Entreprises

Un Graal nommé Grainoully

À la tête de l’entreprise Grainoully, Jonathan Dietz, artisan torréfacteur installé à Fleury, vient de décrocher le label Initiative Remarquable récompensant son engagement environnemental, social et sociétal. En pleine croissance, la société ne manque ni de projet, ni d’ambition.

Jonathan Dietz. © Grainouilly.
Jonathan Dietz. © Grainouilly.

Moins de deux ans après s’être lancé dans l’aventure entrepreneuriale, Jonathan Dietz n’a rien laissé au hasard. Tout était (presque) écrit en avance. Après avoir obtenu son BTS, il intègre une société qui revendait du café. Pendant sept ans, il fait ses armes chez un torréfacteur allemand puis rejoint un industriel spécialisé dans la filtration d’eau pour les professionnels du café. Il y apprend la technique pendant près de quatre ans. «90% du café, c’est de l’eau, la maîtrise est donc essentielle», explique le spécialiste. Ces deux emplois, ce sont avant tout deux rencontres avec des passionnés qui lui transmettent un goût immodéré pour cette boisson, la plus bue au monde (derrière l’eau). Dès ses premiers pas dans la vie professionnelle, Jonathan Dietz savait que son «Graal serait de créer sa propre entreprise.» Mais avant de se lancer, il a d’abord affiné sa formation auprès d’un maître torréfacteur puis a rencontré près de Metz, Laurent Wolff. Ce devait être la dernière étape de son périple avant de créer sa propre entreprise, de partir de zéro, sans outil de production, sans client. La vie en a décidé autrement. «On s’est rencontré et finalement est née l’envie pour la famille Wolff de prendre leur retraite. J’ai donc saisi l’opportunité en reprenant en avril 2023 l’activité, et plus exactement le lieu», explique l’artisan. Immédiatement, il a eu l’envie de suivre son chemin, de faire ses propres choix et ainsi de partir d’une feuille blanche. La première étape a été de baptiser son activité Grainoully et de créer une boutique de 40 m2 en lieu et place du dépôt qui existait auparavant. «La particularité est que l’outil de production de notre torréfaction se trouve au milieu de ce lieu de convivialité, de conseil qui permet de présenter notre offre», s’enthousiasme celui qui joue la carte de la transparence et de la traçabilité.

Une croissance rapide et une reconnaissance acquise

Si le café a un fort impact sur l’environnement, lui a décidé d’apporter sa pierre à l’édifice en sélectionnant 90 % de cafés issus de culture raisonnée. Cet engagement écologique le pousse à s’engager, malgré cet impact, en utilisant des sachets réutilisables pour les particuliers, en livrant des professionnels des métiers de bouche avec des seaux pour éviter le recours aux emballages. «En moins de deux ans, nous sommes passés de 140 000 euros de chiffre d’affaires avant la reprise à plus de 400 000 euros en prévisionnel pour 2024.» Une ascension rapide qui s’explique par ses expériences passées. Ses douze années de vie de salariés ont été mises à profit, tout comme ses anciens réseaux. «La société ne se serait pas développée ainsi sans mon parcours de salarié», analyse-t-il. Et si pendant les neuf premiers mois d’activité, il a travaillé seul, en ne comptant pas ses heures, une première étape a été franchie en janvier 2024 avec une embauche. Une seconde pourrait suivre rapidement pour accompagner sa croissance. Fort d’une offre de 23 cafés avec des profils aromatiques différents, le choix de cinq importateurs… il a su séduire les particuliers mais aussi les professionnels, que ce soient des restaurateurs ou des cafetiers. Aujourd’hui, ses projets ne manquent pas… mais plutôt les m2. Il pourrait prochainement lancer une activité complémentaire avec des ateliers proposés au grand public. Si la boisson qu’il aime tant est beaucoup consommée, elle reste méconnue avec des histoires à raconter. Lui aura voix au chapitre sur ce secteur de niche, longtemps exploité par les industriels. L’engouement local, la recherche de l’authenticité et du savoir-faire font que les consommateurs ont d’autres exigences et recherchent la qualité. C’est aussi pour ça qu’il s’est engagé et qu’il jouera forcément un rôle dans la reconnaissance d’un café plus qualitatif.

A.M.