Un été satisfaisant mais un hiver encore incertain

Si le bilan de cet été est plutôt positif avec des passagers au rendez-vous des destinations françaises, l'hiver reste une incertitude pour l'aéroport de Lille-Lesquin, avec un nombre de mouvements d'avions divisés par deux à cause de la Covid-19.

Marc-André Gennart, directeur général Aéroport de Lille-Lesquin et Christophe Coulon, président du SMALIM.
Marc-André Gennart, directeur général Aéroport de Lille-Lesquin et Christophe Coulon, président du SMALIM.

C’est une nouvelle carte touristique qui se dessine : avant la crise, l’aéroport de Lille-Lesquin assurait 60% de ses vols en France et le reste à l’étranger. Désormais, c’est plutôt 80% sur le domestique et 20% pour l’international, qui n’a repris que très lentement après une fermeture quasi totale du trafic international (Algérie, Maroc, Turquie, Egypte). «Le bilan de cet été a été plutôt positif, mais nous avons beaucoup d’inquiétudes sur l’hiver à venir et il est encore trop tôt pour se prononcer. Le réseau a été fortement réduit, même si le redémarrage est soutenu sur la France», détaille Marc-André Gennart, directeur général. Cet été, les compagnies ont revu à la baisse leurs programmes et restent encore très timides sur les mois à venir. «Les compagnies sont devenues plus flexibles et réajustent les vols en fonction des usagers. Nous avons la chance d’avoir un portefeuille de compagnies solides», rassure-t-il.

La principale crainte reste le taux de remplissage : en dessous de 70%, une compagnie n’est pas rentable et risque de fermer ses vols. Et cet été, le remplissage est passé en dessous de la barre des 50%… Ce qui n’a pas empêché Volotea d’ouvrir deux nouvelles lignes vers Biarritz et Perpignan durant les mois estivaux, et a permis à Air France/HOP! de maintenir son programme régulier vers quatre destinations France (Marseille, Toulouse, Lyon et Nice) et six saisonnières. A défaut des 60 destinations normalement proposées, l’aéroport de Lille-Lesquin ne peut en proposer que 20 à 25 actuellement. C’est peu, mais il en faut plus pour inquiéter Christophe Coulon, président du Syndicat mixte des aéroports de Lille et de Merville (SMALIM) : «Ici, nous rendons un service public. Le train est devant pour les trajets courts de moins de 2 heures 30, nous ne voulons pas entrer en concurrence, nous nous complétons. Les gens auront toujours besoin de voyager.» Et Marc-André Gennart d’ajouter : «Nous n’allons pas nous substituer à Roissy-Charles de Gaulle sur le transatlantique. Ce n’est pas notre fonds de commerce. A Lille-Lesquin, c’est la France et le bassin méditerranéen.»

Les projets de rénovation sont maintenus

Si les temps restent difficiles, l’aéroport de Lille-Lesquin bénéficie sans conteste du soutien d’un groupe de taille – Eiffage, depuis juillet 2019 – et d’Aéroport Marseille-Provence qui détient 10% du capital. L’aéroport régional avait affiché un chiffre d’affaires de 35 M€ en 2019, Marc-André Gennart se garde d’avancer une estimation pour cette année, préférant déjà maintenir l’équilibre. Une nouvelle ligne de crédit de l’ordre de 6 M€ a été négociée pour «aller de l’avant».

Cet été, un report massif vers la destination France, avec en top 3, Montpellier, Perpignan et Nice.

Quant au projet de rénovation de l’aéroport – à l’investissement global de 100 M€ , il n’est en aucun cas remis en question. La mise en service de la nouvelle aérogare est fixée à la fin 2023. Même si le calendrier pourra être modifié, le projet a confirmé sa pertinence et le cap vers les 3,9 millions de passagers à la fin de la concession, en 2039, est maintenu. En octobre prochain, l’aéroport de Lille-Lesquin lancera une concertation publique à travers huit réunions, afin de présenter le projet de modernisation aux habitants de la région et de répondre aux interrogations. «Nous voulons limiter notre impact environnemental avec un objectif de neutralité carbone en 2027. Notre établissement est clairement sous capacitaire en haute période», détaille Christophe Coulon. L’aérogare doublera de taille d’ici 2023, passant de 18 000 m2 à 33 000 m2, à laquelle s’ajoutera une offre commerciale et de restauration agrandie et repensée.