Un large "oui" mais des interrogations

La Commission nationale du débat public (CNDP) a rendu publiques ses conclusions suite au débat sur l’extension du terminal conteneurs du port de Dunkerque qui s’est tenu du 18 septembre au 22 décembre 2017.

Christian Leyrit, président de la Commission nationale du débat public (deuxième à gauche), a commenté les résultats du débat public sur l'avenir du port de Dunkerque.
Christian Leyrit, président de la Commission nationale du débat public (deuxième à gauche), a commenté les résultats du débat public sur l'avenir du port de Dunkerque.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce projet est très largement soutenu par les habitants, les élus et les milieux portuaire et économique du territoire (pas loin de 80% d’opinions favorables) et que le débat public a réellement suscité un vif intérêt, avec par exemple 2 200 participants aux 71 rencontres organisées, près de 6 000 visites sur le site internet dédié et la production de 54 cahiers d’acteurs. «Cela démontre aussi l’attachement des habitants du territoire à leur port et à son avenir», a commenté, en préambule, Christian Leyrit, président de la CNDP, avant de rappeler que «le rôle de la CNDP n’est pas de donner un avis sur le projet en lui-même, mais de refléter le plus fidèlement possible la nature des échanges afin de permettre au Port de Dunkerque, maître d’ouvrage, d’en tirer les conclusions avant de prendre sa décision qui interviendra avant la fin du premier semestre».

Toutefois, ce large «oui» suscite aussi de nombreuses interrogations de la part de la population. La hausse du trafic des poids lourds sur l’A16 et l’A25, inhérente à la forte augmentation du nombre de conteneurs au port, inquiète au premier chef les usagers pour qui ces deux axes sont déjà largement congestionnés. Une inquiétude que comprend Christian Leyrit qui a d’ailleurs regretté «la discrétion des services de l’Etat, décisionnaire sur ces questions, pendant toute la durée du débat public». Dans ce contexte, de nombreuses voix se sont élevées pour rappeler la nécessité de fiabiliser les infrastructures ferrées et fluviales pour les mettre à la hauteur du projet et tempérer ainsi l’augmentation du trafic poids lourds. Des habitants s’interrogent également sur la capacité du territoire à être suffisamment attractif pour accueillir des populations de très haut niveau de qualification, mais aussi et surtout à savoir former pour pouvoir recruter une main-d’œuvre locale sur des métiers en forte évolution. Sans surprise, les habitants et les élus de Gravelines et de Loon-Plage, communes les plus impactées par le projet, ont été les plus attachés à revendiquer un projet qui s’intègre dans un cadre paysager soigné afin de préserver au mieux le cadre de vie.

L’ensemble des interrogations soulevées dans le cadre du débat public incite donc la CNDP à faire certaines recommandations. Poursuivre les échanges sur l’avenir industriel du port, son projet stratégique et l’articulation entre les trafics conteneurs et ceux liés à l’industrie ; poursuivre la réflexion sur la concurrence et la complémentarité entre les ports français du Havre et de Dunkerque ; mettre en place un lieu d’échange et de communication pérenne avec la population ; réunir les grands acteurs pour accompagner et promouvoir le projet ; ou encore traiter les questions afférentes à l’intermodalité ferroviaire et fluviale, le déplacement et la circulation routière en sont les principaux exemples.