Un festival rural qui crée aussi du lien social
L’art et l’artisanat sont devenus un thème permanent pour le village avesnois. A sa façon, Féron participe à l’économie locale et à l’animation de son territoire.
Mi-août, à Féron, petit village rural proche de Fourmies, les amateurs découvriront ou retrouveront ce festival qui a lieu tous les deux ans (avec des “Impairs” entre deux éditions). Avec le temps (c’est sa 9e édition), le rendez-vous s’est forgé une identité forte. Quelques-unes de ses caractéristiques l’expliquent. Pendant quelques jours, tout le village, fermé aux voitures, s’ouvre aux artistes et visiteurs : son église, sa grange-cabaret municipale, d’autres lieux champêtres, sa guinguette. Des habitants prêtent également leurs garages ou dépendances aux artistes (60 exposants dans 30 lieux différents). A côté des artisans et artistes accueillis, tous les genres du spectacle vivant sont à l’honneur, parfois sous chapiteau ou dans la rue. Quant aux visiteurs, ils déambulent d’un lieu à l’autre sans avoir à courir, la programmation y veille. Christine Boccaren, la présidente, précise : “85 bénévoles vont se mobiliser et, dans ce village de moins de 600 habitants, tout le monde se connaît. Parler de convivialité n’est pas exagéré. Ici, ce n’est pas impersonnel, anonyme, on a le temps de parler.”
Des professionnels se sont installés. Féron est la seule commune 100% rurale de la communauté de communes Action Fourmies et environs (qui compte aussi Anor, Fourmies et Wignehies, marquées, elles, par leur passé industriel). Au festival, s’ajoute maintenant un slogan décliné toute l’année : “L’art et la matière”. Des artisans se sont installés dans la commune ; le dernier en date, c’est Mario Buscemi, le boulanger bio.Avec un bailleur social, la commune a obtenu que trois nouveaux logements soient loués à des artistes qui y ont leur habitation et leur atelier… “S’il n’y avait pas une volonté locale forte, constate la présidente, l’appui du maire et de l’équipe municipale, rien ne se ferait.” Pascal Harbonnier, artisan vannier, va, quant à lui, en profiter pour tester le lancement d’un nouveau marché bio.
Un budget jamais acquis. Cette année, l’enveloppe budgétaire à réunir s’élève, selon Christine Boccaren, à 130 000 euros. Le maire, Jean-François Baudry, chef d’entreprise, outre son soutien, prend part au financement : il a organisé un mécénat qui devrait permettre au festival de trouver 25 000 euros. “Le mécénat, à ne pas confondre avec le sponsoring, c’est comme une fondation mais à petite échelle. C’est défiscalisé mais aussi, malheureusement pour nous j’allais dire, plafonné.” De même, 25 000 euros sont attendus du Conseil régional, 17 000 du Conseil général, 4 000 de l’intercommunalité. Le complément viendra de l’autofinancement même si les prix se veulent modiques tout au long du festival.
Lien social. L’expression “lien social” est souvent employée mais la présidente et le maire ont un sens à lui donner. A les écouter, le festival contribue à déjà resserrer les liens dans le village et à intégrer les nouveaux habitants. Il amène aussi l’art, les artistes, la création dans le Sud-Avesnois… L’affiche, très éclectique, et les prix pratiqués veulent ensuite sortir des sentiers battus tout en rendant les spectacles abordables. Ceux qu’on appelle les “intermittents” peuvent ainsi étonner et surprendre un public qui a rarement l’occasion de les rencontrer. La diversité des compagnies invitées, locales ou plus lointaines, apporte, c’est à noter, une qualité d’ensemble inédite à ces journées. Autres particularités des Féron’arts : c’est un éco-événement (avec le concours du parc naturel régional de l’Avesnois) qui initie les visiteurs aux gestes qui respectent l’environnement. L’invitation au covoiturage est lancée ; le camping (d’où notamment ce surnom de “festival à coucher dehors”) est possible ; des vélostaxis sont à disposition… Le programme de la 9e édition des Féron’arts est à découvrir notamment sur le site escapadessudavesnoises. w1w.fr.