Un monde complètement foot

Une bouffée d’oxygène bienvenue pour certains, viciée voire pestilentielle pour d’autres ! La Coupe du monde de football 2022 vient de débuter au Qatar et va se prolonger jusqu’au 18 décembre.

Malgré les soupçons sur les conditions d’attribution, les morts sur les chantiers de construction, les aberrations écologiques, la compétition reine du ballon s’est ouverte dans l’émirat comme si de rien n’était ou presque. Ce Mondial de la démesure apparait sonner la fin d’une époque où la raison avait encore sa place. À l’heure où la bataille contre les énergies fossiles est en marche, la sobriété énergétique brandie comme étendard vertueux, les pétrodollars font la loi. Ce que certains qualifient de parenthèse sportive s’affiche comme le symbole de l’entrée dans une nouvelle ère. Le Mondial 2022 sera une réussite financière certaine. La ferveur n’est que de façade et le déni de la réelle image du pays hôte atteint son apogée. Cette coupe du monde va tout simplement tuer une certaine idée que bon nombre de supporters possèdent encore du football. Il apparaît bien loin le temps de 1982 où la demi-finale mythique France-Allemagne en Espagne où les joueurs véhiculaient une image proche des gens, aux antipodes du comportement actuel de certains porteurs du maillot national. La «bande à Platoche» faisait réellement rêver et véhiculait encore de saines valeurs. Quatre décennies après que reste-il réellement de ce football populaire, accessible à tous, proche du peuple ? Rien ou presque. Le business, les droits télé, le marketing à outrance et aujourd’hui l’acceptation de participer à une épreuve sportive dans un pays où les droits de l’homme ne sont pas respectés, où ceux de la femme n’existent pas (ou si peu) sans parler de la communauté des LGBT+, il y a de quoi se poser des questions. En avril 2013, Jacques-Marie Bourget, grand reporter et spécialiste du Moyen-Orient et Nicolas Bau, journaliste notamment au Canard Enchaîné avant de fonder bakchich.info, sortaient leur ouvrage «Le vilain petit Qatar : cet ami qui nous veut du mal !» chez Fayard. Un mini pavé dans la mare, solide, sourcé, argumenté et c’était il y a presque dix ans. Trois ans avant, en décembre 2010, l’attribution de la coupe du monde 2022 au Qatar passait comme une lettre à la Poste. Sa (re)lecture pourrait remettre certaines pendules à l’heure. Le football n’est qu’un jeu. Et comme dans tous les jeux, il y a des gagnants et des perdants ! Le Qatar et sa conception du monde semblent avoir déjà gagné…