Un enseignant tué dans une attaque islamiste à Arras, la France en alerte "urgence attentat"

La France est passée vendredi en alerte "urgence attentat" après l'attaque islamiste dans un collège-lycée d'Arras, où un enseignant a été poignardé à mort et trois autres personnes blessées par un jeune homme fiché S...

 © Pierre BEAUVILLAIN
© Pierre BEAUVILLAIN

La France est passée vendredi en alerte "urgence attentat" après l'attaque islamiste dans un collège-lycée d'Arras, où un enseignant a été poignardé à mort et trois autres personnes blessées par un jeune homme fiché S, trois ans après l'assassinat de Samuel Paty.

Ce rehaussement de "la posture Vigipirate au niveau urgence attentat", a été décidé par la Première ministre Elisabeth Borne après une réunion de sécurité à l'Elysée autour du président Emmanuel Macron.

"Il y a un lien entre ce qu'il s'est passé sans doute dans le Proche-Orient et le passage à l'acte" de l'assaillant à Arras, a estimé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur TF1, évoquant "une atmosphère extrêmement négative" actuellement en France, sur fond de conflit entre le Hamas et Israël.

"Quelques milliers" de militaires supplémentaires "vont aider la police et la gendarmerie, pour surveiller les centres commerciaux, pour protéger tous les Français", a-t-il dit.

Selon le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard, "plusieurs témoins" ont entendu l'assaillant, "connu pour sa radicalisation", "crier +Allah Akbar+".

Au moins huit personnes sont en garde à vue, dont l'assaillant et deux des frères. L'un d'eux a été extrait de sa cellule, où il est incarcéré pour "association de malfaiteurs terroristes", selon une source policière.

L'enseignant tué, Dominique Bernard, était un professeur agrégé de Lettres modernes de 57 ans "apprécié de ses élèves et de ses collègues", selon les témoignages recueillis par l'AFP. Originaire d'Arras, il était père de trois grandes filles et marié à une enseignante.

Faire bloc

Il "s'est interposé d'abord, et a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies", a affirmé, depuis le lycée Gambetta, dans le centre-ville d'Arras, Emmanuel Macron, appelant les Français à "faire bloc" face à "la barbarie du terrorisme islamiste".

L'assaillant, Mohammed Mogouchkov, fiché S et âgé d'une vingtaine d'années, est né selon l'administration française à Malgobek, dans la république russe à majorité musulmane d'Ingouchie.

Selon une source policière, il est de nationalité russe et est arrivé en France en 2008.

Placé sous écoute, il avait été interpelé par la DGSI la veille des faits "pour vérifier s'il n'avait pas d'arme sur lui" et pour "regarder son téléphone et notamment les messageries cryptées", a indiqué Gérald Darmanin. 

A l'été 2019, son frère aîné avait été interpelé dans le cadre d'un projet d'attentat. 

Il est actuellement en prison, après avoir été condamné en avril à Paris pour association de malfaiteurs terroriste et non-dénonciation de crime puis en juin à Arras pour apologie du terrorisme, selon le procureur Ricard. 

Son père, également fiché S, "a été expulsé du territoire national en 2018" selon M. Darmanin, mais lui ne pouvait légalement l'être, car il est entré en France avant l'âge de 13 ans.

L'enseignant tué a reçu un coup de couteau à la gorge ainsi que dans le thorax, a précisé une source policière.

Selon le récit du procureur, l'assaillant a d'abord attaqué un enseignant devant cet établissement d'environ 1.500 élèves, "où il avait été solarisé", puis un deuxième "venu prêter main forte à son collègue".

Failles

Après "un périple" dans l'établissement, il s'est "trouvé en présence de plusieurs personnes, notamment un agent technique qu'il a blessé de plusieurs coups de couteau et d'un agent d'entretien qui a également été blessé".

Aucun élève n'a été blessé.

Le proviseur a décidé de rouvrir les lieux samedi pour les élèves et les enseignants "qui le souhaitent".

Le ministre de l'Education Gabriel Attal, qui a demandé le renforcement de la sécurité autour de tous les établissements scolaires et doit réunir les recteurs et des parlementaires samedi, a indiqué qu'il serait présent à Arras.

Le chef de l'Etat a révélé qu'une autre "tentative d'attentat", avait été déjouée, référence, selon le ministère de l'Intérieur, à une arrestation à Limay (Yvelines), dossier pour lequel le parquet anti-terroriste n'a pas été saisi.

L'attaque d'Arras intervient presque trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, décapité à 47 ans le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression.

Les députés ont respecté une minute de silence devant l'Assemblée nationale.

L'attaque met le gouvernement sous pression, la droite exhortant à instaurer "l'Etat d'urgence", tandis que l'extrême droite pointe des "failles" et appelle à la démission du ministre de l'Intérieur.

Depuis l'attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 (12 victimes) une vague d'attentats jihadistes a fait plus de 260 morts en France.

Selon Gérald Darmanin, 43 projets d'attentats islamistes en France ont été déjoués depuis 2017. 

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