Billet

Un été aux accents de rentrée…

Près d’un salarié sur deux ne résiste pas à la tentation de consulter ses mails lors de ses congés d’été. Tendance très marquée chez les cadres : besoin de suivre de loin ce qui se passe au bureau, voire de culpabiliser à l’idée de partir en vacances...

Ne pas tout à fait lâcher son travail durant ses vacances : une tendance qui gagne du terrain.
Ne pas tout à fait lâcher son travail durant ses vacances : une tendance qui gagne du terrain.

On ne veut pas gâcher le plaisir de ceux qui sont en vacances (ou de ceux qui vont y être) mais, il faut bien l'avouer, cet été est empreint d'une curieuse atmosphère. Pas tout à fait celle de l'insouciance et du lâcher-prise habituels. L’actualité nous rappelle au quotidien les échéances qui nous mèneront bien vite en septembre. La «trêve olympique» sera courte, jusqu’au 11 août. Le lancinant feuilleton politique hexagonal et les élections américaines aux allures de super production hollywoodienne semblent être partis pour rythmer les six semaines nous séparant de la rentrée. Alors, nous retrouverons bien vite le contexte socio-économique peu enthousiasmant, voire anxiogène, des derniers mois. Retour au réel… pour peu qu’on ait réussi à s’en extirper quelques jours… D’ailleurs, il ne faudrait pas croire que l’activité de notre pays entrerait dans une léthargie l’été, où tout ou presque s’arrêterait. Cela, c'est un peu une légende urbaine. Pour nombre d’entreprises, juillet et août sont des mois propices pour travailler en termes de stratégie et d’organisation leur copie de la rentrée, de peaufiner axes de développement et innovations, avant de lancer de nouveaux process. Et du côté des salariés ? À la plage, à la montagne, à la campagne, dans les villes ou ailleurs, selon une enquête Ipsos, ils sont 38 % d’entre eux à affirmer emporter leur ordinateur sur leur lieu de vacances. 28 % prévoient de travailler au cours de leurs congés (41 % pour les dirigeants). Parmi les salariés en villégiature prévoyant de travailler cet été, 42 % consulteront leur courriels et messages instantanés (57 % des dirigeants). Plus de la moitié des collaborateurs (52 %) se tiennent également disponibles pour répondre aux éventuelles questions de leurs managers et collègues. 21 % des salariés français travailleront ainsi entre une et deux heures au total pendant leurs vacances (32 % pour les dirigeants d’entreprise), 18 % plus de deux heures. Certains vont même jusqu’à culpabiliser de partir en vacances, notamment parce qu’ils ont la sensation que la charge de travail reste conséquente malgré la période. Bien que les salariés français soient attachés à leurs vacances, la digitalisation des activités professionnelles - au travers du télétravail ou encore de l’accès à distance aux outils professionnels - semble avoir accentué leur addiction à l’hyperconnexion. C’est une continuité finalement logique à cette observation qui est faite quant à cette frontière de plus en plus ténue entre vie professionnelle et vie personnelle. Quand beaucoup l'implorent, ils constatent en même temps un éloignement entre souhaits et réalité. Bienvenue dans le monde d'après...