Un cordonnier aux multiples talents

Cordonnier, bourrelier, tapissier garnisseur, Sébastien Godart a accumulé divers savoir-faire. Il exprime tous ses talents depuis quelques mois au sein de sa propre entreprise, installée à Camblain-l’Abbé.

Sébastien Godart aussi à l’aise dans le rôle de cordonnier que dans celui de bourrelier ou tapissier garnisseur.
Sébastien Godart aussi à l’aise dans le rôle de cordonnier que dans celui de bourrelier ou tapissier garnisseur.
D.R.

Sébastien Godart aussi à l’aise dans le rôle de cordonnier que dans celui de bourrelier ou tapissier garnisseur.

Dans la vie, il faut toujours disposer de plusieurs cordes à son arc, une maxime que Sébastien Godart a entendue à de multiples reprises dans la bouche de son père et qu’il a su méditer. C’est ainsi que l’intéressé, originaire du bassin minier, a quitté le cycle scolaire normal pour s’orienter vers l’apprentissage, se formant dans un premier temps à la cordonnerie puis à d’autres spécialités. «Je voulais exercer un métier qui nécessitait de savoir coudre. J’ai obtenu mon diplôme au bout de deux années. Je suis parti au service militaire et, en rentrant, j’ai appris le métier de bourrelier, puis celui de tapissier garnisseur», explique Sébastien Godart.

Ce dernier a exercé son art, ou plutôt ses arts, dans plusieurs régions. Un parcours qui lui a permis d’explorer de multiples domaines d’activité. Réparation de chaussures et d’objets en cuir, réfection de sellerie de voitures, de bateaux ou de camions…, il a passé en revue une multitude d’applications de ses talents.

Revenu dans le Nord-Pas-de-Calais depuis quelques années, Sébastien Godart a rencontré des difficultés pour retrouver du travail dans sa branche. «J’ai trouvé un boulot de commercial. Ensuite, on m’a proposé un emploi dans mon secteur de prédilection, mais bien souvent il s’agissait de productions en grandes séries, à la chaîne. Or, je me définis avant tout comme un artisan. J’accorde beaucoup d’importance aux gestes et au doigté. C’est important de sentir le contact avec la matière. Je travaille comme les anciens, mes machines sont vintage et datent pour la plupart d’avant la première moitié du XXe siècle.»   

 

Vision rustique du métier. Tarabusté par l’idée de créer son entreprise, c’est presque naturellement qu’il a sauté le pas et ouvert sa  propre enseigne en mai 2012. Un changement de maison a précipité le mouvement. «Nous avons emménagé dans une autre demeure. Elle disposait de dépendances et donc de suffisamment de place pour équiper un atelier. D’ailleurs, je stockais des machines chez mes parents depuis des années à cet effet…», précise Sébastien Godart.      

La cordonnerie constitue l’activité d’appel de son enseigne. Il s’agit, en effet, d’un service de proximité et dans le village de Camblain-l’Abbé mais aussi dans les communes environnantes. Les habitants sont tout heureux de pouvoir recourir aux compétences de Sébastien Godart : «Les personnes âgées sont satisfaites car elles constatent que je suis à l’écoute. Par conséquent, elles savent qu’elles peuvent me demander de petits ajustements, des petits réglages. Par ailleurs, j’effectue des livraisons à domicile qui conviennent aux gens qui travaillent la journée et qui rentrent tard.»   

 

Un sens créatif indéniable. Les premiers mois se sont avérés délicats car, dans un premier temps, il a fallu se faire connaître. Progressivement, Sébastien Godart s’est constitué sa clientèle et celle-ci ne cesse de s’étoffer. Une bonne intégration au tissu économique local en reste une des raisons majeures, comme l’indique notre homme : «J’ai été bien accueilli par les commerçants et artisans du territoire. On s’entraide, on échange. Je participe aussi aux événements commerciaux locauxLe web a représenté un excellent allié pour cibler ma communication.»    

Dans son quotidien, il peut aussi exprimer son savoir-faire en tant que bourrelier et tapissier garnisseur. Sur ces aspects, les commandes dépassent largement l’échelon local, et proviennent de toute la France.

Il n’est pas rare que des propriétaires de bateaux ou voitures de collection le sollicitent afin de rénover des sièges. D’autres font appel à ses services afin de customiser une assise. C’est le cas de routiers notamment.

De plus en plus d’adeptes du caravaning viennent aussi à sa rencontre, constate-t-il : « J’ai l’exemple récent d’un couple de passionnés qui m’ont contacté afin que je restaure un vieil auvent. Le bouche à oreille a ensuite fonctionné. Des professionnels s’intéressent aussi à ce que je fais et commencent à rediriger des clients vers moi.»   

Des demandes incongrues affluent régulièrement et, à chaque fois, Sébastien Godart les considère comme un nouveau challenge à relever. Ainsi, un client l’a sondé il y a plusieurs semaines sur la possibilité de confectionner une capote pour équiper un scooter. Pour un autre, il a réalisé un harnais pour maintenir un saxophone… Bref, le spectre d’application de ses talents se veut large et Sébastien Godart souhaite cultiver cette force.