Un gouvernement Attal droitisé avec plusieurs poids lourds confirmés et la surprise Dati

Après la sensation Attal, la grosse surprise Rachida Dati: Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont dévoilé jeudi un gouvernement resserré et largement droitisé marqué par le maintien de plusieurs poids lourds et l'irruption...

Gabriel Attal (gauche), alors ministre de l'Education nationale, et le président de la République Emmanuel Macron photographiés lors d'un déplacement dans un lycée professionnel, le 1er septembre 2023 à Orange, dans le Vaucluse © Ludovic MARIN
Gabriel Attal (gauche), alors ministre de l'Education nationale, et le président de la République Emmanuel Macron photographiés lors d'un déplacement dans un lycée professionnel, le 1er septembre 2023 à Orange, dans le Vaucluse © Ludovic MARIN

Après la sensation Attal, la grosse surprise Rachida Dati: Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont dévoilé jeudi un gouvernement resserré et largement droitisé marqué par le maintien de plusieurs poids lourds et l'irruption inattendue de l'ex-ministre sarkozyste à la Culture.

"Moi, ce que je veux, c'est de l'action, de l'action, de l'action" et "des résultats, des résultats, des résultats", a martelé le nouveau Premier ministre sur TF1 juste après l'annonce d'une première liste de quatorze membres du gouvernement, à laquelle d'autres ministres délégués et secrétaires d'Etat doivent être ajoutés en fin de semaine prochaine au plus tôt.

Il a renouvelé l'engagement à baisser les impôts pour les classes moyennes, qu'il a promis de particulièrement choyer.

La plupart des ministres-clés sont reconduits, de Bruno Le Maire à l'Economie et aux Finances avec un périmètre élargi à l'Energie, à Gérald Darmanin à l'Intérieur, en passant par Sébastien Lecornu aux Armées et Eric Dupond-Moretti à la Justice. Tout comme, côté alliés, Marc Fesneau à l'Agriculture pour le Modem de François Bayrou, et Christophe Béchu à la Transition écologique et à la Cohésion des Territoires pour le parti Horizons d'Edouard Philippe.

Parmi les principales nouveautés figurent aussi Catherine Vautrin, venue de la droite, que le président avait déjà voulu nommer Première ministre en 2022 avant d'y renoncer. Elle hérite d'un vaste portefeuille du Travail, de la Santé et des Solidarités, ce dernier dossier échappant donc à la sortante Aurore Bergé, rétrogradée ministre déléguée à l'Egalité entre les femmes et les hommes.

Après la démission contrainte d'Elisabeth Borne, qui aura passé vingt mois à Matignon, Catherine Colonna est aussi écartée des Affaires étrangères, qui reviennent à l'eurodéputé et chef du parti présidentiel Renaissance, Stéphane Séjourné.

Résultat: tous les postes régaliens sont occupés par des hommes, même si la parité est numériquement respectée.

Amélie Oudéa-Castéra, déjà chargée des Sports et des Jeux olympiques, décroche également l'Education nationale et la Jeunesse.

Elle sera chargée à la fois du rendez-vous phare de l'année, les Jeux de Paris prévus l'été prochain, et de l'école, "mère des batailles" selon le duo exécutif au coeur du "réarmement" civique prôné par le chef de l’État. Et donc de mettre en oeuvre les vastes chantiers lancés par Gabriel Attal à l'Education.

Secrétaire d'Etat à la Jeunesse depuis juillet,Prisca Thevenotprend du galon en devenant porte-parole du gouvernement à la place d'un ténor, Olivier Véran, qui sort de l'exécutif.

L'entourage d'Emmanuel Macron a vanté "le gouvernement le plus resserré de la Ve République", "un Quinze de France qui va agir en pack" -- mais il faudra en juger à l'aune de la liste complète.

Le premier Conseil des ministres du gouvernement Attal est prévu vendredi à 11H00.

-"Trahison" -

La surprise de taille est donc le retour de Rachida Dati, l'ex-ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy. La maire du 7e arrondissement a annoncé elle-même aux élus parisiens sa nomination au ministère de la Culture lors d'une visio-conférence.

Eric Ciotti a immédiatement annoncé son exclusion du parti Les Républicains. "Nous sommes dans l'opposition, nous tirons donc les conséquences de son choix avec regret", a-t-il déclaré au sujet de celle qui était jusqu'ici en bonne position pour être candidate de la droite à la mairie de Paris en 2026.

"Trahison et mise en examen pour corruption, tous les critères étaient remplis pour intégrer un gouvernement qui a mis en exergue la République exemplaire", a dénoncé le patron du PS Olivier Faure.

Rachida Dati est mise en examen depuis juillet 2021 pour "corruption" et "trafic d'influence passif" pour des prestations de conseils conclues avec une filiale de Renault-Nissan. L'élue nie toute irrégularité.

"Mise en examen ce n'est pas une condamnation (...) cela ne signifie pas une culpabilité", a balayé Gabriel Attal au 20H00. Rachida Dati est "une femme d'engagement, d'énergie, qui toute sa vie s'est battue pour obtenir ce qu'elle voulait obtenir", a-t-il dit, ajoutant avoir "beaucoup de respect pour les combats qu'elle a menés".

Face aux nouvelles nominations, la gauche a ironisé sur le nouveau gouvernement "Sarkozy IV", selon la formule utilisée à l'unisson par la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, et le secrétaire national des communistes Fabien Roussel.

Le président de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur Renaud Muselier, lui-même venu de la droite mais devenu macroniste, s'est aussi réjoui en estimant qu'il "y aura bientôt plus de cadres LR au gouvernement qu'au sein de la direction des Républicains".

L'effet est d'autant plus visible que plusieurs figures venues de la gauche sont écartées, ou en tout cas absentes de cette première salve de ministres.

Outre Olivier Véran, le ministre du Travail Olivier Dussopt quitte le gouvernement après avoir mené l'impopulaire réforme des retraites et participé à la controversée loi sur l'immigration qui a divisé le camp présidentiel.

Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique), Rima Abdul-Malak (Culture) et Clément Beaune, ministre délégué sortant aux Transports, ne figurent pas non plus sur cette première liste. Ce dernier avait été l'un des meneurs de la fronde contre la loi immigration votée par l'extrême droite, mais les menaces de démissions de ministres de l'aile gauche avait fortement agacé Emmanuel Macron.

Bénéficiant d'une popularité qui ne se dément pas, avec un taux de 53% de satisfaction, dans un sondage Ifop-Fiducial publié jeudi, Gabriel Attal, plus jeune Premier ministre de l'histoire de la République à 34 ans, doit maintenant commencer à recevoir les partenaires sociaux, ainsi que les organisations d'élus, lors d'une série d'entretiens sur plusieurs jours. Vendredi, il déjeunera avec les chefs des groupes parlementaires du camp présidentiel à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Avant une probable déclaration de politique générale au Parlement la semaine prochaine pour dévoiler sa feuille de route.

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