Entreprises
Un futur titre de séjour «métiers en tension» pour résorber les difficultés de recrutement en Moselle ?
«Métiers en tension». Derrière ce terme se dessinent les difficultés de nombreuses entreprises en Moselle à pourvoir des besoins urgents en main-d’œuvre. Dans le cadre du projet de loi immigration actuellement débattu à l’Assemblée nationale est apparue cette mesure de création d’un titre de séjour «métiers en tension». Zoom sur ce qu’il pourrait apporter aux entreprises locales et comment il se formaliserait dans les faits. Car en 2023, le recrutement pour la sphère entrepreneuriale sera le nerf de la guerre. Un défi à relever.
Rares sont les chefs d’entreprise en Moselle qui ne se désespèrent pas de trouver du personnel à leurs besoins urgents de recrutement. À coup sûr, cette pénurie persistante est un frein à leur développement économique. BTP et Travaux Publics, hôtellerie et restauration, mécanique… et autres secteurs entrent dans le giron de ces métiers en tension. Tel patron de TPE ou de PME qui déploie énergie et astuce pour dénicher, non pas la perle rare, mais simplement un candidat de bonne volonté pouvant être employable. Beaucoup ont même renoncé à embaucher des personnes issus de leur milieu professionnel, pour former directement le candidat arrivant comme la Providence. Face au manque de postulants, aux annonces passées via les circuits classiques du recrutement restant sans réponse, ces dirigeants qui forment l’armée de l’économie de proximité ne cessent d’interpeller, d’alerter sur cette difficulté de leur quotidien, laquelle vient s’adjoindre à d’autres en ces temps de crises et d’incertitudes.
Des disparités de traitement
Le récent débat à l’Assemblée nationale relatif au projet d’immigration, qui sera voté en 2023, apparaît sans doute pour beaucoup comme une lueur d’espoir, un phare dans la nuit, même s’il ne résoudra pas le problème de fonds des emplois non pourvus en France, et a fortiori en Moselle. Le gouvernement a porté devant l’hémicycle l’idée d’un futur titre de séjour spécifique aux métiers en tension pour les personnes étrangères travaillant dans ces secteurs, ceci se traduisant par la régularisation de sans-papiers. Le paradoxe - euphémisme - est là. Quand ces sans-papiers sont désireux de travailler, quand les entreprises manquent donc de bras, ces mêmes sans-papiers peuvent faire l’objet d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français) car étant en situation irrégulière. Le projet serait un titre de séjour d’un an, renouvelable, à condition que le travailleur exerce toujours l’un de ces métiers en tension. Justement, précisément, quel est la réalité de ces derniers ? Ils sont définis par un arrêté de 2008, complété l’an passé. Lequel liste des métiers en tension ouverts aux étrangers sans-papiers : leur employeur peut les embaucher sans avoir à demander avant une autorisation de travail temporaire.
Recruter sur un pied d'égalité
Ces listes - une par région - sont centrées principalement sur les métiers du BTP et de l’industrie. Les métiers liés à l’hôtellerie et à la restauration n'en font pas partie. Pourtant, également eux aussi en tension. Pour ce secteur, un serveur ou un cuisinier salarié et sans-papiers doit avoir une certaine ancienneté en France, y résider depuis au moins trois ans, et prouver qu’il a travaillé huit mois durant les deux dernières années. On le voit, une harmonisation, un toilettage dirions-nous, s’impose avant même que le titre de séjour métiers en tension ne voit le jour. Simplement, pour donner aux entreprises une même chance de pouvoir enfin recruter sur un pied d’égalité. Récemment, dans notre département, l’Union des Entreprises de Moselle a remporté un appel à projet lancé par la préfecture visant à mettre en relation les entreprises locales avec des étrangers primo-arrivants. Le mouvement patronal suit donc avec grande attention ce projet de titre de séjour spécifique, au même titre que les organisations représentatives locales, qu’elles émanent du bâtiment ou d’autres secteurs… Le potentiel dispositif n’est sans doute pas l’alpha et l’oméga du recrutement, mais bien une passerelle pour nombre d’employeurs qui n’en peuvent plus d’attendre des candidats qui ne viennent jamais pendant qu’ils peuvent perdre à tout instant ces travailleurs sans-papiers… Il est urgent de colmater cette incohérence.