur les 4 ou 5 clubs les plus attractifs de la Ligue 1.» À l’hiver 2022 aura lieu la coupe du monde si controversée au Qatar. Le sport et la géopolitique, cela n’est pas nouveau. Les Jeux olympiques de Berlin en 1936 servirent la propagande d’Hitler. La coupe du monde de foot en 1978, celle du dictateur Videla. Les JO 1980 et 1984 se firent sur fond de guerre froide entre blocs de l’Ouest et de l’Est. La question des droits de l’homme n’empêcha aucunement la tenue des Jeux olympiques à Pékin en 2008. «Panem et circenses». Traduisez «du pain et des jeux». La locution vient de la Rome antique. La crise sanitaire a mis à mal le modèle du foot business et pose mille interrogations sur son devenir, car cette économie génère aussi de l’attractivité pour les villes et pléthore d’emplois directs et indirects. Florentino Pérez résumait finalement la situation : «C’est une pyramide, l’argent s’épuise, il y aurait de l’argent pour tout le monde… Si Nadal joue contre Federer, tout le monde regarde, si Nadal joue contre le numéro 80 mondial, personne ne regarde...»