Un congrès paisible après une année « atypique »

L’association des maires du Pas de Calais a tenu son congrès à Arras le samedi premier octobre. Une journée qui a permis à quelque 300 maires du département de se retrouver et d’échanger sur leurs problématiques, et leurs inquiétudes sur l’avenir des communes.

 

Ils étaient environ 300 maires du Pas-de-Calais à voir fait le déplacement à Arras, pour assister à leur congrès annuel. Lors de son discours, le nouveau président de l’association, André Flajolet, a avant tout tenu à revenir sur ce qui a été une année « atypique, exceptionnelle », depuis l’annulation, l’an dernier, du congrès national de l’association des maires de France, qui devait se tenir au lendemain du 13 novembre. Tout au long de l’année, le contexte national a évidemment beaucoup pesé sur les maires, premier maillon de la sécurité de leurs administrés. Mais l’année a aussi été atypique pour l’AMF62, confrontée à un casse-tête réglementaire. Avec la démission de Jean-François Rapin, devenu sénateur, l’association s’est en effet retrouvée dans une situation inédite, et non-prévue par les textes. Si l’élection d’André Flajolet a pu néanmoins être organisée, la première urgence de ce congrès a donc été de voter la révision des textes et des statuts de l’association, qui devraient désormais permettre de parer à toute éventualité à l’avenir. Un texte qui a été voté à l’unanimité par les maires en présence, tout comme la proposition de changement de nom de l’association, désormais baptisée « Association des maires et des présidents d’intercommunalité du Pas-de-Calais ».

Crispations sur l’intercommunalité. Une formalité, ce changement de nom. Mais il traduit bien l’évolution de la situation des communes, de plus en plus poussées, par l’Etat et par nécessité économique, à se rassembler au sein d’intercommunalités. Un sujet qui est souvent revenu sur la table au cours de la journée, lors des différents discours et débats qui ont rythmé le congrès. « Les Français sont extrêmement attachés à leur commune, qui à leur yeux les définit autant que leur nationalité, a ainsi souligné, dans son allocution, Pascal Perrineau, politologue invité pour le congrès Mais en ce qui concerne les intercommunalités, cette très forte identification se heurte à la faiblesse qui caractérise tous les corps intermédiaires en France, où ils souffrent d’un attachement très faible, voire inexistant. C’est le grand problème de ces collectivités, les gens ne savent pas ce que c’est, ni à quoi elles servent. L’intercommunalité peut être utile mais ne doit pas être subie, et si certains prétendent que l’on peut transformer demain nos 35900 communes en 1500 intercommunalités sont dans un délire complet. Il faut que les politiques soient prudents concernant le tissu communal, qui est robuste et qui est l’échelon idéal pour faire vivre la démocratie. Il faut faire attention aux réformes venant du haut, et décidées à la légère.» Une intervention très appréciée du public, dans l’ensemble inquiet des baisses de dotation de l’Etat, et parfois aux prises avec des intercommunalités ficelées à la hâte, et donc déséquilibrées. Présent en tant que sénateur, et non plus en tant que président de l’association, Jean-François Rapin a assuré les maires de sa vigilance en la matière. «En ce qui concerne les baisses de dotations, il faut arrêter de charger la barque, et faire une pause, le temps de mettre en application ce qui a déjà été voté, » a estimé le sénateur LR. Un point de vue partagé par le sénateur communiste Dominique Watrin. « La baisse continue des dotations publics a un impact très important en termes de services rendus à la population, mais aussi en terme d’investissements. Cette baisse n’est pas compensée par les intercommunalités, et a un impact très direct sur les emplois dans le secteur du BTP, ou sur la vitalité du tissu associatif. Il ne doit pas y avoir de nouvelles baisses de dotations, et on doit revenir aux niveaux de2013, a plaidé le sénateur. Et l’argent est disponible ! Il suffirait de revenir sur la gabegie financière que représente le CICE, par exemple. C’est 18 milliards consentis en 2016 aux entreprises, 19 milliards prévus pour 2017, de l’argent qui a été pour la majeure partie capté par des entreprises qui n’en avaient pas besoin. Ça revient à 300.000€ investis par emploi créé. Il est urgent de restreindre la cible du CICE, pour qu’il atteigne les entreprises qui en ont vraiment besoin, et de réduire son périmètre à 9 ou 10 milliards. Le reste pourrait très bien être transférer pour remonter le niveau des dotations aux communes. » Un discours qui ne sera peut-être pas entendu au plus haut de l’Etat, mais qui a sans aucun doute fait mouche auprès des 892 maires des communes du Pas-de -Calais.