Un étonnant élevage bio d’escargots

A la faveur d’un licenciement, en 1989, Francis Janicot s’est lancé dans une étonnante reconversion. Aujourd’hui, son exploitation, rare, occupe toute sa place parmi les producteurs de l’Avesnois.

Francis Janicot devant la façade de sa ferme hélicicole à Croix Caluyau, non loin de Solesmes, Landrecies et Le Cateau Cambrésis.
Francis Janicot devant la façade de sa ferme hélicicole à Croix Caluyau, non loin de Solesmes, Landrecies et Le Cateau Cambrésis.
D.R.

Francis Janicot devant la façade de sa ferme hélicicole à Croix-Caluyau, non loin de Solesmes, Landrecies et Le Cateau-Cambrésis.

 

A Croix-Caluyau, dans l’Avesnois, proche du Cambrésis, une belle ferme en briques du XIXe siècle organisée autour d’une cour pavée abrite la Ferme hélicicole de l’Avesnois, c’est-à-dire un élevage d’escargots. L’activité, convertie au bio, serait, selon son gérant Francis Janicot, unique dans la région et, de toute façon, rare en France.

Le parcours de ce chef d’entreprise de 60 ans est également étonnant. «Originaire d’Ile de France, je me suis installé dans le Cambrésis pour mon travail. Jusqu’en 1989, j’étais chef de rayon dans la grande distribution. Un licenciement a provoqué ma reconversion en exploitant agricole. J’avais déjà chez moi depuis quelques années un élevage de 2 000 escargots. Alors, pourquoi ne pas en faire mon métier ? J’ai cherché une ferme et j’ai créé en 1990.»

 

Un saut dans l’inconnu. Pourquoi les escargots ? «Un article de presse a éveillé mon intérêt mais, vous savez, je ne suis pas le seul à apprécier ce sympathique petit animal qui porte sa maison sur son dos. La limace n’a pas eu droit à autant de chansons…»

Francis Janicot explique que son exploitation, à la fois lieu d’élevage et de transformation, produit dans les 300 000 escargots par an ! Son métier, il l’a appris sur le tas et il reconnaît que l’activité n’est pas facile. «Autrefois, on ramassait les escargots mais l’agriculture intensive les a fait disparaître. Donc, on les élève. C’est du vivant et, à ma connaissance, il n’y a pas eu de recherches sur les pathologies de l’escargot, à la différence de l’huître par exemple. Tout repose donc sur l’observation et la prévention.»

Il confie qu’au départ, il a fait «un saut dans l’inconnu» et que son épouse avait gardé son métier d’enseignante. Mais maintenant, précise-t-il, il gagne sa vie, résiste aux grandes surfaces et ne voudrait arrêter pour rien au monde. Les installations se visitent et, avec son épouse, il envisage de développer des animations.

 

Elevage et production. Depuis 1990, son exploitation n’a cessé de monter en production, de se transformer. Cette entreprise individuelle a très vite compté deux salariés. Elle a fait partie des six premiers producteurs et commerçants à adhérer au réseau des Boutiques de l’Avesnois (initiative du Parc naturel régional qui a dix ans). En 2009, l’exploitation est passée en bio et propose aujourd’hui une quinzaine de recettes et trois familles de produits : le frais, le surgelé et les bocaux. «A 60%, je fais de la vente directe, à la ferme ; à 20%, je vends sur les marchés et salons, en particulier à l’approche des fêtes, le coup de feu ; je fournis également des restaurateurs et des réseaux de revendeurs, comme les Boutiques de l’Avesnois et des magasins bio.»